Football : « Si on ne diminue pas les charges salariales, il n’y aura pas de miracle »
Confronté à une double crise, sanitaire et financière (matchs à huis clos et retrait du diffuseur Mediapro), le football français entame, mardi 12 janvier, à 14 heures, des négociations avec le syndicat des joueurs, l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP), pour tenter d’obtenir un accord-cadre, préambule obligatoire avant toute éventuelle baisse des salaires. Jean-Pierre Caillot, le président du Stade de Reims, sera l’un des représentants de la délégation « patronale ».
Pourquoi vouloir discuter des salaires maintenant ? La situation des clubs est-elle aussi dramatique ? Les faillites dans le football français restent rares…
J’ai souhaité que cette réunion se fasse une fois que le contrat avec Mediapro a été rompu. J’espérais avoir le plus d’éléments possible avant. J’espérais aussi que la Ligue ait déjà trouvé un nouveau diffuseur, mais ça sera a priori plus long que prévu. Le spectre des discussions va des reports de rémunérations jusqu’aux baisses. Cela s’appelle du dialogue social.
Aujourd’hui, nous sommes confrontés à la prolongation du huis clos et à la défaillance de notre diffuseur. Il est opportun de se remettre autour d’une table. Nos revenus sont de zéro en billetterie et en hospitalité, il manque 600 millions d’euros sur les droits télévisuels et pourtant nos charges sont à peu près identiques, puisque la charge principale est la masse salariale. A Reims, elle représente environ 60 % du budget, 55 % à 65 % en moyenne pour les clubs.
Vous parlez de faillites. Les dernières au Mans, à Sedan ou à Bastia étaient liées à des mauvaises gestions. Là, je le répète, nos revenus stade sont à zéro à cause de la crise sanitaire et seulement 41 % des droits télévisuels sont sécurisés. Concrètement pour mon club, j’avais budgétisé pour ce poste 35,458 millions d’euros et ce ne sont que 14,674 millions d’euros qui tombent. Ce n’est pas lié à de la mauvaise gestion.
Si la pandémie n’est pas du ressort du football français, l’erreur du choix de Mediapro l’est bien…
Lorsque j’ai rencontré le président Macron l’année dernière, il m’a également fait cette remarque : en gros, « vous avez cru au Père Noël ». Je rappelle que le contrat des droits TV 2016-2020 était de 816 millions d’euros et que même sans Mediapro, nous aurions flirté avec le milliard. Et puis, quand on les a choisis, Mediapro n’avait rien d’une coquille vide. Les avocats et les conseils qui accompagnent la Ligue ont tous considéré que le dossier était sûr. C’est facile d’être donneur de leçons après.
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