Ferroviaire : les PME du fret se disent étranglées par la SNCF
Appelons-le Bruno. L’homme est un micro-patron, opérateur d’une toute petite entreprise de fret ferroviaire installée dans l’est de la France. Bruno est aux abois. Sa structure de moins de dix salariés et de moins de 5 millions d’euros de chiffre d’affaires va devoir, affirme-t-il, déposer le bilan. « On nous coupe les pattes, se désespère l’entrepreneur. Sur l’ensemble de mes pertes imputables à la grève des cheminots contre la réforme ferroviaire, ce printemps, – soit plus d’un quart de mon chiffre d’affaires –, SNCF Réseau me rembourse à peine 10 %. »
Dans ce secteur du fret ferroviaire, Bruno n’est pas le seul à souffrir depuis le mouvement sans précédent contre le pacte ferroviaire. Si tous les opérateurs de fret privés ne sont pas, comme Bruno, acculés à la faillite, tous ont subi de cruelles pertes d’exploitation qui risquent de les fragiliser durablement. Et tous ont le regard rivé sur les ultimes négociations de leurs représentants avec la SNCF à propos du montant final des compensations que pourrait leur verser le groupe public ferroviaire, des sommes cruciales pour l’avenir des petits acteurs du fret.
Pour comprendre la situation, remontons au problème : le mouvement social contre la réforme ferroviaire, soit trente-six jours de grève étalés entre la fin mars et la fin juin. Les trains de fret ont subi des annulations de parcours par dizaines. Et le mode opérationnel du mouvement – deux jours tous les cinq jours – a perturbé les circulations, y compris les jours de non-grève. Fret SNCF et ses concurrents privés – le marché du transport ferroviaire de marchandises est ouvert en France depuis 2003 – ont particulièrement souffert.
Dans le fret privé, on distingue deux catégories d’acteurs
L’Association française du rail (AFRA), qui représente les opérateurs ferroviaires alternatifs à la SNCF, s’est alors rapidement tournée vers SNCF Réseau, l’entité de la SNCF qui gère les rails, attribue les droits de circulation…