« Faut-il sauver chaque entreprise à tout prix ou considérer que la disparition de certaines d’entre elles fait partie du cycle économique ? »

« Faut-il sauver chaque entreprise à tout prix ou considérer que la disparition de certaines d’entre elles fait partie du cycle économique ? »

Tribune. La crise sanitaire et son impact économique ont conduit le gouvernement à déployer une impressionnante batterie de mesures pour aider les entreprises : diminution des coûts de fonctionnement par le chômage partiel, report des échéances fiscales, interruption du recouvrement des loyers impayés, rééchelonnement des dettes, prêts rebond…

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Ces mesures, qui représentent au total plus de 110 milliards d’euros, semblent avoir porté leurs fruits : au troisième trimestre, l’Insee nous apprend que l’activité est revenue à 95 % de son niveau d’avant-crise.

Cette apparente bonne nouvelle cache en réalité d’importantes disparités. Certains secteurs restent sinistrés : l’hôtellerie-restauration est encore lourdement affectée (78 % de son niveau d’avant-crise), tout comme le transport (80 %) et la fabrication de matériels de transport (83 %). Le redressement global de notre économie, portée par des secteurs en pleine expansion comme le numérique, ne doit pas occulter le risque de faillite de secteurs entiers, aujourd’hui à la peine.

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De plus, les PME ont particulièrement souffert : 43 % de la perte globale de volume d’activité a été subie par des entreprises de moins de 20 salariés, 45 % par les entreprises de 20 à 249 salariés. Le risque est grand que les PME, qui représentent 59 % des salariés concernés par le chômage partiel, peinent à redémarrer et soient contraintes de mettre la clé sous la porte. La confiance, élément central de la reprise, ne semble pas non plus être au rendez-vous, puisque 91 % des dirigeants de PME anticipent une baisse importante de leur chiffre d’affaires.

Alors que faire ? Faut-il sauver chaque entreprise à tout prix ou considérer, au contraire, que la disparition de certaines d’entre elles fait partie du cycle économique, en vertu du principe bien connu de la destruction créatrice ? La bonne réponse est, comme souvent, dans un entre-deux.

Gare aux mesures contre-productives

L’Etat doit assumer ses responsabilités. Parce que la situation économique actuelle est aussi la conséquence de sa gestion de la crise, le gouvernement doit soutenir fermement les entreprises en difficulté et les aider à reprendre leurs investissements – ce qui est la meilleure façon de générer des profits et de l’emploi. Pour cela, il faut garantir le maintien des mesures d’amortissement le plus longtemps possible, de manière d’abord large puis en se restreignant aux secteurs les plus en difficulté. Bien sûr, il n’est pas question de maintenir éternellement notre économie sous perfusion : ces mesures ont vocation à cesser, une fois que les entreprises auront recouvré un certain niveau d’activité.

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LJD

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