« Faire équipe » : une injonction paradoxale ?

« Faire équipe » : une injonction paradoxale ?

L’équipe n’est pas un groupe comme un autre. Elle est souvent confondue avec le groupe ou le collectif de travail, alors que des distinctions s’imposent, en théorie et en pratique, selon les psychologues Gilles Amado et Paul Fustier.

Par Publié aujourd’hui à 06h00

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« Faire équipe », de Gilles Amado et Paul Fustier. Erès, 336 pages, 16 euros.
« Faire équipe », de Gilles Amado et Paul Fustier. Erès, 336 pages, 16 euros.

Le livre. Le succès des formations au « team building » montre à quel point les responsables souhaitent qu’un esprit d’équipe naisse le plus rapidement possible. Le destin de ces formations risque pourtant d’être précaire : une équipe peut difficilement être appréhendée hors contexte et hors diachronie. Qu’est-ce que ce mot générique, « l’équipe » ? « L’histoire institutionnelle et organisationnelle est là, qui infiltre nécessairement l’ici et maintenant des situations pour constituer des repères fondateurs et énergisants, ou être invoquée au contraire pour maintenir le statu quo », rappellent Gilles Amado et Paul Fustier (décédé en 2016) dans Faire équipe (Erès).

L’ouvrage collectif réalisé à partir de textes publiés dans le n° 14 de la Nouvelle revue de psychosociologie, sous la direction du professeur émérite de psychologie à HEC Paris et de l’ancien professeur de psychologie à l’université Lumière-Lyon-II, se penche sur la spécificité de la notion d’équipe, mais aussi sur ses limites et ses paradoxes. Comment se combinent l’accomplissement de la tâche et les liens qui se nouent entre les membres de l’équipe ?

L’équipe n’est pas un groupe comme un autre. Elle est souvent confondue avec le groupe ou le collectif de travail, alors que des distinctions s’imposent aussi bien théoriquement que dans la pratique. Une équipe n’existe pas d’emblée, elle est à construire et, une fois construite, à réguler de l’intérieur et/ou à l’aide d’intervenants extérieurs. Dans ce cas, une telle intervention ne conduit-elle pas à disqualifier le responsable de l’équipe lorsqu’il y en a un ?

Le cas des navigants aériens

Dans un monde où l’évaluation individuelle du travail se trouve exacerbée, où la tâche primaire est trop souvent mise au service de procédures fétichisées, l’appel à l’équipe ne représente-t-il pas une injonction paradoxale ? Et que faire lorsque la cohésion groupale s’exerce au détriment de l’individuation, lorsqu’elle menace le processus de pensée et le libre arbitre ? Les sectes en représentent l’exemple extrême. « En retrouverait-on des traces dans les relations qui se créent entre certains managers et directeurs d’institutions et les équipes dont ils ont la charge ? »

Le livre éclaire ces questions portant sur les problématiques psychiques, culturelles, sociales, économiques qui traversent l’équipe à l’aide de réflexions multiples. Les auteurs des articles, psychosociologues, psychanalystes, entraîneurs et praticiens du social, dévoilent les processus de l’équipe à travers des terrains aussi variés que les institutions de soin ou l’équipe de France de handball.

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LJD

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