« Face à la crise durable qui s’annonce, acceptons de payer nos salariés tous les quinze jours »

« Face à la crise durable qui s’annonce, acceptons de payer nos salariés tous les quinze jours »

Tribune. Beaucoup d’entreprises ont souffert pendant la pandémie. Leur écosystème de fournisseurs, de partenaires et de clients était à l’arrêt forcé. Les consommateurs n’allaient plus dans les magasins et, malgré ses performances, l’e-commerce n’a compensé qu’une partie de ce manque à vendre. Pour toute l’économie, il est indispensable que la consommation reparte et, si possible, bien sûr, la consommation de produits français au service de l’emploi en France.

Les entreprises auront un rôle majeur à jouer et elles ont l’opportunité de faire des gestes pour soutenir la consommation. Peuvent-elles augmenter les salaires ? Pour la plupart d’entre elles, la réponse est malheureusement évidente. C’est non. La crise qui commence va mettre les entreprises sous une terrible pression financière et l’explosion attendue du chômage va au contraire tirer les salaires à la baisse.

Et pourtant, les entreprises peuvent faire un geste simple. Comment ? En consolidant dans le temps le pouvoir d’achat de leurs salariés. Aujourd’hui, en France, tous les salariés consentent une avance de trésorerie à leur entreprise. Le salarié, qui est payé uniquement à la fin du mois de travail, fait crédit d’une partie de son salaire pendant quatre semaines à son entreprise. Il travaille pendant un mois et n’est payé qu’à la fin du mois. Alors que, dans toute une partie de l’économie, les travailleurs, les artisans par exemple, sont payés à chaque fois qu’ils travaillent.

Coupons la poire en deux. Face à la crise durable qui s’annonce, soyons des dirigeants activistes, acceptons, dans les entreprises qui peuvent se le permettre, de payer nos salariés tous les quinze jours. Et, pour commencer, concentrons cette initiative sur tous les salaires inférieurs à trois fois le smic brut, car c’est dans cette catégorie de revenus que les salaires sont les plus « consommés ». La pression se relâchera sur les trésoreries individuelles. Les frais ponctionnés par les banques – environ 4 milliards d’euros par an – serviront à autre chose et pourront aussi être réinjectés dans la consommation.

Fragilité chronique

N’oublions pas que le salarié modeste, celui dont la rémunération est proche du smic, vit une fragilité chronique qui peut basculer à tout moment dans la précarité. Etre payé plus souvent, c’est être mieux en mesure de limiter la ponction bancaire liée aux découverts bancaires. Environ 20 % des familles françaises ont chaque mois des comptes courants dans le rouge avec, à la clé, des découverts dont les intérêts dépassent parfois 15 %. Il existe là d’immenses réserves de pouvoir d’achat.

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LJD

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