« Eviter la casse sociale » : le fabricant de meubles « made in France » Demeyere en redressement judiciaire

« Eviter la casse sociale » : le fabricant de meubles « made in France » Demeyere en redressement judiciaire

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Publié aujourd’hui à 10h11

C’est un véritable ballet de chariots élévateurs, qui tournoient au milieu des 45 000 mètres carrésde l’usine de fabrication de meubles en kit Demeyere, à Pérenchies, dans le Nord. Au lendemain de l’annonce, jeudi 2 décembre, par le tribunal de commerce de Lille, du placement en redressement judiciaire de cette entreprise familiale et centenaire, les salariés étaient inquiets, mais continuent de produire tables, meubles, armoires ou chambres à coucher pour leurs clients, essentiellement Conforama, But et Leroy Merlin. « C’est dur, mais on a un vrai attachement pour cette entreprise, confie Arnaud Bossard, contremaître et salarié de l’usine depuis trente-trois ans. Il y a un esprit familial ancré dans ces murs. »

A l’usine de fabrication de meubles en kit Demeyere, à Pérenchies (Nord), le 3 décembre 2021.

Demeyere Group, c’est 750 collaborateurs qualifiés sur cinq sites de production : quatre dans le Nord (640 salariés) et une usine de production à Nersac, en Charente (110 salariés). Avant la crise due au coronavirus, près de 3,6 millions de meubles étaient vendus chaque année à travers 34 pays. Bel exemple du « made in France », l’entreprise a été créée par Lucien Demeyere, menuisier ébéniste, en 1909, dans la métropole lilloise. En 1960, son fils Pierre permet à la société de devenir le précurseur de la fabrication du meuble en kit. « Les premières difficultés sont arrivées en 2017 avec Conforama, client majeur du groupe », raconte le nouveau directeur général, Jean-Marc Bailleux, arrivé le 5 juillet.

A l’arrêt brutal de l’activité, dû à la crise sanitaire, s’est ajoutée la flambée des prix des matières premières et des coûts de transport

En 2019, Conforama, dans la tourmente, supprime 1 900 emplois. Mais, pour les syndicats de Demeyere, la situation financière délicate actuelle du groupe a démarré dès 2012. « Depuis dix ans, on ne fait plus de bénéfice, expliquent Bernard Vereecke, délégué CFE-CGC et Mickaël Dhooge, délégué FO. En 2012, les deux frères Demeyere se sont écharpés autour de la stratégie. »

Chiffre d’affaires en chute

Bernard Demeyere, emblématique patron du groupe depuis trente et un ans, avait cédé, à 65 ans, sa place à son jeune frère Frédéric. Après un premier plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), celui-ci lançait la nouvelle stratégie du « fast furniture », en mettant l’accent sur la réactivité, la qualité, le design, l’innovation et le service client. « Et puis, on a changé à nouveau de stratégie en 2019, après un nouveau plan social, et un manageur de transition a été nommé, juste avant la crise sanitaire », déclarent, en soupirant, les délégués syndicaux. « C’est lui qui a mis le second pied de l’entreprise dans le précipice, dénonce Thierry Delporte, délégué CFDT. On n’a jamais eu autant de burn-out qu’à ce moment-là. »

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