Entrepreneurs dans les quartiers populaires : « Ce qui nous sauve, c’est l’entraide »

Entrepreneurs dans les quartiers populaires : « Ce qui nous sauve, c’est l’entraide »

Sur le Vieux-Port de Marseille, deux personnes saluent en respectant les gestes barrières pour lutter contre la propagation de l’épidémie de Covid-19, le 17 mai.

Chaque semaine pendant le confinement, une dizaine d’entrepreneurs issus des quartiers populaires se sont donné rendez-vous par visioconférence pour des séances express d’une demi-heure. L’objectif : « Se soutenir, s’aider, régler les problèmes les plus urgents », raconte Oilid Mountassar, 42 ans. Consultant indépendant en excellence opérationnelle, il est à l‘origine du collectif Give and Receive, à Marseille, destiné à « renforcer notre écosystème, nos réseaux de solidarité ».

En pleine crise sanitaire liée au Covid-19, ils ont consacré leur énergie au succès de la plate-forme de soutien scolaire lancée cinq mois plus tôt par l’un d’eux, Ilias El-Gabli, 26 ans, fondateur de Trouve ton prof. Les écoles fermées, les parents démunis : le projet collait à la période. « Le projet d’Ilias est celui qui avait le plus de potentiel à ce moment-là, on s’est d’abord concentrés sur celui qui pouvait réussir », explique M. Mountassar.

« Ça n’a pas suffi »

L’entrepreneur évoque les difficultés rencontrées par les « minorités économiques exclues des grands réseaux influents » qui peinent à se faire une place dans la « start-up nation » chère à Emmanuel Macron, « à 85 % blanche et masculine et souvent sortie des grandes écoles ». La crise qui s’annonce ne devrait pas arranger les choses.

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Il y a quatre ans, une étude du cabinet de conseil Roland Berger et de l’incubateur Numa, sur la base de 375 start-up interrogées, révélait que près de la moitié des fondateurs seraient diplômés d’une grande école, pour moitié d’une école de commerce et pour l’autre, d’une école d’ingénieurs. « Le système ne mise pas gros sur nous », regrette M. Mountassar.

Ilias El-Gabli, diplômé en ingénierie mécanique de La Sorbonne, à Paris et ancien cadre au sein du groupe Safran, a présenté son projet à sept banques avant d’en trouver une qui accepte de lui prêter 40 000 euros. « J’ai fait une grande université, travaillé dans une grande entreprise internationale, mais ça n’a pas suffi », commente le jeune homme de Cergy (Val-d’Oise), fils d’un professeur de maintenance industrielle et d’une mère au foyer.

Trouve ton prof met en relation des personnes en capacité de donner des cours et celles qui sont à la recherche de soutien scolaire à des tarifs raisonnables : entre 10 et 20 euros de l’heure. Durant le confinement, il a fallu repenser son offre et son modèle économique. Proposer des cours à distance ? « Oui, mais comment ? » Ouvrir la plate-forme aux bénévoles pour offrir des cours gratuits ? « Oui, mais comment l’expliquer aux professeurs payants ? » Changer de modèle économique postconfinement ? « Oui, mais comment se rémunérer ? » « Grâce à nos réunions, on a trouvé les solutions », se réjouit M. El-Gabli.

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