En Moselle, la très lente reconversion des friches sidérurgiques

170 millions d’euros d’investissement, 500 emplois créés à terme dans les secteurs de la logistique, de la production d’énergie verte et de la recherche. En dévoilant son projet de reconversion de la partie nord de l’ancienne aciérie de Talange-Hagondange (Moselle), le groupe alsacien Beck a redonné de l’espoir au bassin d’emploi.
Pourtant, dans les allées du marché du vendredi, à Hagondange, il n’y a pas d’euphorie. Comme souvent, ici, « on attend de voir ».
En Lorraine, la reconversion des friches industrielles est un défi qui occupe élus et fonctionnaires depuis une bonne cinquantaine d’années. Dans cette aventure, il y a eu de nombreux mirages et espoirs déçus. Le site de l’aciérie de Talange-Hagondange est à ce titre emblématique. Bâtie par l’industriel Thyssen au début du XXe siècle, l’aciérie a été la plus importante d’Europe. Spécialisée en produits longs, elle était l’une de ces nombreuses cathédrales qui dessinaient la ligne d’horizon du Texas lorrain.
« Au début des années 1980, c’était la première usine de cette envergure à fermer en France, se souvient le maire de Talange, l’ancien sénateur Patrick Abate (Parti communiste français). A l’époque, ce n’était pas forcément un choc social car la sidérurgie avait mis beaucoup d’argent dans des dispositifs de départs avantageux. En revanche, le choc psychologique était violent. Cette première fermeture, c’était un symbole. »
« Ce parc avait suscité un tel espoir »
L’Etat-providence mitterrandien promet alors une intervention puissante pour offrir une reconversion. Le projet retenu ne sort pas de l’esprit d’un énarque ou d’un polytechnicien. Mais de l’imagination de deux commerçants hayangeois qui rêvent d’implanter ici un Disneyland à la française. Des dizaines de millions de francs sont alors débloquées, de grandes entreprises publiques mobilisées. C’est la naissance de l’un des premiers grands parcs d’attractions de France, Big Bang Schtroumpf, inauguré le 9 mai 1989… Et en faillite seulement deux ans plus tard !
Ce qui devait être le symbole de la reconversion industrielle illustrait en fait les difficultés qui s’annonçaient en la matière
Depuis, le parc a changé de nom et de propriétaires plusieurs fois, sans jamais approcher de l’objectif des 1,8 million de visiteurs et 1 000 emplois directs promis. En 2019, avant la crise sanitaire du Covid-19, à peine 300 000 personnes avaient visité le complexe, rebaptisé Walygator Grand-Est. « Ce parc avait suscité un tel espoir, se souvient Patrick Abate. Je me souviens de discussions avec des collègues au cours desquelles on se demandait s’il ne fallait pas élargir les places de nos parkings, pour pouvoir accueillir les grosses voitures des Américains… »
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