En montagne, les saisonniers se font désirer
Réceptionniste, serveur, chef de cuisine, vendeur de produits régionaux ou d’articles de sport, pharmacien, agent technique, skiman, chauffeur, concierge, employé de ménage, conseiller en séjour, animateur jeunesse, plongeur, glacier pour la piste de bobsleigh, magasinier, valet de chambre, animateur sportif, boulanger, esthéticienne, praticienne spa, pizzaïolo, veilleur de nuit, agent d’aide au stationnement, manageur de chalet, sommelier.
Il faut de tout pour faire une station et, à quelques jours de l’ouverture, elles manquent de tout. A Courchevel, où le plus grand domaine skiable du monde, Les Trois-Vallées, ouvre ce samedi 4 décembre, le site de recrutement de la mairie recensait, quatre jours plus tôt, pas moins de 229 annonces.
Employeurs et municipalités évaluent de 5 à 10 % la part de postes encore non pourvus. « Ça a été très laborieux, très compliqué, explique Jean-Luc Boch, maire (LR) de La Plagne et président de France Montagnes, qui regroupe les acteurs de l’industrie des sports d’hiver. Le passe sanitaire et l’incertitude sur l’ouverture des remontées mécaniques sont entrés dans l’équation. Et l’effet psychologique de la crise aura des conséquences durables. »
« Difficultés sans précédent »
Les stations de sports d’hiver n’échappent pas à la pénurie de main-d’œuvre qui gagne de nombreux secteurs. Cette économie saisonnière propose en quasi-totalité des contrats courts et mal rémunérés et des journées bien remplies, contre la promesse d’une vie extraprofessionnelle riche en rencontres et sensations fortes.
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Environ la moitié des postes sont dans l’hôtellerie-restauration, où les difficultés de recrutement sont structurelles. Nicolas Chatillon, directeur du groupe d’hôtels et chalets haut de gamme Les Etincelles, note des « difficultés sans précédent à attirer des saisonniers dotés d’une expertise et d’expérience », avec la fuite de certains habitués vers d’autres destinations où la saison touristique semblait initialement moins compromise. « Mais, depuis deux semaines, la demande revient », nuance-t-il.
Après une saison sans remontées mécaniques et un monde du travail chamboulé par le Covid-19, les difficultés se sont étendues à d’autres secteurs. La commune de La Plagne, par exemple, a eu des difficultés à recruter pour sa police municipale, sa régie de transports ou ses crèches.
La quasi-totalité des contrats proposés sont logés et les postulants sont désormais en mesure de poser quelques exigences
Sur les groupes Facebook de saisonniers, les candidats ne restent pas longtemps sans réponse. Les propositions pleuvent, du petit restaurant à la chaîne de sport en passant par les grands groupes comme Village Vacances France (VVF) ou le Club Med, dont les comptes officiels se glissent dans les commentaires Facebook. La quasi-totalité des postes proposés sont logés − pas forcément sur place − et les postulants sont désormais en mesure de poser quelques exigences.
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