En Inde, la colère gronde dans les filatures de jute

En Inde, la colère gronde dans les filatures de jute

Les longues tiges de jute ont été rassemblées en forme de huttes dans les terres immergées. C’est la période du rouissage, autrement dit de la macération, qui facilite la séparation de l’écorce filamenteuse d’avec la tige. Sous les pluies de mousson, de l’eau jusqu’à la taille, des femmes retirent les parties fibreuses, qui seront ensuite transportées jusqu’à terre pour être séchées le long des routes et des villages. La saison du jute, fin août, bat son plein dans le delta du Bengale, dans le nord-est de l’Inde. Avec son climat tropical, la région est propice à la culture de cette fibre naturelle, robuste, biodégradable, utilisée notamment dans la confection de sacs. Des particularités qui en font une solution idéale de remplacement au plastique. D’autant plus qu’il ne réclame quasiment pas d’engrais et recycle du carbone.

Concentrant les trois quarts de la production nationale de jute, l’Etat du Bengale-Occidental est le poumon du secteur en Inde, premier producteur mondial, devant le Bangladesh. Et, dans les filatures, qui emploient entre 250 000 et 300 000 ouvriers, la colère gronde. La filière traverse une crise sociale sans fin, depuis plusieurs décennies, poussant régulièrement les syndicats dans les rues de Calcutta, la capitale de l’Etat, pour réclamer de meilleures conditions de travail et de rémunération.

Le jute est semé avant la mousson et récolté pendant celle-ci, à Bortir Beel, au nord-est de Calcutta (Inde), le 28 aouût 2025.
Un cultivateur de jute transportant les tiges séchées, à Bortir Beel, le 28 août 2025.

La dernière manifestation remonte au 29 août. « Des millions de travailleurs sont confrontés à une extrême précarité. Leur vie est menacée par la négligence des patrons d’usine et par les politiques anti-ouvrières de la classe dirigeante, assène Gargi Chatterjee, l’une des responsables du syndicat Bengal Chatkal Mazdoor Union, et l’une des rares femmes dans ce milieu d’hommes. Et les gouvernements central et régional restent indifférents aux problèmes des travailleurs. »

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LJD

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