En Espagne, la création de contrats à durée indéterminée bat des records

En Espagne, la création de contrats à durée indéterminée bat des records

Le propriétaire du restaurant « Taberna Andaluza », Pablo Gonzalez, sert des clients, à la plage de Levante à Benidorm, le 7 juin 2022.

En vingt ans d’expérience dans la restauration, jamais avant ce mois de juin Daniel Pardo n’avait été embauché en contrat à durée indéterminée (CDI). « La plupart du temps, on me faisait enchaîner des contrats de travaux et services, souvent à mi-temps, même quand je faisais douze heures par jour en partie payées au noir, et rompus pendant les périodes d’inactivité. Cela explique que je ne cumule que trois ans de cotisations sociales à temps plein, alors que j’ai toujours travaillé… », explique ce serveur espagnol de 37 ans. En juin, il a signé son premier CDI, un « contrat fixe discontinu » de quarante heures hebdomadaires, avec deux jours libres par semaine et un « bon salaire », au-dessus de celui que marque la convention collective, dans un bar de la station balnéaire de Benidorm, le Gaztelutxo, dans la région de Valence.

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Six mois après l’entrée en vigueur de la dernière réforme du travail en Espagne, qui a restreint drastiquement la possibilité pour les entreprises d’avoir recours à des contrats temporaires, le nombre de CDI ne cesse de battre des records, mois après mois. En juin, 780 000 CDI ont été signés, du jamais-vu dans toute la série statistique. Au total, durant le premier semestre, ce sont près de 3,2 millions de contrats à durée indéterminée et près de 700 000 emplois net qui ont été créés. Le chômage, lui, est passé, en mai, sous la barre des 3 millions, pour la première fois depuis 2008. Et alors que les contrats temporaires – à durée déterminée, saisonniers, occasionnels ou journaliers – représentaient, jusqu’alors, 90 % des nouveaux contrats signés chaque mois, ils ne constituent plus qu’environ 55 % du total.

Marché du travail dépendant du tourisme

« Juin était un mois de surexposition aux contrats temporaires. C’est un phénomène qui s’est rompu cette année. C’est l’effet le plus immédiat de la réforme du travail », a insisté le secrétaire d’Etat à l’emploi, Joaquin Pérez Rey, le 4 juillet. « La solidarité et la justice sociale sont deux clés de la politique économique pour répondre à la crise de manière efficace, mais aussi équitable », a souligné le chef du gouvernement, le socialiste Pedro Sanchez. « Dans un contexte d’incertitude marqué par la guerre en Ukraine et l’inflation, le marché du travail apporte stabilité et force », a renchéri, sur Twitter, la ministre du travail, issue de la formation de gauche radicale Unidas Podemos, Yolanda Diaz.

Face à la précarité de l’emploi, perçue comme une fatalité, liée à un marché du travail très dépendant du tourisme (27 % d’emplois temporaires avant l’approbation de la loi, contre 13,5 % en moyenne dans l’Union européenne), le gouvernement de gauche a trouvé une solution. Utilisés massivement dans le secteur de la construction, mais aussi de l’hôtellerie, les contrats pour travaux et services, dont la fin pouvait donc être signifiée à tout moment, ont été éliminés. Les contrats pour circonstances de production ont été rendus plus coûteux pour les entreprises. Et les CDD ont été limités à six mois, renouvelables jusqu’à un an, pour éviter les abus.

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