En Belgique, le socialiste Paul Magnette prône « le bonheur » et les 32 heures

En Belgique, le socialiste Paul Magnette prône « le bonheur » et les 32 heures

Paul Magnette, à Charleroi, le 18 janvier 2024.

Dans un livre récent, il affirmait que l’un des enjeux actuels est de « réaffirmer le sens et la valeur du travail ». Lors du congrès préélectoral de son parti, dimanche 18 février à Bruxelles, le président du Parti socialiste (PS) francophone belge et bourgmestre de Charleroi Paul Magnette a surpris en précisant son propos : « L’idéal » à atteindre est, dit-il, la semaine de 32 heures en quatre jours. Sans baisse de salaire et avec des embauches compensatoires.

C’est un « mauvais signal à l’heure de la pénurie de main-d’œuvre et de la hausse des coûts liée à l’indexation automatique des salaires », a répliqué illico la Fédération des entreprises. En Wallonie, on compte 200 000 chômeurs et 120 000 postes de travail non pourvus, en raison principalement des carences du système éducatif.

Candidat au poste de premier ministre après les élections de juin, M. Magnette fixe la barre très haut, après avoir proposé de faire passer le salaire minimum à 2 800 euros – contre 2 080 euros actuellement – et suggéré l’octroi de jours de congé supplémentaires aux travailleurs, afin de leur permettre d’avoir « droit au bonheur », ce qui est, dit M. Magnette « ma marque du socialisme ».

Très applaudi

Même nuancé – « On n’y arrivera pas d’un coup, mais on doit faire de grands pas dans cette direction » –, le propos a été très applaudi par ses troupes. Il n’a, en revanche, pas enthousiasmé les partis de la droite et du centre flamands, avec lesquels le dirigeant du PS devrait, en toute hypothèse, négocier après les élections du mois de juin. Si, du moins, les résultats de sa formation sont à la mesure de ses ambitions : rester le premier en Wallonie et à Bruxelles, même si la gauche radicale entend lui tailler des croupières. D’ailleurs, cette proposition radicale sur le temps de travail est formulée alors que le nouvel adversaire du PS est le Parti… du travail de Belgique (PTB).

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Le camp des « nationalistes et conservateurs tapis dans l’ombre », selon les mots du dirigeant socialiste, ne goûte pas non plus son projet. « Travailler moins en gagnant la même chose ? Je peux vous assurer que ça ne fonctionne pas », a balayé Alexia Bertrand, une libérale, secrétaire d’Etat au budget. « Délire impayable », a tranché Egbert Lachaert, membre du même parti, l’Open VLD. « Un tiers de la population active de Wallonie ne travaille pas, mais le PS plaide pour moins de travail », a ironisé le nationaliste Bart De Wever.

Le ministre des finances, le chrétien-démocrate Vincent Van Peteghem, appelle pour sa part à un « discours honnête » sur « les énormes défis budgétaires » auxquels est confronté le pays. La Belgique, invitée notamment par la Commission européenne à « corriger sa trajectoire », devrait, selon les dernières estimations, trouver 40 milliards d’euros d’économies d’ici à 2031.

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LJD

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