En Aveyron, nouveau sursis pour la fonderie Sam
Les traits sont tirés, le visage fermé, les yeux rougis. « Je ne peux pas parler de soulagement », signale, d’emblée, au sortir de l’audience, Ghislaine Gistau, déléguée syndicale CGT de la Société aveyronnaise de métallurgie (SAM), située à Viviez (Aveyron). Sur le perron du tribunal de commerce de Toulouse, qui devait se prononcer ce vendredi sur l’intention de reprise portée par l’ancien patron de la fonderie Patrick Bellity, cette salariée prend le micro pour se faire entendre des salariés attentifs. « On laisse trois jours à Renault, jusqu’à mercredi 24 novembre, pour qu’il se positionne », rapporte-t-elle, des trémolos dans la voix. « Soit il accepte de s’engager et le tribunal donne du temps pour concrétiser l’offre. Soit, il refuse et le tribunal fixera, vendredi prochain, une nouvelle audience pour annoncer la liquidation sèche ».
Une décision inattendue qui laisse les salariés sous le choc. « Je ne sais pas quoi dire », témoigne du bout des lèvres Sandrine, les larmes aux yeux. « C’est terrible ». David Gistau, représentant CGT du personnel, lui, est gagné par la colère. « Ce n’est plus possible », s’emporte-t-il. « On veut du concret, sauver nos 340 salariés, leurs familles et notre territoire. On veut éviter des drames sociaux et on ne lâchera rien. »
Face à cette situation incertaine, les salariés de ce fabricant de pièces automobiles placé en redressement judiciaire en décembre 2019 puis en liquidation judiciaire avec poursuite d’activité jusqu’au 10 décembre, votent à l’unanimité, à main levée, le blocage de l’usine dès lundi, 5 heures du matin.
« Il faut faire de la Sam un exemple de relocalisation »
Pourtant, la veille, l’espoir animait encore les employés. Car M. Bellity, l’ancien dirigeant de la Sam jusqu’en juin 2016, obtenait le soutien financier de l’Etat, à hauteur de 5,5 millions d’euros, dont 4,5 millions d’euros sous forme de prêts. La région Occitanie s’était aussi montrée favorable à cette ébauche de reprise. Carole Delga, sa présidente PS, avait fait savoir au Monde qu’elle apporterait un soutien financier global de 3,3 millions d’euros.
Mais ces engagements sont conditionnés à l’accord du constructeur automobile Renault, le client quasi unique de la fonderie, qui doit fixer la feuille de route en volume de commande. En mai, le constructeur garantissait un volume d’activité de 40 millions d’euros de chiffre d’affaires jusqu’au printemps 2022 et le maintien de 250 emplois. « On veut que Renault respecte ses engagements », insiste Sébastien Lallier, délégué syndical CGT et secrétaire du comité social et économique. « On a été les premiers à produire des carters de qualité pour la Clio 5 hybride, livrés dans les délais. Et aujourd’hui, notre remerciement c’est ça ? Il faut faire de la Sam un exemple de relocalisation. »