Egalité salariale: « Il y a un travail énorme à accomplir »
A peine 3,5 % des entreprises de plus de 250 personnes vivent dans une égalité réelle, selon Muriel Pénicaud. La ministre du travail devait préseter un bilan, mardi 17 septembre, de la mise en marche de l’index de l’égalité professionnelle.
Un déclic s’est produit dans les entreprises pour diminuer les écarts de salaires entre les hommes et les femmes, mais il leur reste encore beaucoup de chemin à parcourir. C’est, en substance, le message délivré par Muriel Pénicaud, la ministre du travail, qui devait faire le point, mardi 17 septembre, sur la mise en application de l’index de l’égalité professionnelle.
Établie par la loi « avenir professionnel » du 5 septembre 2018, ce dispositif permet de comparer, au se in d’une même société, les situations en fonction du sexe des salariés. Il se présente sous la forme d’une note sur 100, élaborer à partir de cinq critères (écarts de rémunération, répartition des augmentations individuelles, etc.).
Premier enseignement : « la part des entreprises de plus de 250 personnes qui assurent une égalité réelle, attestée par une note de 99 ou de 100 sur 100, est faible, ajoute Mme Pénicaud. On en dénombre 167 sur les 4 772 qui ont publié leurs résultats. » Soit à peine 3,5 %. Parmi les sociétés cotées au CAC 40 et au SBF 120, aucune n’a obtenu les notes maximales « sur l’ensemble de leur périmètre ». « Il y a un travail énorme à accomplir », déclare Mme Pénicaud.
Les entreprises en « alerte rouge » (c’est-à-dire dont la note est inférieure à 75 sur 100) sont minoritaires : 18 % chez celles qui emploient plus de 1 000 personnes et 16 % pour celles qui ont entre 251 et 1 000 salariés. Elles doivent faire des « mesures correctrices » pour atteindre au moins la barre de 75 d’ici trois ans au maximum, faute de quoi des pénalités financières leur seront infligées.
« Le plafond de verre »
L’un des principaux réserves relevés porte sur le rattrapage salarial dont les femmes doivent bénéficier à leur retour de congé maternité si leurs collègues ont été augmentés durant leur absence. Une loi de 2006 prévoit, en la matière, des obligations extrêmement précises, mais « un tiers des entreprises de plus de 1 000 personnes ne les respectent pas », rapporte la ministre (un cinquième dans la catégorie des 251-1 000 salariés). Autre gros point noir : « le plafond de verre, qui empêche les femmes d’accéder aux postes de direction », ajoute Mme Pénicaud. La part de grands groupes où il y a au moins deux femmes parmi les dix collaborateurs les mieux rémunérés n’est que de 50 %. Les performances sont un peu meilleures dans les entreprises de 251 à un millier de salariés : chez 60 % d’entre elles, au moins deux femmes sont dans le Top 10 des plus gros salaires.
Aux yeux de la ministre du travail, la création de l’index de l’égalité professionnelle a initié une « dynamique ». « Beaucoup de chefs d’entreprise me disent – de bonne foi, la plupart du temps – qu’ils n’avaient pas pris la mesure de la situation et qu’ils sont désormais résolus à agir. Ils savent que c’est important, pour leur réputation et leur capacité à attirer des talents », mentionne Mme Pénicaud.
Presque la totalité des sociétés de plus de 1 000 personnes ont désormais publié leur index – ce qu’elles étaient tenues de faire depuis le 1er mars. Il subsiste tout de même des retardataires : dix-huit ont été mises en demeure de communiquer leurs résultats – avec, dans un cas, « une procédure de pénalité engagée » qui a porté ses fruits, puisque le patron concerné a finalement livré les données en question. Quant aux sociétés de 251 à 1 000 personnes, elles avaient jusqu’à 1er septembre pour calculer et diffuser leur index : 68 % d’entre elles sont dans les clous, les autres s’exposant à des relances de l’administration.