Egalité professionnelle femmes-hommes : « La soi-disant performance de la France n’a aucun fondement robuste »

Egalité professionnelle femmes-hommes : « La soi-disant performance de la France n’a aucun fondement robuste »

La France ferait mieux que les autres pays en matière d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. C’est du moins ce que divers médias annoncent à l’occasion de la parution du rapport 2024 du baromètre d’Equileap. Précisons ce dont on parle : Equileap, société créée en 2016, s’est fixé comme mission de fournir des données, notamment sur l’égalité de genre, sur les entreprises mondiales cotées en Bourse dont la capitalisation dépasse 2 milliards de dollars (1,83 milliard d’euros). Cela avec l’objectif de « permettre aux investisseurs d’aligner leurs investissements sur leurs valeurs ». Il s’agit aussi de leur éviter d’investir dans des sociétés négligeant les principes de la responsabilité sociale d’entreprise, qui risqueraient donc une sanction boursière à la suite d’une dégradation de leur image de marque.

Ce baromètre concerne 3 795 grandes sociétés de 23 pays. Il fournit un classement de leurs performances sur la base de 19 indicateurs, parmi lesquels la part de femmes dans les instances de direction, l’écart salarial ou la présence de politiques relatives au harcèlement. Une pondération – mais laquelle ? – est attribuée à chaque critère. Globalement, le rapport souligne que les progrès vers l’égalité sont beaucoup trop lents et que, malgré quelques avancées, la persistance des inégalités (nommées « disparités ») est flagrante.

Pour la France, il est bien moins élogieux que ce qui a été mis en avant ici ou là. Si notre pays recueille un bon score pour la part de femmes dans les conseils d’administration, résultat d’une législation assez contraignante, et sur l’existence de politiques contre le harcèlement sexuel, son score fait partie des plus mauvais sur l’égalité de rémunération, sur l’engagement à assurer un revenu suffisant pour vivre (living wage) ou encore sur l’existence d’audits indépendants !

Un index à revoir

La part de femmes dans les instances dirigeantes n’implique malheureusement rien sur l’égalité des salaires, les conditions de travail ou la prédominance de femmes dans l’emploi à temps partiel. Quelle est la pertinence du classement d’Equileap quand il est spécifié que seulement 33 % des entreprises dans le monde publient l’écart salarial entre les femmes et les hommes ? Quand, en France, en dépit de la législation obligeant les entreprises de plus de 50 salariés à publier ces données, 58 % d’entre elles ne le font pas ?

Que signifie le fait que la France obtient un bon score sur le critère « options de travail flexible », alors que le temps partiel, qui a servi de voie royale pour flexibiliser l’emploi dans les années 1990, est très préjudiciable aux salaires et aux pensions des femmes ? La Commission européenne a récemment reconnu la responsabilité du temps partiel dans la précarisation de nombreuses femmes en Europe.

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LJD

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