Dominique Méda : « Territoire zéro chômeur : pour la généralisation d’un dispositif d’utilité sociale »

Dominique Méda : « Territoire zéro chômeur : pour la généralisation d’un dispositif d’utilité sociale »

Chronique. Pendant que des milliards se déversent sur les entreprises sans exigence de contreparties sociales, environnementales ou d’utilité sociale, l’association Territoires zéro chômeur de longue durée (TZCLD) se bat depuis des mois pour que le Parlement, qui en débat actuellement, étende l’expérimentation lancée il y a quatre ans.

La loi du 29 février 2016, adoptée à l’unanimité, a en effet autorisé l’expérimentation sur dix territoires d’un projet consistant à utiliser l’ensemble des sommes jusque-là mobilisées pour indemniser, soutenir ou prendre en charge la privation d’emploi de longue durée pour faire vivre des entreprises à but d’emploi (EBE), qui recrutent en CDI des personnes sans emploi. Les EBE ont pour mission de partir des aspirations et compétences de ces personnes pour leur faire développer sur le territoire des activités visant à satisfaire des besoins non couverts par le secteur public ou le secteur privé. Environ 1 000 personnes ont ainsi retrouvé un emploi depuis la mise en œuvre de ce projet.

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Comme le rappelle Laurent Grandguillaume, le président de l’association TZCLD, « aucun projet n’a été soumis à autant d’évaluations ». Si la plupart sont très nuancées, certaines prises de position sont critiques : parmi ces dernières, celle portée sans relâche par l’économiste Pierre Cahuc est la plus sévère. Il reproche en effet au projet d’être « un gouffre financier » et dénonce le fait que la « neutralité budgétaire » prévue ne serait pas respectée. Il suggère en effet que le coût du chômage de longue durée pour la puissance publique serait en réalité bien moins élevé, et que le coût net du dispositif TZCLD serait donc « faramineux ».

Certes, l’expérimentation a permis de mettre en évidence – ce qui faisait partie de ses objectifs – que les coûts d’installation (trouver un lieu), d’animation (recruter des personnes pour organiser le travail et développer les activités) et de formation n’avaient pas été tous pris en compte, d’une part, et que, dans les cas où les demandeurs d’emploi n’accédaient auparavant à aucune aide ou au contraire avaient une petite activité, leur embauche constituait bien, d’autre part, un surcoût net pour les finances publiques.

Bénéfices individuels et collectifs

Ces critiques doivent être très fortement relativisées : en effet, une étude très détaillée réalisée par le département d’économie de l’Université libre de Bruxelles vient de confirmer l’ampleur du coût de la privation d’emploi. Mais surtout, un tel raisonnement est terriblement insuffisant.

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LJD

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