Des salariés de Google créent un syndicat après des mois de tensions internes
En raison de divergences avec leur direction qui se multiplient, des salariés de Google ont annoncé, lundi 4 janvier, créer un syndicat, une décision qui coïncide avec une période de mécontentement grandissant envers les géants de la Silicon Valley.
La Silicon Valley était parvenue jusqu’à présent à éviter la création de syndicats en offrant de généreuses rémunérations à ses salariés mais fait face, désormais, à un activisme des employés sur de nombreuses problématiques sociétales. Ce tout premier syndicat ne s’occupera pas que des questions liées aux salaires et conditions de travail mais aussi des problématiques éthiques, selon un communiqué des fondateurs.
« Cela va être le tout premier syndicat ouvert à tous les employés et contractuels d’Alphabet, avec des membres s’acquittant d’une cotisation, un conseil d’administration (représentatif) et un personnel dûment rémunéré », peut-on lire dans le document. Environ 226 salariés ont déjà fait part de leur intention de le rejoindre, affirment dans une tribune, publiée lundi dans le New York Times, et intitulée « Nous avons bâti Google. Ce n’est pas la société pour laquelle nous voulons travailler », Parul Koul et Chewy Shaw, tous deux ingénieurs.
Alphabet chapeaute plusieurs entités, dont Google, YouTube et Waymo (voitures autonomes), Verily, Fitbit et Wing, et emploie plus de 130 000 personnes à travers le monde. Le syndicat « va être la structure garantissant que les employés de Google peuvent pousser activement pour de réels changements au sein de l’entreprise, des contrats aux salaires en passant par les questions de rémunération. Toutes les problématiques liées à l’environnement de travail vont échouer dans le champ de compétence du syndicat et de ses adhérents », soulignent les fondateurs.
« Bien évidemment que nos employés ont des droits que nous soutenons. Mais, comme nous l’avons toujours fait, nous continuerons à discuter directement avec tous nos salariés », a déclaré Kara Silverstein, une dirigeante de Google dans un courriel à l’Agence France-Presse.
Plusieurs mois de tensions internes
La formation d’un syndicat chez Google intervient après plusieurs mois de tensions internes. En 2018, des salariés de Google ont signé une pétition demandant à leur PDG Sundar Pichai de mettre fin à la participation du groupe au programme de recherche du Pentagone baptisé « Maven ».
La même année, des salariés du groupe ont protesté solennellement contre l’octroi de grosses indemnisations de départ à des dirigeants accusés de harcèlement sexuel, dont 90 millions de dollars au patron d’Android, Andy Rubin.
Plus récemment, c’est le licenciement en décembre 2020 de Timnit Gebru, une chercheuse noire sur les questions d’éthique liées à l’intelligence artificielle, qui a cristallisé la colère des salariés. « Ce licenciement a suscité l’indignation chez bien d’entre nous, notamment chez les Noirs et les Hispaniques, qui sont bouleversés par les actions de l’entreprise et n’ont pas d’assurance sur leur avenir chez Google », dénoncent encore les fondateurs du syndicat.
La pression des autorités américaines sur Google augmente également. Une coalition d’Etats a engagé, le 17 décembre, des poursuites pour pratiques anticoncurrentielles à l’encontre du géant de l’Internet. Elle s’ajoute à deux autres plaintes déjà déposées pour des motifs similaires.