Des aides à domicile en grève dans le Loir-et-Cher : « On est prises pour des riens du tout alors que notre travail est essentiel »

Des aides à domicile en grève dans le Loir-et-Cher : « On est prises pour des riens du tout alors que notre travail est essentiel »

Par

Publié aujourd’hui à 02h14

« C’est grâce au Covid tout ça, lance Ana, emmitouflée dans sa parka. On a pris conscience qu’on était méprisées et prises pour des riens du tout alors que notre travail est essentiel. » Pendant le confinement, comme tous les aides à domicile de France, elle et ses collègues n’ont jamais cessé de travailler. Manquant de masque et de blouse pour se protéger, mais là pour accompagner au quotidien leurs « papys et mamys » comme elles disent avec tendresse. Pour cela elles ont reçu une prime, certes. Mais elles continuent de gagner une misère.

Ana, responsable CGT à Blois (Loir-et-Cher), le 10 février.

C’est pour mettre ce scandale sur la place publique que dans le Loir-et-Cher, quinze d’entre elles ont entrepris ce qu’aucune autre n’avait osé auparavant : une grève illimitée. Le mouvement entrera lundi 15 février dans sa neuvième semaine. Le piquet de grève est installé ce matin-là devant l’ADMR-41 (Aide à domicile en milieu rural), à Blois, leur employeur, antenne d’une des principales fédérations de structures d’aides à domicile en France.

« On a été exploitées depuis des années ! Aujourd’hui on demande notre dû !, explose Cécile, 42 ans, dans le froid glacial de février. On veut pouvoir vivre de notre métier qu’on adore. Mais comment on fait avec 900 euros par mois ? » Dire cela enfin à haute voix semble déjà la libérer d’un poids. « C’est national, hein, votre journal, vérifie Sylvie, 55 ans, derrière elle. Parce que faut que ça paraisse nationalement, c’est toutes les aides à domicile qui sont concernées ! »

Cécile.

Elles voudraient bien en effet « ouvrir la brèche » pour que d’autres se soulèvent contre le fonctionnement de ce service à la personne, financé par l’argent public, qui produit des travailleurs pauvres. Travailleuses devrait-on dire, car ce métier est principalement exercé par des femmes.

Rémunération, temps partiels non choisis, plannings…

Celles-ci parlent parfois toutes en même temps, comme pour sortir le trop-plein de couleuvres avalé toutes ces années. Il y a d’abord leur rémunération. La plupart sont payées au smic horaire (10,25 euros) ou quelques centimes au dessus, même avec plus de dix ans d’ancienneté. C’est qu’on part de loin : dans la convention collective de la branche des aides à domicile, les dix premières années sont carrément sous le salaire minimum.

Il y a aussi ces temps partiels qu’elles n’ont pas choisis. Seule Christine, 42 ans, est à plein temps. En 2020, Sylvie, Cécile, Lucie, Delphine, Ana, ou Carole ont travaillé entre 21 et 30 heures par semaine. Cela donne de tout petits salaires, parfois moins de 1 000 euros net par mois.

Il vous reste 66.29% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.