« Derrière les victoires sur le front de l’emploi en France, l’échec de la lutte contre la pauvreté »
Jamais, depuis un demi-siècle, les Français n’ont été aussi nombreux au travail. En 2024, selon l’enquête « Emploi » de l’Insee, 29 millions de personnes étaient en activité dans le pays. Soit 68,8 % de la population âgée de 16 à 64 ans. En 1995, 61,9 % seulement de cette tranche d’âge était en emploi. Un rattrapage plus qu’une performance : la France reste à la traîne au sein des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques, où le taux d’emploi moyen s’établit à 70,4 %.
Mais, surtout, la France, qui adore faire exception, connaît une situation pour le moins paradoxale. Alors que chez la plupart de ses voisins européens, la hausse du taux d’emploi s’accompagne d’un recul de la pauvreté, dans l’Hexagone, emploi et pauvreté progressent de concert. Entre 2014 et 2024, le taux d’emploi en France a grimpé de 5,3 points. Dans le même temps, le taux de pauvreté monétaire – autrement dit, le fait pour un ménage de vivre avec un revenu inférieur à 60 % du revenu médian – a augmenté de 2,6 %.
En juillet 2025, les chiffres publiés par l’Insee ont d’ailleurs fait grand bruit : en 2023, 9,8 millions de personnes en France, soit 15,4 % de la population, vivaient sous le seuil de pauvreté. Le phénomène atteignait son niveau le plus élevé depuis 1996, alors que le marché du travail avait créé 2 millions d’emplois nouveaux depuis la pandémie de Covid-19.

Il vous reste 65.99% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.