« Dark store » : plongée dans un supermarché de l’ombre

« Dark store » : plongée dans un supermarché de l’ombre

A l’intérieur du « dark store » de Monoprix, situé dans le 13ème arrondissement de Paris, le 12 mars.

Des pommes rutilantes viennent d’être soigneusement rangées sur leur gondole au milieu des fruits et légumes, face à l’armoire réfrigérée dédiée aux surgelés, et à quelques mètres du rayon des yaourts. Dans les allées de ce supermarché Monoprix, les chariots de courses se croisent et se remplissent sous le halo industriel d’une dizaine de néons : les produits frais dans des cabas isothermes bleus, le reste dans d’épais sacs en papier kraft. Le bruit de leurs roulettes résonne, amplifié par la hauteur sous plafond et les murs en parpaings.

Mais dans ce magasin, il n’y a aucun client… Ou plutôt si, un seul : le géant américain Amazon. Qui vient satisfaire ici les besoins de courses alimentaires de ses internautes voulant être livrés au maximum dans les deux heures qui suivent leur achat.

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Ce Monoprix a ouvert en mars 2019 dans le 13e arrondissement de Paris. Comme lui, ses voisins – un libraire, une épicerie orientale, un caviste italien – reçoivent régulièrement la visite de camions et de camionnettes qui effectuent les livraisons.

Mais il n’a ni façade ni vitrine, et on y accède par un long et étroit escalier en ciment. Et pour cause. Il se situe à quelques dizaines de mètres sous terre, sous la dalle Olympiades, théâtre de nombreux trafics nocturnes. Une ville sous la ville, installée dans l’ancienne gare des Gobelins. Y cohabitent, à l’abri des regards, une trentaine d’entreprises, dont ce magasin ultrasecret, où même les photos sont interdites.

« Marque de confiance »

Ce supermarché du groupe Casino fait partie de ce que les professionnels appellent les « dark stores ». Il a la fonctionnalité d’un entrepôt mais l’organisation d’un véritable magasin, fermé au public. En face d’un rayon, impossible de faire la différence. Une organisation qui n’a rien à voir celle d’un drive – un autre modèle d’entrepôt dédié aux commandes alimentaires à distance, où les produits restent dans leurs cartons et les palettes sur plusieurs étages.

Aux Etats-Unis, il y a un an, en plein pic épidémique, Amazon avait temporairement reconverti plusieurs supermarchés de l’enseigne Whole Foods en centre logistique, dont un à New York, avant d’ouvrir, en septembre 2020, son premier dark store Whole Foods, à Brooklyn. En France, pendant le premier confinement, Franprix, aussi, avait fermé cinq de ses magasins, situés dans des quartiers de bureaux vidés de leurs occupants, pour les dédier à l’e-commerce, avant de les rouvrir au public.

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LJD

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