Dans les entreprises, une prise de conscience encore très limitée des enjeux liés aux canicules

Dans les entreprises, une prise de conscience encore très limitée des enjeux liés aux canicules

Sur un chantier de construction à Savenay, près de Nantes, le 18 juillet 2022.

« Je travaille dans un bâtiment entièrement exposé au soleil et en grande partie vitré. La climatisation est en panne depuis plus d’un an et, malgré de nombreuses relances, rien, raconte une animatrice culturelle pour la mairie de Paris, qui a répondu à un appel à témoignage du Monde.fr. Nos solutions ? Du système D : des couvertures de survie sur certaines fenêtres, des torchons mouillés sur les épaules, un parasol et un tuyau brumisateur pour notre espace extérieur (tout ça à nos frais) et des relances. Pendant ce temps, on prend sur nous et certains collègues font des malaises. »

Si le code du travail ne prévoit pas de seuil de température au-delà duquel un salarié pourrait s’arrêter de travailler, l’Institut national de recherche et de sécurité pour la santé et la sécurité au travail (INRS) estime que la chaleur peut constituer un risque « au-delà de 30 degrés pour une activité sédentaire, et de 28 degrés pour un travail nécessitant une activité physique ».

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L’appréciation de la situation revient exclusivement à l’employeur, chargé d’assurer la santé et la sécurité de ses salariés : il a simplement l’obligation de noter dans le « document unique d’évaluation des risques » les dangers liés aux « ambiances thermiques », et de mettre en œuvre des actions de prévention. Il doit aussi fournir de l’eau fraîche et potable, et vérifier que la ventilation des locaux de travail est correcte et conforme à la réglementation. En cas de vigilance rouge, des mesures d’aménagement de l’organisation du travail sont encouragées, et doivent être ajustées chaque jour.

Les métiers d’extérieur rodés

Les métiers en extérieur sont bien sûr les plus concernés par les périodes de chaleur. Dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, les obligations de l’employeur sont plus précises : ce dernier doit « mettre à la disposition des travailleurs un local de repos adapté aux conditions climatiques », et trois litres d’eau potable et fraîche par jour. Les entreprises sont maintenant rodées : « On a un organisme de prévention assez fantastique, qui fait des fiches sur tous les sujets possibles en période de canicule pour nos adhérents », se satisfait Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment, organisation professionnelle du BTP. Au-delà de la mise à disposition d’une zone au frais, d’eau et de protections, « le réflexe évident, c’est d’adapter les horaires, de les rendre flexibles à l’échelle d’une ou de plusieurs semaines de chaleur : commencer à 6 heures un jour de canicule, puis à 8 heures un jour plus frais… Il faut aussi adapter les tâches aux conditions. »

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LJD

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