Dans les entreprises, la tension monte sur les salaires

Dans les entreprises, la tension monte sur les salaires

Opérations de filtrage devant des entrepôts logistiques, tractage aux abords d’une dizaine de magasins… des salariés du géant français du bricolage Leroy-Merlin étaient en grève vendredi 19 novembre à l’appel d’une intersyndicale CFDT-CFTC-CGT-FO pour dénoncer la faiblesse des augmentations de salaires proposées par l’entreprise. Un mouvement inédit dans cette enseigne. Comme les deux jours de grève qui ont touché le sportif Decathlon les 16 octobre et 12 novembre, pour la première fois de son histoire.

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Dans le contexte des négociations annuelles obligatoires (NAO) des rémunérations, débrayages et mouvements de grève surgissent cet automne. Plus que leur ampleur, c’est le fait qu’ils éclatent dans des secteurs et entreprises guère habitués aux mobilisations qui étonne.

« Jamais j’avais vu ça ! La dernière grève, chez Labeyrie, c’était en 2012 ! », témoigne Stéphane Lecointre, délégué syndical central Force ouvrière du groupe alimentaire, qui a connu trois semaines de grève, jusqu’au 10 novembre, sur son site de Saint-Geours-de-Maremne dans les Landes. Le mouvement avait commencé le 16 octobre, à 4 h 30. « Une trentaine de salariées a décidé de se lancer. C’est venu d’elles ! Elles ont ensuite demandé l’assistance des syndicats. Et puis c’est parti comme une traînée de poudre, en quelques heures, 300 étaient dehors, ils n’attendaient que ça. »

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Inédite aussi la manifestation à Châteaulin (Finistère) de salariés d’Eurofins, groupe de laboratoires d’analyses entré au CAC 40 en septembre. Même les représentants de la CGT de H&M confient avoir été surpris de compter un millier de grévistes, le 19 octobre. Chez le volailler industriel Arrivé-Maître Coq, le dernier débrayage remontait à 2010, la dernière journée de grève à 1989. Le 4 novembre, plus de 600 des 2 000 salariés des sites vendéens du groupe étaient en grève, selon Catherine Girard, déléguée centrale CFDT.

Des mouvements venus de la base

« Il y a un bruit de fond de débrayages et de grèves en ce moment, avec, et c’est inédit, beaucoup de mouvements poussés par la base, pas par des organisations syndicales », confirme Richard Roze, secrétaire fédéral FGTA-FO (agroalimentaire), qui rappelle qu’en huit ans de mandat il n’avait connu que quatre piquets de grève.

Sans doute le contexte incite-t-il à être plus offensif, indique Baptiste Giraud, maître de conférences en science politique à l’université d’Aix-Marseille. « L’intensité des mouvements de grève dépend toujours de la conjoncture, rappelle-t-il. Après une période d’incertitude, où l’on craignait de perdre son emploi, on entend partout que c’est la reprise et qu’on a du mal à recruter. Le rapport de force est plus favorable pour revendiquer. »

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LJD

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