Croissance française : une économie en « sous-régime », affectée par l’inflation

Croissance française : une économie en « sous-régime », affectée par l’inflation

Dans un hypermarché, à Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine), le 29 mars 2023.

Un hiver doux qui a permis de consommer moins d’énergie, des cours mondiaux en repli sur les marchés du pétrole et du gaz, des entreprises qui ont continué à produire et à investir, malgré le contexte d’inflation toujours élevée. Résultat, l’activité économique, en France, a progressé de 0,2 % au premier trimestre, un peu plus que prévu (+ 0,1 %). Mais l’Insee, qui publie ces chiffres, vendredi 28 avril, a, dans le même temps, révisé à la baisse la croissance du quatrième trimestre 2022, tombée à 0 % au lieu de 0,1 %.

L’inflation, elle, ne donne pas de signe de reflux, au contraire : elle est légèrement remontée en avril, à 5,9 % sur un an contre 5,7 % en mars. Une hausse en partie mécanique, liée au fait que la remise à la pompe était entrée en vigueur le 1er avril 2022. Comparativement, les prix des carburants sont donc plus chers en 2023. La flambée des prix au rayon alimentaire, en revanche, semble ralentir en peu. Sur un an, les tarifs ont augmenté de 14,9 %, au lieu de 15,9 % en mars, et ce, grâce aux produits frais. Dans cette catégorie, la hausse des prix a nettement freiné, passant de 17,1 %, en mars, à 10,2 %, en avril.

« La croissance résiste, mais elle est limitée : l’économie française reste un peu en sous-régime », résume Nicolas Carnot, directeur des synthèses et des études économiques à l’Insee, plus nuancé que Bruno Le Maire sur le diagnostic. Le ministre de l’économie a salué, une nouvelle fois, « la solidité » de l’économie française, dont les « fondamentaux tiennent bon », qui continue à « créer des emplois ». Le nombre de demandeurs d’emploi a en effet diminué de 1,2 % au premier trimestre, selon les chiffres annoncés mercredi 26 avril. Bercy table sur une croissance économique de 1 % cette année, alors que l’acquis de croissance à l’issue de ce premier trimestre s’établit à 0,4 %. Dans une note publiée mercredi, le Haut Conseil des finances publiques avait souligné que « ces prévisions ne sont pas hors d’atteinte, mais semblent optimistes ».

Car si la crise énergétique a perdu en acuité, avec le reflux des prix, redonnant un peu d’oxygène aux entreprises et aux ménages, le durcissement des politiques monétaires refroidit nettement l’économie. Le relèvement des taux d’intérêt, qui devrait se poursuivre encore en Europe, va continuer à peser sur l’investissement immobilier des ménages ou sur la distribution de crédits aux agents économiques. « Le premier trimestre se révèle meilleur qu’anticipé, mais la situation conjoncturelle est en cours de dégradation », estime Stéphane Colliac, économiste à BNP Paribas.

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LJD

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