Crise sociale : le gouvernement réactive la « prime Macron » de 1 000 euros pour tous les salariés

Comment se projeter au-delà de l’épidémie de Covid-19 alors que des milliers d’entreprises sont aux abois depuis un an et que les hôpitaux craquent dans plusieurs régions, face à l’afflux de malades infectés par le coronavirus ? Il peut paraître « paradoxal » de vouloir songer à « la sortie de crise » dans un contexte aussi tendu, comme l’a admis, lundi 15 mars, Jean Castex. Mais le chef du gouvernement a tenu à se livrer à cet exercice de contorsionniste au cours d’une « conférence du dialogue social », la troisième depuis son entrée en fonctions.
Lors de ce rendez-vous en visioconférence, M. Castex, épaulé par les ministres du travail, Elisabeth Borne, et de l’économie, Bruno Le Maire, a discuté durant près de trois heures avec les responsables des principales organisations syndicales et patronales. L’occasion pour le locataire de l’hôtel de Matignon de vanter, à l’issue de la réunion, les vertus de ces temps d’échanges : ils constituent « un levier pour la préparation de l’avenir », a-t-il assuré.
Les sujets qui fâchent avaient été soigneusement évacués au préalable : la réforme des retraites n’était pas à l’ordre du jour et les annonces relatives à la transformation de l’assurance-chômage avaient été faites en amont, le 4 mars. Ce qui n’a pas empêché plusieurs leaders de confédérations de salariés d’interpeller M. Castex sur le sort infligé à des centaines de milliers de demandeurs d’emploi dont l’allocation mensuelle risque de baisser avec les changements introduits dans le régime d’indemnisation. « Je lui ai redemandé d’abandonner cette mauvaise idée », indique Yves Veyrier, le secrétaire général de FO.
La rencontre de lundi s’est traduite par des gestes concrets sur un thème que les centrales syndicales portent depuis des mois : celui de la « reconnaissance » envers les salariés dits de « la deuxième ligne » – caissières, éboueurs, aides à domicile, etc. – « dont la présence au travail s’est avérée indispensable pour assurer la continuité économique du pays tout au long de la crise », comme l’a rappelé M. Castex.
Jusqu’à 2 000 euros
Si l’hypothèse d’une mesure spécifique à cette catégorie d’actifs a, un temps, été mise sur la table, l’exécutif l’a finalement écartée, au profit d’un dispositif déjà connu : la « prime exceptionnelle de pouvoir d’achat » (PEPA) ou « prime Macron » , qui avait été instaurée, fin 2018, en réponse au mouvement des « gilets jaunes ». Cette gratification, défiscalisée et exempte de cotisations sociales, est reconduite en 2021 pour tous les salariés, sous un certain niveau de rémunération. Laissée au libre choix de l’employeur, elle pourra aller jusqu’à 1 000 euros. Le mécanisme dévoilé lundi comporte une nouveauté, par rapport à sa version d’origine : la prime pourra atteindre 2 000 euros dans les entreprises et les branches « qui auront soit conclu un accord d’intéressement d’ici à la fin de l’année, soit ouvert une négociation sur la valorisation des métiers » de la deuxième ligne.
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