Créations et défaillances d’entreprises, une crise décidément pas comme les autres

Créations et défaillances d’entreprises, une crise décidément pas comme les autres

Un employé d’Urban Logistic Solutions (ULS) livre des colis en vélo électrique, à Strasbourg, en juillet 2020.

A la lecture du bilan de l’année réalisé par les greffiers des tribunaux de commerce, il est difficile d’imaginer que 2020 a vu le déclenchement de la pire crise économique depuis la seconde guerre mondiale. Ce document, publié jeudi 28 janvier, trace un tableau plutôt flatteur du tissu entrepreneurial français : un nombre record de créations d’entreprises et une chute de plus d’un tiers de celui des défaillances, qui tombe ainsi sous l’étiage d’une année ordinaire. Une situation paradoxale – le PIB a plongé d’environ 9 % en 2020 –, qui démontre que la crise du Covid-19 échappe décidément à tous les modèles.

« En règle générale, les crises économiques sont ponctuées d’un bond des défaillances d’entreprises, d’une montée du chômage et, concomitamment, d’un net ralentissement des créations d’entreprises. Or, il n’en n’est rien pour le moment », rappelle l’institut Xerfi, qui a réalisé ce « Bilan national des entreprises » pour le compte du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce.

Côté défaillances, on dénombre 27 645 ouvertures de procédures collectives, en recul de 37,5 % rapport à 2019. Derrière cette baisse globale se cache toutefois un phénomène plus inquiétant : dans 77,5 % des cas, elles aboutissent à une liquidation, alors que les procédures de redressement ont été divisées par deux en un an. Côté créations, 469 044 immatriculations ont été répertoriées en 2020, soit près de 10 000 de plus que l’année précédente et 50 000 de plus qu’en 2018. L’entrepreneuriat français établit ainsi un nouveau record.

« Tourner le dos au salariat »

Les raisons du net recul des défaillances sont connues : les aides massives de la part de l’Etat, les moratoires ou reports de charges concédés par l’Urssaf et le gel de l’état de cessation de paiements ont permis aux entreprises de se maintenir à flot en attendant la sortie de crise. En revanche, le dynamisme des créations s’explique moins aisément dans un contexte économique très déprimé, avec de nombreux secteurs fermés administrativement. « Les raisons d’entreprendre sont apparues nombreuses et souvent imbriquées en 2020, explique-t-on chez Xerfi. Concrétiser une réflexion stratégique personnelle ou collective, tourner le dos au salariat ou encore créer son propre emploi dans un marché du travail éminemment tendu. »

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De fait, les créateurs se sont le plus souvent tournés vers l’entreprise individuelle – ce qui comprend le statut de micro-entrepreneur – et l’activité relève très souvent du secteur du transport, qu’il s’agisse de la livraison à domicile ou des divers services liés à l’essor du e-commerce. Mais pour Laurent Frelat, directeur général de Xerfi, la bonne santé de l’entrepreneuriat n’est pas alimentée uniquement par le besoin de trouver coûte que coûte un revenu en période de crise. « On est dans une société qui évolue de plus en plus vers ce type d’emplois, au détriment de l’emploi salarié classique », indique-t-il.

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