Craintes sur des mesures d’économies à « L’Equipe »

Craintes sur des mesures d’économies à « L’Equipe »

Lors du comité social et économique (CSE) du jeudi 28 mai, au journal L’Equipe, pas un mot sur d’éventuelles mesures d’économies n’a été prononcé. Une rumeur, pourtant, circulait déjà, « en interne comme à l’extérieur », trop précise pour n’être pas bien informée : un tiers des effectifs serait menacé à court terme, à moins d’un recours à un « accord de performance collective » synonyme de baisse des salaires et du nombre de jours de RTT.

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Dimanche 31 mai dans la soirée, les salariés du quotidien sportif ont donc reçu un mail de leur intersyndicale (SNJ, SNJ-CGT, UFICT-CGT, SGLCE-CGT), intitulé « la stratégie du choc » et dénonçant ce que les élus considèrent comme un chantage de la part de leur direction. « La direction entend profiter d’une crise conjoncturelle pour imposer une attaque inédite contre ses salariés, écrivent-ils notamment (…). Faute de projet stratégique et éditorial pour un fleuron de la presse sportive, la seule solution trouvée par la direction est d’utiliser les salariés comme variable d’ajustement, dans une vision court-termiste de réduction des coûts. »

Une « plantureuse trésorerie »

A la direction du groupe, on estime que « ce texte ne repose pas sur grand-chose », aucune discussion n’étant encore ouverte. Puis, confirmant l’existence de projets en cours : « Toutes les alternatives sont étudiées dans la situation économique difficile que nous connaissons (…) et en effet, sont à l’étude des réflexions pour le maintien de l’emploi du Groupe L’Equipe » (L’Equipe, L’Equipe Magazine, la chaîne L’Equipe, l’équipe.fr, Vélo Magazine, France Football, Sport & Style, propriétés du groupe Amaury).

Une façon de présenter les faits qui ne convainc pas les syndicats. « Réduire les congés des salariés ne permet pas de faire des économies, à moins de supprimer des emplois », relève Francis Magois, délégué syndical SNJ, qui estime donc que la promesse, en cas d’accord, de ne pas toucher aux effectifs jusqu’au 31 décembre 2024 n’engagerait que ceux qui y croiraient. « Les salariés qui refuseront de signer l’avenant qui sera ajouté à leur contrat seront licenciés », projette un autre, arguant des « lois Macron qui facilitent les licenciements ». Autre carburant à la colère qui monte : l’excellente santé financière d’ASO (Amaury Sport organisation, organisateur du Tour de France, du Marathon de Paris, Rallye Dakar, Paris-Roubaix, etc.), autre entité du Groupe Amaury à la « plantureuse trésorerie », selon le communiqué de l’Intersyndicale.

Des ventes en baisse

« Même un petit pourcentage de cette manne suffirait à éviter la restructuration qu’on veut nous imposer, assure l’un des auteurs du texte. Ne pas y avoir recours prouve que la direction souhaite simplement profiter de la situation liée au coronavirus pour réduire les coûts ». Et de fustiger une volonté d’« agiter le chiffon rouge pour faire peur à tout le monde et accepter l’inacceptable ».

A la direction du groupe, on ne communique pas sur la baisse du chiffre d’affaires publicitaire lié à la crise sanitaire : privé de compétitions sportives, le quotidien a vu ses ventes baisser drastiquement (près de 15 % en mars), passant sous la barre des 200 000 exemplaires – malgré un prix de vente ramené à un euro.

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LJD

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