Coronavirus : l’essor massif des outils de travail à distance
Au Monde, pour la première fois dans l’histoire du quotidien vespéral, des réunions de rédaction journalières se déroulent par vidéoconférence. Depuis que la France est confinée en raison de la pandémie de Covid-19, la poignée de cadres restés au siège, boulevard Auguste-Blanqui, dans le 13e arrondissement de Paris, y échange avec une trentaine de chefs de service et de journalistes installés chez eux, grâce à l’outil Hangout Meet de Google.
Pour garder le contact en cette période troublée par le coronavirus, l’équipe du service « économie » a créé un canal sur l’outil de discussion collectif Slack, alors qu’avec la proximité au bureau, ses journalistes n’en avaient jusqu’ici pas perçu l’utilité.
Ces exemples de conversion aux outils de télétravail n’ont rien d’exceptionnel depuis qu’un nombre inédit d’employés ont été renvoyés chez eux afin d’éviter la propagation du Covid-19. Les éditeurs de logiciels de collaboration à distance voient les usages se multiplier.
Parmi les spécialistes indépendants « pure players » (qui exercent leur activité uniquement en ligne), Slack a gagné 7 000 nouveaux clients payants depuis février, contre seulement 5 000 au cours de l’ensemble du trimestre précédent. Début mars, Zoom, connu pour son outil de vidéoconférence, a publié un chiffre d’affaires en hausse de 78 %, au-delà des estimations. Klaxoon, la start-up française cotée qui a bâti son succès sur les réunions virtuelles, constate « cinq fois plus de demandes que la normale ».
Du côté des grands acteurs traditionnels de l’informatique professionnelle, Microsoft a vu l’usage de sa suite Teams (vidéoconférence, messagerie, bureautique collaborative) croître de 37 % en une semaine : il a atteint 44 millions d’utilisateurs quotidiens – un record – contre 20 millions il y a quatre mois. En France, il a été multiplié par sept, selon Microsoft, cité par la chaîne américaine CNBC. Son concurrent Cisco, éditeur de la suite de télétravail Webex, enregistre, lui, sept fois plus d’inscriptions gratuites depuis février.
Google, Facebook ou Amazon, pour leur part, ne publient pas de chiffres, mais sont prêts à surfer cette vague sans précédent. Amazon, leader mondial de l’hébergement de données et de logiciels en ligne dans le « cloud » (informatique dématérialisée), met en avant ses solutions de vidéoconférence, de partage de documents, de gestion d’accès sécurisé « VPN » pour les employés… Comme beaucoup d’acteurs, Google a étendu l’accessibilité de ses services de façon exceptionnelle : jusqu’au 1er juillet, l’option avancée de vidéoconférence Meet est gratuite pour les cinq millions d’entreprises clientes payantes de sa suite de bureautique en ligne (Gmail, Google Docs, Hangout…).