Coronavirus : en Europe, la bataille pour éviter le chômage de masse
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En Norvège, le taux de chômage est passé de 2,3 % de la population active à 10,4 % en un mois, un record depuis la seconde guerre mondiale. En Autriche, 163 000 nouveaux inscrits sont venus pointer aux services de l’emploi en dix jours, soit un bond de 40 %. En Suède, sur la seule semaine du 16 au 22 mars, 14 000 salariés ont reçu un préavis de licenciement, contre une moyenne habituelle de 3 000… par mois.
Ailleurs, en Europe, les statistiques ne sont généralement pas encore disponibles, mais la même histoire se répète à grande échelle.
Les hôtels suédois Scandic ont licencié 2 000 personnes, près de la moitié de leur personnel. En Hongrie, l’aéroport de Budapest a supprimé 15 % de ses effectifs. Au Royaume-Uni, raconte la BBC, Tom Danousias, 23 ans, a reçu une lettre de licenciement de son employeur, une entreprise qui vend des produits pour le secteur hôtelier. « Je vous écris pour vous confirmer que nous mettons fin à votre emploi le 18 mars à cause (…) de l’épidémie de coronavirus. » Il n’avait été embauché qu’un mois plus tôt et l’entreprise a utilisé la période d’essai pour se séparer immédiatement de lui.
Sous perfusion
Alors que la pandémie due au coronavirus se répand, forçant l’arrêt brutal de l’économie, le spectre du chômage de masse réapparaît. L’Organisation internationale du travail (OIT) pense qu’il pourrait y avoir entre 5 et 25 millions de chômeurs supplémentaires à travers le monde, suivant les scénarios économiques, dont la moitié dans les pays les plus développés.
Partout, en Europe, les gouvernements ont réagi de la même façon : il faut empêcher au maximum les licenciements secs et les faillites des entreprises. Leur espoir est que le confinement ne dure qu’un ou deux mois. En mettant sous perfusion l’économie et en limitant les dommages de long terme, la reprise pourrait ensuite être rapide. Il faut préserver le « tissu productif » afin de « sauvegarder les emplois » et « rebondir » quand « la pandémie sera terminée », explique Pedro Sanchez, le premier ministre espagnol. « Le chômage partiel est meilleur que le chômage », confirme le chancelier autrichien, Sebastian Kurz.
Dans ce contexte, les gouvernements font tomber un à un les habituels tabous économiques. Des premières nationalisations ont eu lieu, notamment, en Italie, celle de la compagnie aérienne Alitalia, ainsi que de l’ensemble du système ferroviaire britannique, où l’Etat accepte d’assumer l’ensemble des pertes du secteur pour six mois. Tous les gouvernements ont aussi permis aux entreprises de reporter leurs dépenses de cotisations sociales, de TVA ou d’impôts, pour préserver au maximum les trésoreries. Ils acceptent de garantir, quasiment sans limite, des prêts aux entreprises, pour éviter les crises de liquidité.