Coronavirus : Chanel renonce au recours au chômage partiel
Chanel n’aura pas recours aux deniers publics. Après Danone, c’est au tour de la marque de luxe d’annoncer qu’elle maintiendra à 100 % les salaires de ses 8 500 employés en France « pendant 40 jours ouvrables, pour une période de 8 semaines, du 16 mars au 8 mai ».
« Cette décision relève de notre plan de solidarité responsable. Car l’Etat français va avoir d’autres priorités. Il lui faudra venir au secours d’entreprises en difficultés », explique au Monde Bruno Pavlovsky, président de Chanel SAS. Renoncer au recours au chômage partiel pour une durée de deux mois porte sur un montant de « plusieurs dizaines de millions d’euros », estime le dirigeant.
Le groupe, dont les ventes ont atteint 9,91 milliards d’euros en 2018, a fermé, début mars, toutes ses usines en Europe et notamment en France, où il emploie 7 500 personnes. Près des deux tiers des boutiques Chanel – la marque en exploite plus de 200 dans le monde pour y vendre ses collections de mode – sont également bouclées. Le fabricant est aussi confronté à la fermeture des grands magasins et des parfumeries où, d’habitude, il distribue ses gammes de maquillage, soins et parfums. Et, à en croire M. Pavlosky, le nombre de points de vente ouverts pourrait encore diminuer compte tenu des mesures de confinement « en cours d’adoption au Japon, en Australie, en Russie ou en Thaïlande ».
Faire face à « cette situation historique »
Pour faire face à « cette situation historique », l’entreprise, qui emploie 27 000 personnes dans le monde, puisera dans sa trésorerie. La société a dégagé un cash-flow libre opérationnel d’1,93 milliard d’euros en 2018.
M. Pavlovsky estime que Chanel devra apporter une « attention toute particulière à ses partenaires », à savoir ses fournisseurs, « afin d’être en mesure de repartir » lors du retour à la normale de l’économie et d’honorer les commandes « sur la deuxième partie de l’année 2020 ».
Des mesures de réduction de coûts seront adoptées chez Chanel
L’impact de la crise induite par l’épidémie de coronavirus devrait se chiffrer « en plusieurs dizaines de millions d’euros » dans les comptes de Chanel, juge le dirigeant, compte tenu d’une « forte réduction de chiffre d’affaires comprise entre 15 % à 20 % au cours de l’exercice 2020 ». Faute de « visibilité », le président de Chanel SAS prédit que cette chute pourrait même être plus importante. Ses estimations rejoignent celles esquissées par Kering. Le groupe qui détient, notamment, Gucci, Saint-Laurent et Bottega Veneta a dévoilé, le 20 mars, que son chiffre d’affaires sera en recul de l’ordre de 15 % en données comparables, au premier trimestre de l’exercice 2020.
Des mesures de réduction de coûts seront adoptées chez Chanel. La marque a renoncé à l’organisation du défilé de sa collection dite « croisière » prévue sur l’île de Capri, en Italie, en mai. Et ses modèles haute-couture ne défileront pas nons plus en juillet à Paris. La Fédération de la Haute-Couture et de la Mode a annoncé, vendredi 27 mars, son report. « Dans les trois mois qui viennent, il nous faut imaginer une autre façon de présenter nos collections que les défilés », prévient M. Pavlovsky, en rappelant combien les rassemblements seront cet été toujours sujets à caution.