Chez Sanofi, des salariés désabusés face à un nouveau plan social en recherche
« Sur mon poste on devrait être cinq, et on est deux. Tous ceux qui partent ne sont pas remplacés. Je suis aigri, il n’y aura plus d’évolution positive chez nous. » Mustapha Yahyaoui, agent de laverie et ex-technicien en zootechnie à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), est désabusé. Comme lui, une centaine de salariés de Sanofi se sont rassemblés ce jeudi 4 février en fin de matinée, devant le siège du groupe, rue La Boétie, à Paris. Au quatrième jour d’une grève reconductible appelée par la CGT, ils ont organisé un « procès » de leur entreprise, sous forme de débat et de prises de paroles, sur une scène éphémère.
En cause, les 364 postes supprimés en recherche et développement en France à l’horizon 2022, la fermeture du site de Strasbourg (Bas-Rhin) et l’arrêt de plusieurs activités, en particulier en chimie. Verdict de l’audience : Sanofi est « coupable », scandent plusieurs fois les manifestants, accompagnés par des élus et une poignée de salariés de la raffinerie Total de Granpuits (Seine-et-Marne).
Le groupe pharmaceutique français est au cœur d’une période troublée : place forte du médicament, Sanofi a annoncé d’importants retards dans ses projets de vaccins contre le Covid-19, et va produire des doses pour son concurrent Pfizer. En parallèle, depuis douze ans, Sanofi France a allégé plusieurs fois ses effectifs en recherche : « Il y a aujourd’hui 3 312 CDI actifs sur quatre sites, contre 6 350 sur onze sites en 2008 en France », affirme Thierry Bodin, coordinateur CGT. Le dernier plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), qui avait supprimé 300 postes, date de moins d’un an.
Incohérences stratégiques
Pour justifier ce nouveau plan, Sanofi évoque une réorganisation de sa politique de recherche. En juin 2020, l’entreprise avait annoncé la suppression de 1 700 emplois en Europe sur trois ans, dont 1 000 en France, dans le cadre de la stratégie mise en place par le nouveau PDG, le Britannique Paul Hudson. A terme, elle prévoit d’arrêter la recherche dans les maladies cardio-vasculaires et le diabète pour se recentrer sur de nouveaux domaines thérapeutiques, comme l’oncologie, l’immunologie ou les vaccins.
La direction a confirmé les modalités de ce plan le 28 janvier, lors d’une réunion du comité social et économique central (CSEC) de l’entité Sanofi Aventis recherche et développement. La restructuration va concerner « les quatre sites » de cette entité du groupe : Strasbourg, Montpellier (Hérault), Vitry-sur-Seine et Chilly-Mazarin (Essonne), d’après les sources syndicales. Les 56 salariés de Strasbourg devraient être déplacés à Vitry. On évoque même en interne que des salariés mutés du site d’Alfortville (Val-de-Marne), fermé il y a un an, vers le site de Chilly-Mazarin, seraient à nouveau déplacés vers le site de Montpellier ou de Vitry-sur-Seine.
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