Chez Akkodis, un dialogue social impossible sur fond de stress au travail
Obtenir une juste représentation des salariés, cela fait dix ans que Marc Vicens mène le combat devant les tribunaux. Malgré ses 6 000 salariés et 500 millions d’euros de chiffre d’affaires en France, son employeur, Akka Technologies, devenu Akkodis en octobre 2022 depuis son rachat par Adecco, n’a jamais eu d’instance représentant l’unité économique et sociale (UES) du groupe d’ingénierie, prestataire notamment d’Airbus. « Malgré les victoires devant les tribunaux et les demandes de l’inspection du travail, il y avait une volonté délibérée de l’ancienne direction de ne pas avoir d’instance au niveau du groupe », explique Christophe Eychenne, l’avocat de Force ouvrière (FO).
Alors, quand les nouveaux dirigeants décident en janvier d’organiser un scrutin pour constituer un comité social et économique (CSE) regroupant les sept entités juridiques du groupe en France, M. Vicens, délégué FO, espère la fin d’une décennie d’anomalie sociale. Mais son espoir est vite déçu : selon lui, les règles du scrutin qui s’est tenu en février et mars ont été biaisées. « Le protocole d’accord préélectoral n’a pas été négocié mais imposé par une décision unilatérale de la direction et l’outil électronique ne garantissait pas l’exercice individuel du vote, explique Marc Vicens. On était enfin arrivés à organiser des élections. La direction nous les a volées », regrette le délégué syndical. Il a saisi le tribunal judiciaire de Lyon pour faire annuler le vote. Une audience de plaidoiries est programmée pour le lundi 24 avril.
Querelle entre syndicats et direction
« La direction n’est pas étrangère à ces années de blocage. Mais quand elle décide d’avancer, FO lui met des bâtons dans les roues », s’agace Vincent Barrat, délégué CFDT, dont le syndicat est arrivé en tête aux élections. Il se demande même si son collègue de FO « ne crée pas sciemment un climat propice aux problèmes pour pouvoir ensuite engager des contentieux et conserver son mandat qui date de 2009 ». Marc Vicens se défend d’être mauvais perdant : « On a contesté les élections avant même leur tenue. Le jour où nous aurons des élections loyales, quel que soit leur résultat, on l’acceptera. »
Contactée, la direction d’Akkodis ne souhaite pas commenter les actions judiciaires car « ces dernières sont toujours en cours ». Mais elle assure, dans une réponse écrite, que « ces élections se sont déroulées conformément au cadre réglementaire » et constituent une « première étape en vue du rapprochement des socles sociaux des différentes entités au sein de la marque Akkodis ». FO et ses alliés n’excluent pas de lancer une autre action pour discrimination syndicale et délit d’entrave. « La direction a bafoué les règles de neutralité. Elle a censuré nos tracts et a, au contraire, favorisé la CFDT et la CFTC, devenues majoritaires au CSE. Elle a réussi à mettre à l’écart l’intersyndicale que nous avions constituée avec UNSA et la CFE-CGC », clame le délégué FO.
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