Chez Akka Technologies, les syndicats tentent de mettre la pression
« C’est maintenant ou jamais ! », lance comme un encouragement Franck Laborderie, le secrétaire général CGT d’Akka Technologies. « On ne veut pas représenter des salariés fantômes. Ils doivent se rendre compte de la situation », insiste-t-il. Depuis quelques semaines déjà, ce syndicaliste ne désarme pas. Il mène une campagne d’information tambour battant. Publications sur les réseaux sociaux, mails, tracts : il multiplie les moyens pour inciter les salariés à se rassembler jeudi 21 janvier devant les locaux de cette société d’ingénierie à Blagnac, près de Toulouse.
Il peut aussi s’appuyer sur une intersyndicale. Les six organisations CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO et UNSA ont accordé leurs violons dans le but de relayer un message unique. « C’est presque un miracle, reconnaît Marc Vicens, délégué syndical central FO. Habituellement il y a des tensions entre nous. Mais la défense de l’emploi nous réunit. »
La litanie des chiffres, mois après mois, depuis la mi-mars 2020, dessine un cauchemar sans fin pour l’aéronautique, ce secteur qui emploie en Occitanie plus de 100 000 personnes. La pandémie de Covid-19 a cloué au sol les avions des compagnies aériennes. Les commandes de nouveaux aéronefs ont donc été arrêtées ou différées, forçant les avionneurs et l’ensemble de leurs fournisseurs à réduire drastiquement leur cadence.
Surtout, ils ont dû couper dans leurs dépenses de conseil, mettant fin à des milliers de missions d’ingénieurs issus de bureaux d’études externes. Selon le Syntec-Ingénierie, la fédération professionnelle qui regroupe 400 entreprises d’ingénierie, quelque 5 000 emplois pourraient ainsi disparaître dans la seule région de Toulouse.
Renouer le dialogue
Après Sogeclair Aerospace, Scalian, Expleo, Spherea Test & Services, c’est donc au tour d’Akka Technologies de tanguer et de tailler dans le vif des effectifs de sa branche aéronautique. Le site de Blagnac, qui emploie plus de 2 000 personnes, est directement concerné. Ce sous-traitant, très dépendant d’Airbus, pourrait se séparer de 900 postes, dont 800 à Toulouse.
Pour les syndicats, la partie n’est pas gagnée. Car les salariés, dont une très grande partie est en télétravail ou au chômage partiel, sont dispersés. Difficile de mobiliser dans un tel contexte. Franck Laborderie garde en mémoire le souvenir cuisant d’un premier rassemblement raté. C’était le 26 novembre 2020. Sous un ciel gris et bas, une vingtaine de personnes à peine s’étaient retrouvées devant le bâtiment. « On veut y croire, souffle Marc Vicens. Même s’ils sont une centaine à se déplacer, ce ne sera pas si mal. »
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