Celio demande à être placé sous procédure de sauvegarde
La liste des enseignes de mode fragilisées par la crise liée au coronavirus s’allonge. Lundi 22 juin, Celio, leader du marché masculin en France, a demandé au tribunal de commerce de Bobigny à être placé sous procédure de sauvegarde. La chaîne, qui emploie plus de 4 000 personnes dans le monde, explique que « la fermeture brutale pendant deux mois de ses 1 585 magasins (…) a entraîné une perte de chiffre d’affaires pour le groupe de près de 100 millions d’euros entre mars et mai 2020 ».
Comme d’autres de ses concurrents, Celio est confronté à une sévère crise de trésorerie. Et manifestement il n’a pas pu accéder au crédit. « N’ayant pu trouver un accord avec ses partenaires bancaires, Celio a décidé de placer la société Celio France ainsi que sa maison mère Celio International sous la protection du tribunal de commerce avec l’ouverture de procédures de sauvegarde », souligne l’enseigne détenue par ses fondateurs, les frères Laurent et Marc Grosman, depuis sa création en 1978.
« Se donner du temps »
Grâce à cette procédure qui suspend le paiement de ses dettes et maintient les emplois, l’entreprise dit espérer « préserver sa trésorerie pendant les prochains mois afin de se donner du temps dans la reprise de l’activité commerciale et d’adapter la transformation déjà engagée » en 2019.
Les difficultés du groupe en France ne sont pas nouvelles. Sous la houlette d’une nouvelle présidente, Gaëlle de la Fosse, nommée en février 2019, l’enseigne avait entrepris de se réformer pour mieux séduire ceux qui préfèrent désormais s’habiller chez Zara, Monoprix ou en ligne chez Asos. Grâce à une nouvelle image publicitaire et des collections revues, elle espérait enrayer son déclin. L’enseigne a essuyé une chute de ses ventes de l’ordre de 8 % l’an dernier, avec un chiffre d’affaires annuel (exercice clos à fin janvier 2020) de 560 millions d’euros.
La France, où elle exploite 488 magasins, dont 345 succursales, représente plus de 80 % de son activité. Malgré le toilettage de son réseau, avec la fermeture d’une vingtaine de points de vente en 2018 et en 2019 et un plan social en 2015, portant sur quinze postes au sein de son siège situé à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), l’entreprise est déficitaire, selon une porte-parole.
Les temps sont durs pour toutes les enseignes d’habillement déjà laminées par la baisse de la consommation constatée depuis une douzaine d’années. La pandémie de Covid-19 a accéléré la chute de plusieurs grands noms de la mode d’entrée de gamme, comme Naf Naf, La Halle ou Camaïeu. L’emploi dans le secteur s’apprête à payer un lourd tribut. Placé en redressement judiciaire, Naf Naf vient d’être repris par son fournisseur, Sy, vendredi 19 juin, qui garde 75 % des salariés.
Près de 300 magasins toujours fermés
Camaïeu a été placé en redressement judiciaire le 26 mai et ses 3 900 employés seront fixés sur leur sort début juillet. Vivarte a requis le placement de son enseigne La Halle en procédure de sauvegarde, mi-avril, avant de demander l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire. Ces deux dossiers sont désormais aux mains de la justice.
Les potentiels repreneurs de Camaïeu doivent se faire connaître d’ici au 29 juin. Et, après un premier round bouclé sur 25 offres de reprise des magasins La Halle, fin mai, le tribunal de commerce de Paris se réunit en audience le 29 juin pour étudier ces propositions. Les 5 809 salariés de l’entreprise attendent avec fébrilité la décision du tribunal de commerce de Paris prévue pour la première semaine de juillet.
Celio échappera-t-il à la cessation de paiement et à l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire ? Près de 300 de ses magasins sont toujours fermés dans les pays où des mesures de confinement demeurent et l’enseigne n’a pas obtenu de prêt garanti par l’Etat pour combler le manque à gagner. « Les négociations sont toujours en cours », affirme une porte-parole. Par communiqué, Mme de la Fosse assure que l’entreprise présente dans 46 pays est en capacité de « surmonter cette crise ».
Un repreneur surprise pour André
François Feijoo, ancien patron d’André, a émis une offre de reprise de l’enseigne placée en redressement judiciaire à la demande de sa maison mère, Spartoo, mi-mars. Au dernier jour du dépôt des propositions de rachat de la chaîne de chaussures, lundi 22 juin, alors que Spartoo a renoncé à présenter un plan et qu’aucun autre candidat n’a émergé, M. Feijoo s’est déclaré prêt à relancer l’enseigne fondée en 1896, en reprenant 50 de ses 106 succursales. M. Feijoo a dirigé André entre 2005 et 2013, avant de prendre la présidence d’Eram, qu’il a quitté fin 2019. « Je ne pouvais pas ne pas reprendre cette marque mythique », explique-t-il au Monde, alors que son tour de table n’est pas encore bouclé. Chez André, il a laissé « un très bon souvenir », rappelle Eric Martinez, élu syndical en évoquant la façon dont ce spécialiste de la distribution « avait redressé l’entreprise ». L’enseigne compte 412 salariés. Le nombre d’employés repris au siège et en magasins par M. Feijoo n’a pas été précisé. Le tribunal doit se prononcer le 1er juillet.