Un manifestant brandit un fumigène alors que les chauffeurs de taxi ralentissent la circulation sur l’autoroute A1, à proximité du Stade de France, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le 21 mai 2025. THOMAS SAMSON/AFP
Des deux réunions qu’ils attendaient avec le gouvernement, mardi 27 mai, les cinq principales fédérations de taxis sont reparties avec… deux nouvelles dates de réunion, les 3 et 11 juin. Si elles attendent de connaître les mesures concrètes qui en déboucheront, la poursuite de leur appel à la grève n’est pour le moment pas décidée, même si « les chauffeurs rentrent chez eux », décrit Bernard Crebassa, président de la Fédération nationale des artisans du taxi. « A Paris, boulevard Raspail, devant le ministère, une partie continue, à Pau aussi, observe, mercredi matin, Dominique Buisson, secrétaire général de la Fédération nationale du taxi. On va digérer les réunions, il faut voir ce que les taxis veulent aussi. On a été entendus, après il faut des écrits. »
Mobilisés depuis le 19 mai, les taxis répètent partout en France leur vive inquiétude vis-à-vis de la réforme du transport conventionné de malades – qui prévoit une unification de la tarification de cette activité et entraînerait une baisse de chiffre d’affaires pour bon nombre de taxis ruraux –, ainsi que de la concurrence des véhicules de tourisme avec chauffeurs (VTC), jugée déloyale.
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Un magasin « Cache Cache » à Caen, le 29 novembre 2019. SAMEER AL-DOUMY / AFP
Beaumanoir a-t-il présenté la meilleure offre de reprise de l’enseigne Jennyfer ? Le groupe breton connu pour ses enseignes Cache Cache, La Halle, Caroll et Morgan a annoncé, mardi 27 mai, avoir amélioré son offre partielle de reprise de Jennyfer. Il propose désormais de reprendre 29 des 220 magasins, soit trois de plus qu’initialement, et de poursuivre le contrat de travail de 210 des 999 employés de l’enseigne. De surcroît, le groupe fondé par Roland Beaumanoir s’engage à proposer « a minima » 150 offres fermes de reclassement aux licenciés Jennyfer au sein de ses enseignes, « avec maintien des conditions d’emploi », selon nos informations. Le groupe exploite plus de 2 700 magasins dans le monde.
Cette proposition aboutirait donc au maintien de 360 postes à l’issue du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) induit par la procédure de liquidation, prononcée au 30 avril, dont plusieurs relevant du siège social de Jennyfer situé à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). En face, l’offre d’Anamiss, holding de Salih Halassi, promet de sauver 293 emplois au sein des 48 succursales reprises et le maintien du partenariat avec les boutiques affiliées (aux 220 salariés).
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Dans un centre commercial de Rennes, le 2 mai 2025. DAMIEN MEYER / AFP
« Non, je ne vous en dirai rien. Parce que Jennyfer, ça fait partie de moi, de ma vie. » Cette responsable de magasin refuse toute interview avant le jugement du tribunal de commerce de Bobigny. Les juges doivent décider, mercredi 28 mai, du sort des 220 boutiques de l’enseigne de mode féminine, en liquidation judiciaire depuis le 30 avril. Comme tant d’autres salariés « dans le flou » ou « ne sachant rien de la date de fermeture de leur magasin, ni des adresses qui vont être reprises », Samia, dont le prénom a été changé, préfère taire son émotion, « le temps, que ça passe ».
Pour le millier desalariés de la chaîne, les derniers jours de Jennyfer sont éprouvants. Mercredi 21 mai, alors que les représentants du personnel négociaient une prime de départ dans le cadre du plan de sauvegarde de l’emploi qui accompagne cette procédure, le personnel en magasin a fait grève. « Parce qu’on est épuisés mentalement », a expliqué Alicia, vendeuse Jennyfer, dans une vidéo relayée sur le réseau LinkedIn. L’ensemble des magasins ont tiré le rideau. « C’est du jamais-vu dans cette entreprise », observe une salariée employée depuis plus de vingt ans.
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Le logo de France Travail, à Asnières-sur-Seine, le 1 avril 2025. SARAH MEYSSONNIER / REUTERS
Le décret instaurant un nouveau régime de sanctions pour les demandeurs d’emploi, avec un dispositif dit de « suspension-remobilisation », est paru samedi 31 mai au Journal officiel.
En cas de manquement à ses obligations dans le cadre du « contrat d’engagement », relatives à l’assiduité auprès de France Travail ou à l’obligation de réaliser « des actes positifs et répétés en vue de trouver un emploi », un demandeur d’emploi sera sanctionné « par la suspension d’au moins 30 % » de ses allocations pour une durée d’un à deux mois, précise le décret, qui découle de la loi plein-emploi de 2023.
Si le manquement est répété, la suspension ou la suppression partielle ou totale de l’allocation pourra être étendue jusqu’à quatre mois. Si le demandeur d’emploi se conforme à ses obligations, il sera mis fin à la suspension.
Avec ce dispositif, le ministère du travail avait défendu au printemps « une logique de remobilisation des personnes dans leur parcours, avec une approche globale de leur recherche d’emploi ». France Travail avait considéré le mois dernier que la sanction dite « suspension-remobilisation » avait « pour avantage de ne plus rompre la relation d’accompagnement ».
Selon l’opérateur, avec les nouvelles règles, les sanctions pour un demandeur d’emploi dépendent de sa recherche effective, et non plus d’une simple absence à un rendez-vous, qui engendrait un système de sanctions « assez mécanique ». La nouvelle procédure de contrôle, expérimentée depuis juillet dans huit régions, « n’entraîne pas de hausse du taux de sanction », avait ajouté l’opérateur public.
Un manifestant tient un drapeau de la CGT, lors d’un rassemblement à Marseille, le 5 décembre 2024. CLEMENT MAHOUDEAU / AFP
Une « chute libre » du droit des travailleurs, voire un « effondrement ».A l’occasion, lundi 2 juin, de la publication de la 12e édition de son indice annuel, la Confédération syndicale internationale (CSI) multiplie les termes alarmistes pour dénoncer une « profonde aggravation » de la situation des travailleurs dans le monde, y compris en France.
L’indice de la principale confédération syndicale de la planète se base notamment sur une liste de 97 indicateurs issus des conventions internationales et de la jurisprudence de l’Organisation internationale du travail, OIT.
Parmi les principales conclusions de cette étude annuelle qui fait l’inventaire des atteintes aux droits des travailleurs dans 151 pays, la CSI relève une dégradation de la situation en Europe et dans les Amériques, deux régions qui obtiennent leur pire résultat depuis le lancement de cet indice. Au total, 87 % des pays ont violé le droit de grève et 80 % des pays ont violé le droit de négociation collective, déplore le syndicat.
Difficultés d’accès à la justice pour les travailleurs
En France, la CSI regrette une négociation collective « en état de siège » dans les petites et moyennes entreprises depuis « des réformes régressives en 2017 ». Si le « droit de négociation collective a été restreint dans 121 pays », la CSI assure qu’en France « près de quatre conventions collectives sur dix ont été imposées unilatéralement par les employeurs, sans représentation syndicale ».
Elle dénonce également des atteintes à l’encontre de certains responsables syndicaux et explique avoir recensé « plus de 1 000 dirigeants syndicaux et membres de la Confédération générale du travail, CGT » qui « ont fait l’objet de poursuites au pénal et de mesures disciplinaires pour le rôle qu’ils ont joué dans les manifestations de masse contre la réforme des retraites ».
La CSI pointe également en France des difficultés d’accès à la justice pour les travailleurs, notamment des délais d’attente importants dans les tribunaux, ainsi que des « limites imposées pour l’indemnisation des licenciements abusifs », juge l’organisation.
Une détérioration rapide en Europe
Le syndicat attribue à chaque pays une note maximale de 1 et minimale de 5 pour le respect qu’ils témoignent aux droits des travailleurs (de faire grève, de manifester, de participer à des négociations, etc.). Seuls sept pays du panel, dont l’Allemagne, la Suède et la Norvège, obtiennent la note maximale, alors qu’ils étaient dix-huit il y a dix ans. L’Italie et l’Argentine ont vu leurs notes diminuer en 2025.
Plus largement, « si le déclin se poursuit à ce rythme, dans dix ans, plus aucun pays au monde n’obtiendra la note la plus élevée en matière de respect des droits des travailleurs », a déploré Luc Triangle, le secrétaire général de l’organisation, dans un communiqué.
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La détérioration s’est poursuivie de manière marquée et rapide en Europe. Le continent connaît en 2025 la plus forte baisse de toutes les régions du monde depuis dix ans.
La CSI a également recensé la mort de syndicalistes ou de travailleurs dans cinq pays en 2025 : l’Afrique du Sud, le Cameroun, la Colombie, le Guatemala et le Pérou. Et le Nigeria a rejoint pour la première fois la liste des dix pires pays pour les droits des travailleurs.
Les pays qui ont connu une amélioration en matière de droits des travailleurs se comptent sur les doigts d’une main. Plusieurs réformes ont notamment contribué à renforcer les droits syndicaux en Australie. Au Mexique, la CSI a également salué des réformes en matière de droit du travail et notamment la mise en place de mécanismes de conciliation qui offrent un meilleur accès à la justice du travail.
Thomas François, l’ancien vice-président de la rédaction d’Ubisoft, et son avocat, au tribunal correctionnel de Bobigny, le 2 juin 2025. XAVIER GALIANA/AFP
« Il faut être fun pour faire le fun. » Thomas François, dit Tommy, ancien vice-président du service éditorial d’Ubisoft, a invoqué lundi 2 juin « la culture Ubi » pour justifier des faits de harcèlement sexuel, moral et de tentative d’agression sexuelle dont il est accusé.
Deux autres hommes sont concernés par ces accusations et comparaîtront d’ici à la fin du procès vendredi : Serge Hascoët, alors directeur créatif et donc l’une des personnes les plus haut placées dans l’entreprise et Guillaume Patrux, « game director ».
« J’aurais bien aimé qu’on m’arrête »
Tommy François a digressé nerveusement pendant toute une journée à la barre, coupant parfois la parole aux trois magistrates qui l’interrogeaient, tentant de justifier certains faits qui lui sont reprochés par « la culture geek » et niant catégoriquement les autres. Sur plusieurs dizaines de témoignages de violences sexistes ou sexuelles, Tommy François n’en reconnaît qu’une seule : lors d’un déplacement professionnel, alors qu’il descend au petit déjeuner et lance aux collègues « Je me suis branlé ce matin »,brandissant son téléphone affichant un film porno. «Je n’aurais pas dû faire ça devant une femme », dit-il.
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Longtemps, les étudiants tout juste diplômés des écoles d’animation trouvaient sans difficulté un premier emploi dans un studio français, américain ou japonais. Cet âge d’or est bel et bien révolu au moment où le Festival international du film d’Annecy s’ouvre, dimanche 8 juin. La donne a changé depuis qu’une crise violente a déstabilisé le marché en deux ans, provoquant une cascade de rachats, de liquidations et de licenciements.
Selon le pôle d’analyses de données sociales Datalab Audiens, le nombre d’heures travaillées dans le secteur, l’indicateur le plus pertinent, a dévissé de 16,3 % entre 2023 et 2024 pour se situer à 7 759 heures, poursuivant ainsi une baisse engagée depuis 2021. Et le nombre de salariés a lui aussi chuté à 8 988 en 2024, contre 10 045 en 2023. Un tableau sombre.
Les tourments de l’animation s’expliquent par une histoire classique de bulle qui explose. Pas la première d’ailleurs. Les plateformes de streaming (Netflix, Prime Video, Disney+…) tout comme les studios américains ont commandé de nouveaux programmes à tout-va à partir de 2017-2018. Et les commandes de production exécutive (comprendre la fabrication de programmes dans les studios de l’Hexagone) ont fait exploser l’activité de l’animation sur le territoire.
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Des élèves de l’école Tumo Paris, intégrée au Forum des images, à Paris, en juin 2024. BRUNO LEVESQUE/IP3 PRESS/MAXPPP
Marasme au Forum des images à Paris. Claude Farge, directeur général de cette association, créée par la Ville de Paris en 1988, qui gère trois salles de cinéma dans le Forum des Halles, a annoncé, mercredi 4 juin, une salve de mesures d’économies. La programmation sera divisée par deux à partir de septembre et seules huit ou neuf séances par semaine seront conservées, contre 16 aujourd’hui. Si la direction a promis qu’en janvier 2026, la programmation reviendrait à 17 ou 18 séances par semaine, le personnel en doute.
Par ailleurs, M. Farge a confirmé la réduction de plus de 20 % des effectifs, qui proviendra du non-remplacement des départs de salariés en contrat à durée indéterminée (CDI) et du non-renouvellement des contrats de 25 stagiaires, apprentis et services civiques – ces derniers ne coûtent pourtant que 125 euros par mois à l’employeur. Selon le délégué syndical SUD-Culture Solidaires Raphaël Henriot, membre du « collectif » composé des 42 salariés en CDI qui refusent que « ce lieu historique devienne un lieu sans âme », « l’objectif de la direction est de ne conserver que 85 CDI l’an prochain et six postes CDD pérennes », sur un total de 135 salariés. La Ville de Paris se félicite, pour sa part, qu’il n’y ait « aucun licenciement ».
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Les ministres de l’économie et des finances, Eric Lombard, et des comptes publics, Amélie de Montchalin, lors d’une conférence de presse, à Paris, le 16 avril 2025. LUDOVIC MARIN/AFP
Comme souvent lorsqu’un gouvernement est à la recherche d’économies, la réduction du nombre de fonctionnaires revient à l’ordre du jour. Alors que les principaux arbitrages du budget 2026, actuellement en préparation, doivent être présentés avant le 14 juillet, deux ministres de poids se sont positionnés en faveur d’une baisse des effectifs dans la fonction publique.
La ministre des comptes publics, Amélie de Montchalin, a plaidé, dans Le Journal du dimanche du 8 juin, pour « revoir la tendance » de l’augmentation du nombre de fonctionnaires afin de tenir l’objectif fixé de 40 milliards d’euros d’économies pour réduire le déficit public. Le ministre de l’économie, Eric Lombard, s’est montré, lui, encore plus ferme. Le patron de Bercy a ainsi annoncé, sur France Inter le même jour, « qu’il faut engager la baisse du nombre de fonctionnaires ».
Si un calme relatif avait prévalu sur le sujet ces dernières années, l’idée n’est pas nouvelle. Le précédent gouvernement, mené par Michel Barnier, avait déjà évoqué d’éventuelles suppressions de postes à l’automne 2024, avant d’être censuré par les députés.
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Le président du Mouvement des entreprises de France (Medef), Patrick Martin, arrive à l’Elysée, à Paris, le 5 juin 2025. LUDOVIC MARIN / AFP
Le Medef, principal représentant du patronat, n’entend pas toucher à l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, alors que le « conclave » sur ce dossier entre dans sa phase finale, affirme-t-il dans un document recensant ses propositions communiquées mardi 10 juin à l’Agence France-Presse (AFP). Le Medef se dit en revanche prêt à avancer « sur l’usure professionnelle » et « faire en sorte que la maternité n’impacte pas le déroulement de carrières des femmes ».
Il ne reste plus que trois sessions du « conclave » entre patronat et syndicats, mercredi et jeudi cette semaine, puis le 17 juin, pour rediscuter de la réforme contestée de 2023 qui avait repoussé de 62 à 64 ans l’âge légal du départ en retraite. « Dans un esprit de responsabilité pour notre pays », le Medef préconise « le maintien de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans ».
Pour l’avenir, « et en s’inspirant de ce qui se passe chez nos voisins européens », le Medef propose par ailleurs « d’indexer de manière automatique l’âge de départ (âge légal et durée d’assurance) sur l’évolution de critères objectifs relatifs à la démographie et au marché du travail », sans donner d’illustration chiffrée.
Concernant l’usure professionnelle, le Medef mesure « que l’attente est forte du côté des organisations syndicales ». Le représentant du patronat se dit prêt « à avancer », conscient « qu’il y a des situations professionnelles plus exigeantes que d’autres, pouvant avoir un impact sur la santé ».
« Faire en sorte que la maternité n’impacte pas » les carrières
Le Medef propose notamment de revoir le compte professionnel de prévention pour que celui-ci prenne en compte la manipulation de charges lourdes, les postures pénibles ou les vibrations mécaniques. Il propose ainsi de modifier le dispositif de l’inaptitude/invalidité « qui concerne aujourd’hui près d’une personne sur sept qui liquide sa retraite » pour que l’âge de départ passe à 61 ans, et non 62 comme aujourd’hui.
Au « sujet des femmes », le Medef dit avoir pour « priorité » de « faire en sorte que la maternité n’impacte pas le déroulement de carrières ». Le Medef suggère de « permettre aux femmes ayant acquis des trimestres supplémentaires liés à la maternité de bénéficier d’une amélioration de leur niveau de pension en modifiant le calcul du salaire annuel moyen ».
Ce dernier serait « calculé non plus sur les 25 meilleures années, mais sur 23 ou 24 années, ce qui mécaniquement améliorera leur niveau de pension ». Pour financer le surcoût, « la surcote parentale à partir de 63 ans, instaurée par la réforme Borne, serait supprimée (neutralisation de l’impact financier) », propose le Medef.
Le « conclave » sur les retraites, qui a commencé le 27 février et devait à l’origine s’achever le 28 mai, a connu son lot de portes qui claquent, avec les départs précoces de FO et la CGT, côté syndicats, et de l’U2P, côté patronat pour les artisans. Il ne reste plus que cinq participants : Medef et CPME (petites et moyennes entreprises) pour le patronat, CFDT, CFTC et CFE-CGC côté salariés.