Chez Orange, les salariés s’inquiètent pour la sécurité de leur emploi

A Paris, le 21 janvier 2025.

C’est l’un des piliers du contrat social signé, en 2010, entre la direction d’Orange et les syndicats, pour sortir de la crise des suicides. Réalisée tous les trois ans, l’enquête du Comité national de prévention du stress (CNPS), une instance composée de 12 représentants du personnel et de membres de la direction, permet de qualifier, aux travers de 57 questions, le sentiment des salariés de l’opérateur télécoms en France.

Confiée au cabinet Secafi, l’édition de cette année 2025, dont les résultats ont été dévoilés aux membres du CNPS les 19 et 20 février, était particulièrement attendue. Les salariés ont d’ailleurs participé en masse : le taux de réponse s’élève à près de 51 %, contre 43 % pour l’édition de 2022.

Deux raisons principales expliquent cette mobilisation. D’une part, il s’agissait de la première enquête réalisée depuis l’arrivée, en avril 2022, de Christel Heydemann à la direction générale, à la place de Stéphane Richard, considéré en interne comme le dirigeant ayant apaisé le climat social après la crise des suicides.

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Fonte des effectifs

D’autre part, sous l’impulsion de cette nouvelle équipe de direction, Orange a engagé plusieurs transformations marquantes, ce qui a pu fragiliser ce contrat social : arrêt de l’activité bancaire (Orange Bank), cession des dernières activités dans les médias (OCS), début du chantier de fermeture du réseau de cuivre historique et, surtout, lancement de son premier plan de départs volontaires, dans sa filiale dévolue aux entreprises (Orange Business), portant sur 640 postes. La survenance de quatre suicides, à quelques semaines d’intervalle, à l’automne 2024, a également ravivé le spectre des années 2009 et 2010. Sans parler des chamailleries entre organisations syndicales.

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Face aux dérives du capitalisme financier, le gouvernement espagnol veut redonner du pouvoir aux salariés

De gauche à droite : le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, la ministre des finances, Maria Jesus Montero, la ministre du travail et de l’économie, Yolanda Diaz, et la ministre de la transition écologique et du défi démographique, Teresa Ribera. Au Congrès des députés, à Madrid, le 10 avril 2024.

Face à la crise de la démocratie : plus de démocratie. Tel a été le mot d’ordre lancé jeudi 20 février par la ministre espagnole du travail, Yolanda Diaz, à Madrid, à l’occasion de la présentation du comité d’experts, qu’elle a chargé d’élaborer un rapport et des propositions législatives afin d’encourager la démocratie dans les entreprises. Face au « gouvernement des hyperriches », à « l’oligarchie technologique » et aux « corporations autocratiques » – autant de références à l’élection de Donald Trump, au pouvoir d’Elon Musk et plus généralement à la dérive du capitalisme financier aux Etats-Unis –, la cheffe du parti de la gauche radicale Sumar, qui gouverne le pays en coalition avec les socialistes, a défendu « la démocratisation des entreprises et de l’économie » et « un modèle de prospérité partagée » avec les salariés, visant aussi à réduire les inégalités. « La démocratie économique est une tâche morale et politique urgente dans un contexte global d’érosion de nos systèmes démocratiques, a-t-elle insisté. Sans démocratie dans le travail, la démocratie est incomplète. »

Sous la houlette de la sociologue belge Isabelle Ferreras, professeure à l’Université catholique de Louvain et chercheuse associée au Center for Labor and a Just Economy à Harvard (Etats-Unis), une douzaine d’économistes, juristes, sociologues, politologues et philosophes devront rendre leurs conclusions en septembre, parmi lesquels la sociologue franco-américaine et professeure à Harvard Julie Battilana ou le philosophe basque Daniel Innerarity. Jusqu’à présent en retard en matière de participation des salariés au capital et à la gouvernance des entreprises, le gouvernement espagnol entend non seulement rattraper le temps perdu, mais aussi se placer à la pointe.

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Depuis le Covid-19, la désillusion des soignants : « Nous ne sommes pas plus considérés maintenant qu’il y a cinq ans »

Certains ont changé de fonction, de vie, ou ont quitté l’hôpital public pour le secteur privé. Quand ils se retournent sur cette période inédite, tous évoquent, parfois avec une grande émotion, le souvenir d’une « mobilisation » et d’une « solidarité » uniques entre les soignants. Mais ils constatent, avec amertume, que très peu de leçons ont été tirées de ce moment particulier. La population semble avoir oublié la nécessité de se protéger et les pouvoirs publics n’ont pas engagé une réforme du système de santé à la hauteur des besoins. Chez les blouses blanches, l’espoir d’un changement structurel s’est évanoui. Avenue de Ségur, les ministres se succèdent (on en a compté neuf depuis 2020), mais il n’y a pas eu de « monde d’après ».

« J’ai privilégié la qualité de vie plutôt qu’un système public en bout de course »

Lucas Reynaud, 34 ans, urgentiste et médecin du sport dans le privé

« A la fin de mes études de médecine, après le Covid, je me suis posé la question de continuer le sacerdoce à l’hôpital public, c’est-à-dire les contrats de quarante-huit heures, avec cinq semaines de congé par an et quelques RTT, ou d’aspirer à autre chose. J’avais signé pour la réanimation à l’hôpital de Montélimar (Drôme). Finalement, je suis parti.

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Malgré le vote du budget 2025, les entreprises toujours dans l’incertitude

Dissolution de l’Assemblée, motion de censure, changement de gouvernement… Plongés dans le brouillard durant quelques mois, les chefs d’entreprise n’ont guère regagné en visibilité malgré le vote du budget 2025, le 6 février, à en croire le baromètre réalisé par Bpifrance et Rexecode auprès des PME et TPE, publié jeudi 27 février.

Pour 61 % des 1 300 chefs d’entreprise interrogés dans cette enquête trimestrielle, « l’incertitude politique exerce un impact négatif fort » sur le niveau de l’activité. Une incertitude qui s’ajoute à une demande insuffisante pour six entreprises interrogées sur dix, et qui nourrit la prudence sur les embauches et les investissements.

« Les patrons craignent une atténuation de la politique probusiness » qui a prévalu depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, explique Philippe Mutricy, directeur de l’évaluation, des études et de la prospective de Bpifrance. « De plus, même si le budget est voté, la question du redressement des finances publiques est loin d’être réglée », appuie-t-il.

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Malgré une situation financière qui reste saine, plusieurs perspectives inquiètent les dirigeants, comme la hausse de l’impôt sur les sociétés ou la réduction des allègements de charges sur les bas salaires. Le contexte international, sur fond de « guerre » des tarifs douaniers et de remontée du protectionnisme, n’est pas fait pour rassurer.

Un tiers des projets d’embauche reportés

En conséquence, les investissements, qui étaient déjà orientés à la baisse, restent réduits à la portion congrue. Moins d’un chef d’entreprise sur deux compte investir en 2025, une proportion en recul de 4 points par rapport à 2024. De plus, le budget alloué à ces investissements – principalement destinés au renouvellement des équipements, et non à l’accroissement des capacités de production – est désormais largement en dessous de sa moyenne historique.

Les recrutements n’échappent pas à ce tour de vis général : un gros tiers des chefs d’entreprise qui avaient des projets d’embauche prévoient de les reporter, 27 % de les annuler, tandis que 39 % comptent les maintenir. Des proportions proches de celles observées au début de la crise sanitaire, souligne Bpifrance.

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Les résultats d’Auchan prouvent l’urgence du redressement

Devant un supermarché Auchan, à Woippy (Moselle), le 5 novembre 2024.

Auchan a-t-il enfin touché le fond ? C’est l’espoir nourri par l’état-major du distributeur alimentaire de la famille Mulliez, qui présentait, jeudi 27 février, les résultats annuels, quatre mois après avoir annoncé un plan de retournement assorti d’un important volet social.

Sans grande surprise, ils ont été décevants : une progression du chiffre d’affaires pour l’ensemble du groupe Auchan de seulement 1,7 %, à 31,7 milliards d’euros, lors d’une année alourdie par les acquisitions (68 supermarchés et 26 hypermarchés ex-Casino en France et 481 magasins Dia au Portugal) et les rénovations associées.

Si l’activité en Espagne et en Pologne est en déclin à périmètre constant, la France reste le point noir parmi les 12 pays où le groupe est implanté. Les revenus y ont progressé de 1,3 % sur un an (16,9 milliards d’euros), ainsi que la part de marché (+ 0,6 point, à 9,5 % en décembre 2024), grâce à l’intégration des magasins ex-Casino en mai 2024, qui a « permis d’attirer 1,2 million de porteurs de carte de fidélité en plus », a précisé Guillaume Darrasse, président d’Auchan France. Car le chiffre d’affaires des magasins existants a, quant à lui, continué de chuter (– 4,7 % sur un an), avec la baisse des ventes de produits non alimentaires.

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Retraites : premières crispations syndicales dès l’ouverture des discussions sur les régimes de pension

Sophie Binet (au centre) aux côtés de Denis Gravouil, secrétaire confédéral de la CGT, à l’hôtel Matignon le 8 janvier 2025.

Ils ont carte blanche mais se voient assigner une mission bien précise : éliminer en 2030 le déficit du système de retraites. Mercredi 26 février, les syndicats et le patronat ont reçu une lettre de François Bayrou qui fixe un cap aux discussions qu’ils doivent engager, jeudi 27 février après-midi, sur les régimes de pension. Ce courrier du premier ministre explique que la négociation à venir doit concourir au rétablissement « de l’équilibre financier » de notre système par répartition d’ici cinq ans. Une orientation diversement commentée par les organisations de salariés, certaines d’entre elles estimant que le cadre délimité est trop prescriptif.

Le contenu de la missive transmise mercredi n’est pas une surprise. Le 14 janvier, dans son discours de politique générale, M. Bayrou avait proposé aux partenaires sociaux d’« améliorer » la réforme de 2023, qui a reporté de 62 à 64 ans l’âge légal de départ. Il avait, toutefois, posé une « condition » : « Nous ne pouvons pas laisser dégrader l’équilibre financier que nous cherchons. »

La situation est, en effet, « préoccupante », selon un rapport de la Cour des comptes publié le 20 février. Notre système par répartition replongerait dans le rouge en 2025, à hauteur de 6,6 milliards d’euros, si aucune nouvelle disposition n’était prise. Le « trou » se creuserait ensuite, atteignant entre 14 et 15 milliards d’euros en 2035, puis oscillant entre 24,6 et 31,6 milliards d’euros en 2045, selon les hypothèses de croissance de la productivité retenues.

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Gabriel Attal et cent parlementaires macronistes demandent au gouvernement de « renoncer » à la baisse du seuil d’exemption de la TVA

Gabriel Attal, au congrès du parti Renaissance, à Paris, le 8 décembre 2024.

L’ancien premier ministre Gabriel Attal, président du parti présidentiel, Renaissance, demande au gouvernement de « renoncer définitivement » à la baisse du seuil d’exemption de la TVA pour les microentrepreneurs, prévue dans le budget 2025, dans une tribune publiée dimanche 23 février par La Tribune Dimanche. « Cette mesure détruirait massivement de l’activité et de la richesse dans notre pays. Plus de 200 000 microentrepreneurs seront touchés (…) Presque la moitié d’entre eux ont moins de 30 ans », écrit-il dans ce texte porté avec les anciens ministres Olivia Grégoire et Guillaume Kasbarian et signé par 100 autres parlementaires macronistes.

« Le risque, ce n’est pas seulement que les Français paient plus d’impôts : c’est aussi qu’ils créent moins d’entreprises. C’est un risque pour nos entrepreneurs, un risque pour notre tissu économique, un risque pour le pouvoir d’achat des Français », ajoutent-ils. Cette mesure controversée du budget 2025 prévoit d’abaisser, le 1ᵉʳ mars, à 25 000 euros de chiffre d’affaires annuel le seuil en deçà duquel les microentreprises ne sont pas assujetties à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), au lieu de 37 500 euros actuellement pour les prestations de services et 85 000 euros pour les activités de commerce.

Appel à des « réformes structurelles de l’Etat »

La mesure a déjà suscité de vives réactions dans les rangs des organisations professionnelles, notamment parmi les représentants des microentrepreneurs, ainsi que de la part de partis politiques de tous bords, de La France insoumise au Rassemblement national, en passant par certains macronistes.

Face à ces critiques, le ministre de l’économie, Eric Lombard, avait annoncé début février sa suspension « le temps d’une concertation » qui doit se poursuivre jusqu’à fin février. Alors que cette disposition devait rapporter 400 millions d’euros de recettes pour l’Etat, le ministre a précisé que « si ce dialogue fait que cette mesure rapporterait moins on trouvera d’autres façons », a-t-il précisé. Dans l’attente des conclusions de la consultation, « les entreprises et autres organismes ne sont pas tenus d’effectuer les nouvelles démarches déclaratives en matière de TVA », avait ajouté le ministère de l’économie.

« La réduction des déficits publics viendra de réformes structurelles de l’Etat et des pouvoirs publics, qui doivent être exemplaires et sobres. Et non en taxant davantage les entreprises et les travailleurs », écrivent dimanche en réponse les signataires de la tribune.

Le Monde avec AFP

« Multinationales. Une histoire du monde contemporain » : sortir des récits trompeurs des grandes entreprises

Livre. « Les entreprises que l’on dit multinationales (…) font honneur à la France et contribuent à sa richesse », proclamait le premier ministre, François Bayrou, à l’occasion de son discours de politique générale, le 14 janvier. C’est pour mieux comprendre ces grandes entreprises aux contours flous et aux multiples ramifications que deux journalistes, Olivier Petitjean et Ivan du Roy, ont réuni une cinquantaine de militants et de chercheurs reconnus en histoire et sciences sociales. Le livre fort stimulant qui en résulte, Multinationales. Une histoire du monde contemporain (La Découverte, 864 pages, 28 euros), est aussi une remarquable somme.

Son principal objectif est de déconstruire un grand récit trompeur selon lequel les grandes entreprises seraient des sources indispensables de progrès et de prospérité. « Les multinationales nous racontent beaucoup d’histoires, sur elles-mêmes, sur nous et sur le monde, mais elles oblitèrent leur propre histoire et leur propre rôle », lit-on dans l’introduction. Pour en retracer les fils enchevêtrés, le livre propose une chronique de 1851 à 2025. En cent soixante-quatorze ans, et presque autant de notices présentées de façon chronologique, les auteurs font voir de façon concrète et vivante l’omniprésence de ces grands groupes dans nos vies.

Quatre-vingt-deux textes courts et non signés, plutôt regroupés dans la première partie de l’ouvrage, portent sur des épisodes jugés emblématiques. Au croisement entre le portrait et le reportage rétrospectif, ils associent volontiers l’anecdotique à des considérations plus générales. Un infime événement tel que le licenciement par l’ingénieur américain Thomas Edison (1847-1931), en 1884, de son employé Nikola Tesla (1856-1943), après un désaccord sur la technologie à adopter, sert ainsi à illustrer la longue histoire du capitalisme électrique aujourd’hui incarné par le constructeur automobile Tesla, propriété d’Elon Musk.

Travail de lobbying

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Plans sociaux au sein du groupe Casino : le nombre total de licenciements s’élèvera à 2 200 postes

Si 3 000 suppressions de postes avaient été annoncées initialement, les plans sociaux décidés en 2024 par le distributeur Casino (Monoprix, Franprix) vont inclure, au « total » 2 200 licenciements, a annoncé vendredi 28 février Philippe Palazzi, directeur général du groupe. « Près de 90 % des licenciements » ont été « notifiés à ce jour », a annoncé vendredi le directeur général du groupe Philippe Palazzi, qui avait dans un premier temps évoqué une fourchette de 2 200 à 2 300 licenciements.

Des annonces qui interviennent en pleine transformation après le rachat du distributeur français, dont les pertes ont été très fortement réduites en 2024. A propos des suppressions de postes prévues par ces plans sociaux, 1 000 licenciements ont pu être évités « grâce au reclassement interne, aux départs naturels » et « au plan de départ volontaire », a fait valoir la direction vendredi.

Le groupe n’est pas le seul acteur de la grande distribution à tailler dans ses effectifs : son concurrent Auchan avait aussi annoncé fin 2024 un vaste plan social menaçant 2 400 emplois en France, et comprenant des fermetures de sites.

Casino, tombé l’an dernier dans l’escarcelle du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, a annoncé vendredi une réduction de sa perte nette en 2024 à 295 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires en recul de 5,4 % à 8,5 milliards d’euros. Un chiffre très éloigné de la perte spectaculaire de 5,7 milliards d’euros que le groupe avait essuyée en 2023. Il a connu une « année de transformation profonde » en 2024, avec des résultats « encore fortement marqués par les difficultés passées », a déclaré Philippe Palazzi.

Le directeur général du groupe, arrivé en mars, dit avoir depuis cette date mené son « plan de restructuration avec efficacité, conformément au calendrier fixé », selon un communiqué du distributeur.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Clap de fin pour les derniers hypermarchés et supermarchés Casino

Se repositionner en champion de la proximité

La nouvelle direction entend repositionner l’ancien fleuron d’origine stéphanoise en champion de la proximité par le biais de ses enseignes comme Monoprix, Spar, Vival ou Naturalia, des magasins plutôt de petite taille, dans les centres-villes souvent et avec une importante offre de services.

Casino s’est séparé de tous ses hypermarchés, « des gros foyers de perte », selon Philippe Palazzi, « ce qui nous permet de voir l’avenir sereinement ». Il a, en parallèle, ouvert 268 magasins en 2024 avec « le bon emplacement, le bon franchisé et la bonne marque », a déclaré la direction, qui vise un « retour à la rentabilité » en 2026.

« Nous sommes dans une économie de la flemme », a justifié Philippe Palazzi. Dans les « grandes villes », « les jeunes générations ne veulent plus se déplacer pour aller faire leurs achats et, en province, (…) la population vieillissante a du mal (…) à se déplacer. »

Le groupe comptait encore 200 000 salariés dans le monde fin 2022, avant d’être étranglé par un endettement qui a été restructuré dans la douleur mi-2024, grâce notamment à l’apport de nouveaux capitaux des milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière, en contrepartie de la prise de contrôle du distributeur.

Baisse des prix

Les magasins grand format du groupe, son activité historique, ont été cédés au cours de l’année écoulée aux concurrents Intermarché, Auchan et Carrefour. Au total 366 hyper et supermarchés, a fait savoir Casino vendredi, précisant que l’ensemble des cessions « représente un encaissement » de 1,8 milliard d’euros en 2024.

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Le distributeur met en avant un « assainissement » plus vaste encore de son parc de magasins, avec au total « la fermeture de 768 points de vente non rentables », dont « 87 % de franchisés et locataires-gérants », notamment 207 Franprix. Pour rendre ses magasins plus compétitifs, Casino revendique par ailleurs avoir appliqué des baisses de prix « très ciblées chez Monoprix, Franprix et Casino, avec des réductions de plus de 500 produits essentiels ».

Casino est également propriétaire du site de commerce en ligne Cdiscount, dont le chiffre d’affaires en 2024, – un peu plus d’un milliard d’euros – a connu une baisse de 16,3 % sur un an. Le groupe l’attribue à sa stratégie de privilégier les ventes réalisées par les vendeurs tiers sur son site au détriment des ventes directement réalisées par Cdiscount.

Le Monde avec AFP

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Réformer le système de mutation des enseignants améliorerait l’école

La ministre française de l’éducation Elisabeth Borne à l’hôtel Matignon, à Paris, le 26 février 2025.

Il y a celui qui a demandé sa mutation, celui qui l’a obtenue, celui qui attendra un an de plus. La « mut » des enseignants occupe, chaque printemps, les conversations dans les salles des professeurs. Dans le jargon de l’éducation nationale, le « mouvement » désigne le dispositif de répartition de ceux qui souhaitent changer de poste.

Dans le second degré (collège et lycée), il s’opère d’abord d’une académie à une autre, puis entre les établissements ; dans le premier degré (école maternelle et élémentaire), il a lieu entre départements. Les chances d’obtenir satisfaction dépendent du nombre de points de l’enseignant, qui, eux, relèvent de son ancienneté, de certains critères individuels et de la difficulté du poste qu’il veut quitter.

Ces chances dépendent aussi, et surtout, d’un cruel jeu d’offre et de demande, car les enseignants ont tendance à être affectés en début de carrière dans des académies peu demandées (Amiens, Versailles, Créteil), et à chercher ensuite à rejoindre les académies de l’Ouest ou du Sud. Le déficit de personnel dans les académies peu attractives génère chez ceux qui y sont affectés le sentiment d’être piégés indéfiniment. A l’inverse, ceux qui ont obtenu satisfaction ont tendance à rester là où ils se trouvent.

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