François Bayrou confronté au retour de la désindustrialisation en France

Piquet de grève à l’entrée du site de production de l’usine Michelin à Cholet (Maine-et-Loire), le 23 novembre 2024.

Est-ce la fin d’une parenthèse ? La dynamique de réindustrialisation à l’œuvre en France depuis quelques années serait-elle en passe de se terminer ? Plusieurs indicateurs le laissent entendre, qui virent au rouge, alors que le nouveau premier ministre, François Bayrou, prend ses fonctions et doit composer son gouvernement. Les investissements industriels ont reculé en volume de 10 % dans le pays en 2024, du jamais-vu depuis 2019. Et pour la première fois depuis 2015, les fermetures d’usines vont être plus nombreuses cette année que les ouvertures. Le solde négatif devrait être de 15, selon le comptage du cabinet Trendeo, spécialiste de l’emploi et de l’investissement industriel.

Jusqu’à présent, le pouvoir macroniste s’est enorgueilli du retour des usines et des investissements dans l’Hexagone, chaque année plus marqués, comme les symboles du réveil industriel depuis l’arrivée à l’Elysée d’Emmanuel Macron. Mais la fin du bal économique semble avoir sonné. Les taux d’intérêt remontent, et les marchés financiers se crispent – vendredi soir, à peine François Bayrou nommé à Matignon, l’agence de notation américaine Moody’s a abaissé la note de la France.

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L’Etat verse un prêt de 750 000 euros à Duralex, devenue en juillet une coopérative

Un verre Duralex à la fin d’une ligne de production à l’usine du fabricant français de verrerie Duralex, à La Chapelle-Saint-Mesmin, près d’Orléans, dans le Loiret, le 31 juillet 2024.

L’Etat verse un prêt de 750 000 euros à la mythique verrerie française, en difficultés, Duralex, devenue en juillet une coopérative, selon un arrêté publié samedi 14 décembre. L’entreprise, connue dans le monde entier pour sa vaisselle réputée incassable, avait failli disparaître après un énième redressement judiciaire en avril, plongeant les plus de 200 salariés dans le flou autour de leur avenir.

Le 26 juillet, le tribunal de commerce d’Orléans a finalement validé le projet de SCOP (société coopérative et participative) des salariés, soutenu par 60 % du personnel, porté par la direction du site et appuyé par les élus locaux. La région Centre-Val de Loire a, par exemple, promis son soutien sous forme de garantie bancaire, quand la métropole d’Orléans a proposé de racheter le site de la verrerie, pour une somme évaluée entre 5 et 8 millions d’euros.

L’Etat verse, lui, par le biais de Bpifrance, 750 000 euros « sous la forme d’un prêt au profit de la société Duralex SCOP SA » et « au titre du programme du fonds de développement économique et social », selon le texte publié samedi au Journal officiel, daté du 4 décembre. Le prêt a été accordé « cet été dans le cadre de la reprise » en coopérative, a affirmé une porte-parole de Duralex.

Mais les défis restent nombreux pour atteindre l’objectif de 40 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2029. En 2023, les ventes de Duralex sont tombées à 24,6 millions d’euros, contre plus de 31 millions en 2022.

Avant la transformation en SCOP, Duralex, qui fut la fierté de la production industrielle française, qualifiée de « tour Eiffel de la vaisselle », était aux mains de La Maison française du verre, également propriétaire de Pyrex, qui l’avait reprise à la barre du tribunal en 2021 à l’issue d’une procédure de redressement judiciaire.

Duralex, qui connaît des crises récurrentes depuis une vingtaine d’années, a notamment été confrontée à la flambée des prix de l’énergie après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022. Elle avait alors été sauvée temporairement par un prêt de 15 millions d’euros de l’Etat.

Le Monde avec AFP

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Le nombre de jours d’arrêt maladie stabilisé après une nette accélération depuis 2019

En 2023, le nombre de jours d’arrêt maladie indemnisés par la Sécurité sociale est resté presque stable (– 0,035 % par rapport à 2022) tout en se maintenant à un niveau bien plus élevé que celui qui prévalait avant l’épidémie de Covid-19. C’est l’un des principaux enseignements d’une enquête publiée, vendredi 13 décembre, par la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) et la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). Cet état des lieux très fouillé tombe à point nommé, dans un contexte où le gouvernement, désormais démissionnaire, avait relancé le débat sur la question en cherchant à durcir les règles de prise en charge. Un projet mis de côté, pour le moment, du fait de la chute de l’équipe de Michel Barnier.

La note diffusée vendredi s’intéresse au cas des salariés du privé et des contractuels de la fonction publique – soit environ 21 millions de personnes. Elle montre que les arrêts maladie constituent la cause essentielle d’une cessation d’activité donnant lieu à indemnisation. S’y ajoutent les arrêts imputables à la maternité, à un accident du travail ou à une maladie professionnelle, dont le volume est beaucoup plus faible.

Au total, la « Sécu » a versé, en 2023, 17 milliards d’euros à des assurés qui étaient dans l’incapacité physique d’exercer leur métier – dont 10,2 milliards au seul titre des pathologies « ordinaires », sans lien avec le travail ou avec une grossesse. La facture s’est renchérie de 9 milliards en six ans, selon des chiffres fournis par le gouvernement durant les discussions parlementaires sur le budget de la « Sécu », cet automne.

Epaisses zones d’ombre

Cette flambée des coûts est issue de la combinaison de plusieurs facteurs. D’abord, le nombre d’individus en emploi s’est accru depuis 2010, ce qui a eu, mécaniquement, un impact à la hausse sur les arrêts. Les salaires ont, par ailleurs, progressé – en particulier pendant les trois dernières années, pour tenter de suivre l’inflation. Cette dynamique s’est répercutée sur les indemnisations puisqu’elles sont calculées en fonction de la rémunération perçue.

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Accord sur l’assurance chômage : le gouvernement valide les nouvelles règles dans un arrêté

L’accord trouvé entre le patronat et plusieurs syndicats sur l’assurance chômage a été agréé par le gouvernement, selon un arrêté paru vendredi 20 décembre au Journal officiel.

Cet accord sur les nouvelles règles d’indemnisation des chômeurs, qui doivent s’appliquer à partir de janvier, a été signé par la CFDT, FO et la CFTC, ainsi que par les trois organisations patronales (Medef, CPME, U2P). La CGT et la CFE-CGC ne l’avaient pas paraphé.

Juste avant la censure, le gouvernement Barnier avait décidé d’agréer cet accord dans le cadre de la gestion des affaires courantes, mais le nouveau premier ministre, François Bayrou, aurait pu en décider autrement.

Une large majorité des partenaires sociaux avaient réussi à s’accorder le 15 novembre dernier, au terme d’une négociation éclair, sur ces nouvelles règles, qui prévoient notamment de relever de deux ans les bornes d’âge à partir desquelles les chômeurs seniors bénéficient d’une durée d’indemnisation plus longue.

L’arrêté du gouvernement, signé par François Bayrou, précise notamment que la mesure qui prévoyait qu’il faudrait avoir travaillé au moins cinq mois, et non six mois, au cours des derniers 24 mois pour s’inscrire à l’assurance chômage, n’entrera pas en vigueur car elle nécessite de légiférer.

Comme annoncé, une mesure de l’accord qui prévoyait de réduire les indemnités des travailleurs frontaliers – calculées sur la base de leurs salaires perçus à l’étranger et souvent bien plus élevés qu’en France -, est aussi exclue de l’agrément, pour des raisons juridiques.

Le Monde avec AFP

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