L’Etat revoit son plan pour sauver l’aciérie Ascoval

Des salariés d’Ascoval, le 31 octobre à Saint-Saulve.

Il reste un espoir de sauver l’aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord) et ses 281 salariés. Un espoir de plus en plus infime, mais un espoir tout de même. Cela nécessite de revoir de fond en comble le seul projet de reprise actuellement sur la table, celui présenté par la société Altifort, ont indiqué les pouvoirs publics, mercredi 31 octobre, lors d’une rencontre à Bercy avec les différents acteurs de ce dossier industriel devenu emblématique.

Compte tenu du travail encore nécessaire pour aboutir à un plan viable, Altifort ne sera pas en mesure de remettre une offre de reprise en bonne et due forme à la date prévue, le 7 novembre. Un nouveau délai, jusqu’au début du mois de décembre, devrait donc être demandé au tribunal de Strasbourg. D’ici là, les équipes du ministère de l’économie vont continuer à collaborer avec le possible repreneur. « Nous avons quatre semaines pour confirmer le carnet de commandes, consolider le plan de financement, convaincre les banques de participer », a expliqué mercredi le ministre de l’économie Bruno Le Maire. « C’est un nouveau sursis, commente Bruno Kopczynski, le porte-parole de l’intersyndicale. On repart à zéro, cela va être très long pour les salariés. »

En attendant, l’Etat demande instamment aux salariés en grève de reprendre le travail, pour ne pas désespérer les éventuels investisseurs. Une assemblée générale est prévue dans l’après-midi.

Lire (en édition abonnés) :   Dans le Nord, l’impossible accord de reprise de l’aciérie Ascoval

Avec Altifort, mais sans Vallourec

Après avoir contacté près d’une centaine de possibles partenaires, le ministère de l’économie mise depuis plusieurs mois sur le seul candidat sur les rangs : Altifort. Problème, le projet élaboré par cette grosse PME reposait très largement sur le soutien de Vallourec, l’ancien actionnaire resté le principal client de l’aciérie. Or, Philippe Crouzet, le patron de Vallourec, a refusé de mettre dans ce sauvetage les dizaines de millions d’euros qui lui étaient demandés.
Résultat, le premier plan d’Altifort ne tient pas la route. Avec le cabinet de conseil Roland Berger, les experts de Bercy ont donc commencé à imaginer une autre solution. Avec Altifort, mais sans Vallourec ni comme client ni comme financeur.

Il s’agit de transformer Saint-Saulve en une usine d’aciers spéciaux

Ce nouveau plan B repose sur un changement de stratégie. Au lieu de miser sur des aciers classiques, à relativement faible marge, il s’agit de transformer Saint-Saulve en une usine d’aciers spéciaux. Cela nécessiterait en particulier d’investir en aval dans un nouvel outil de production, un train à fil.

Sur le papier, le projet est jugé crédible et viable par Roland Berger compte tenu des débouchés. Mais deux points décisifs restent à régler. D’abord, il faut trouver des clients prêts à s’engager à terme, alors qu’Ascoval n’avait aucune activité commerciale jusqu’à présent : toute sa production partait chez Vallourec. Ensuite et surtout, il faut réunir les 150 à 200 millions d’euros considérés comme indispensables au redressement.

Les dirigeants d’Altifort se disent désormais prêts à apporter 20 à 30 millions d’euros en fonds propres. La région Hauts-de-France met de son côté 12 millions sur la table, et 10 millions pourraient venir de la ville de Valenciennes et des communes environnantes. L’Etat, enfin,
est disposé à apporter un euro d’argent public pour un euro d’argent privé investi.

Mais tout cela n’aboutit pas encore au total visé. « Ce n’est pas encore gagné, mais on y croit dur comme fer, a assuré mercredi Xavier Bertrand, le président de la région. Si tout le monde joue le jeu jusqu’au bout, cette usine pourra être sauvée. »

Lire (en édition abonnés) :   En France, l’industrie manufacturière loin d’être tirée d’affaire

Les propriétaires de l'usine Ascoval à Sainte-Saulve.

Vous avez choisi un métier qui fait sens pour vous. Témoignez

En participant à cet appel à témoignages, vous autorisez la publication totale ou partielle de votre contibution sur le site Le Monde.fr, dans le quotidien Le Monde, dans « M, le Magazine du Monde » ou sur tout autre site où la Société éditrice du Monde publie du contenu éditorial (Facebook, Twitter, Digiteka, Instagram, etc.).

Tout témoignage contenant des propos contraires à la loi est proscrit et ne sera évidemment pas publié.

Une orthographe et une mise en forme soignées sont exigées (pas de textes en lettres capitales, pas d’abréviations ou d’écrits de type « SMS »).

Vous devez impérativement préciser la date et le lieu où ont été pris vos documents photographiques ou vidéo et rédiger une légende descriptive.

Votre témoignage doit être signé de vos prénom et nom. Les demandes d’anonymat en cas de publication seront examinées par la rédaction au cas par cas.

L’intégralité des conditions de dépôt de témoignage est accessible sous le formulaire ci-contre.

« Le statut n’est pas un obstacle à la modernisation de la fonction publique »

Article réservé aux abonnés

Manifestation à Paris, le 22 mai 2018, contre la réduction des effectifs de fonctionnaires.
Manifestation à Paris, le 22 mai 2018, contre la réduction des effectifs de fonctionnaires. BERTRAND GUAY / AFP

Tribune. On parle à nouveau de réformer la fonction publique. Mais que veut-on y réformer et pourquoi doit-on la réformer ? S’agit-il de la moderniser pour qu’elle réponde aux nouveaux enjeux de notre société, ou s’agit-il de l’affaiblir au profit d’un nouveau modèle ?

Loin des postures caricaturales, nombre de fonctionnaires sont conscients des enjeux de transformation de leur univers professionnel et du besoin de les accompagner par une fonction publique moins lourde, peut-être moins bureaucratique, à coup sûr plus attentionnée. Pour cela, un constat partagé émerge, celui de la nécessité de faire évoluer le statut. Ce dernier, tout en étant préservé, doit retrouver davantage de sens et d’opérationnalité au profit des agents et de leurs parcours professionnels et, « en même temps » dans l’intérêt des administrations dans lesquelles ils travaillent.

Lire aussi Réforme de l’Etat : comment chaque ministère devra la mettre en œuvre

Nnous observons que le statut, parfois jugé comme un frein au mouvement, est en réalité surtout un outil moderne de continuité des services publics, une protection contre la corruption et un garant de l’équité entre citoyens. Pourtant, ces qualités ne doivent pas occulter le besoin de le moderniser. D’une part, parce que des lois et textes réglementaires successifs ont pu sédimenter des dispositions devenues peu compréhensibles, d’autre part, parce que le statut – auquel il faut ajouter les statuts particuliers – dissimule dans son fonctionnement de trop fortes inégalités entre agents. Enfin, du fait de cette complexité, on ne peut que déplorer les coûts de fonctionnement d’une gestion excessivement administrative des ressources humaines au détriment d’une réelle gestion des compétences et parcours professionnels des agents.

Trouver des axes de modernisation

General Electric impose un remède de cheval à son pôle énergie

Des turbines à gaz en construction à l’usine de Belfort de General Electric, en 2014.

General Electric (GE) est plus que jamais plombé par son pôle énergie, qui avait absorbé les activités « Power » (énergie) d’Alstom en 2015 pour 12,5 milliards d’euros. Le géant américain a annoncé, mardi 30 octobre, une perte historique de 22,8 milliards de dollars (20 milliards d’euros) au troisième trimestre et une restructuration de cette division produisant et assurant la maintenance de puissantes turbines pour centrales électriques (nucléaire, gaz, charbon, hydraulique).

Lawrence Culp, remplaçant de John Flannery, limogé sans ménagement le 1er octobre après quatorze mois à la tête du groupe, avait annoncé la couleur dès sa nomination à la tête de GE. Il envisageait de déprécier jusqu’à 22 milliards d’actifs de la branche Power pour redresser GE. Après un tour du monde (et du groupe) de quatre semaines, le nouveau PDG en conclut que si GE est une « entreprise fondamentalement solide, dotée d’une équipe talentueuse et d’excellentes technologies », ses résultats sont « loin de refléter ce potentiel ».

« Nous allons mettre les bouchées doubles et demander qu’on rende davantage de comptes au sein de l’organisation, pour enregistrer de meilleurs résultats », a-t-il prévenu, mardi. Joignant les actes à la parole, M. Culp a annoncé la scission en deux entités de la division énergie (comprenant Alstom) – toujours malade de la chute des commandes de turbines liée à la baisse des prix de l’électricité sur les marchés de gros. Amorcée il y a plusieurs années, cette forte baisse a entraîné d’énormes surcapacités à travers le monde. Pour GE, les difficultés se sont aggravées, mi-septembre, avec l’annonce de problèmes d’oxydation sur ses turbines de nouvelle générations, censées réarmer le groupe face à une concurrence de plus en plus dure.

34 millions d’euros au lieu des 1 000 emplois promis

Une première unité réunira la production des grosses turbines à gaz et les services associés ; la seconde regroupera…

Processus d’évaluation : « Etre premier en ordre de passage vous pénalisera »

Teacher sitting at desk with stack of papers to grade, portrait

Tribune. Si décider de votre horaire de passage à un concours vous a toujours angoissé, vous avez bien raison car c’est loin d’être un détail sans influence sur le résultat. C’est la leçon d’expériences menées par deux chercheurs de l’université de Virginie, qui ont mis en évidence un nouveau biais cognitif (« Do Evaluations Rise With Experience ? » Kieran O’Connor, Amar Cheema, Psychological Science n° 29/5, 1er mars 2018).

Ils ont demandé à un groupe de 168 étudiants de donner un score à dix histoires qu’on leur demandait de lire, à raison d’une histoire par jour, de façon à étaler le processus d’évaluation dans le temps. L’ordre dans lequel les histoires leur étaient données différait selon les étudiants. Or, ce sont les histoires lues dans les derniers jours qui ont eu le meilleur score, peu importe laquelle. En fait, la note attribuée avait tendance à monter jour après jour. On leur a ensuite demandé, au fur et à mesure qu’ils avançaient dans leur évaluation des dix histoires, de juger la difficulté de cette tâche d’évaluation. Véracité, style, contenu, genre, chacun avait des critères d’évaluation différents, mais tous étaient d’accord pour dire que la tâche devenait plus facile avec le temps.

C’est ce qui fait penser aux chercheurs que notre cerveau confond inconsciemment la facilité à donner un score avec le score lui-même, comme si quelque chose qui devient (plus) facile à évaluer était forcément meilleur ! Et si l’on peut parler de « biais cognitif », c’est parce que les participants étaient persuadés d’évaluer de la même manière au début du test comme à la fin.

L’objectivité existe-t-elle ?

Si on fait le bilan de toutes les situations où une estimation s’étale dans le temps, cette expérience est riche d’enseignements. Passer le premier ou le dernier à l’épreuve orale, c’est un dilemme auquel tous les étudiants font face : les partisans d’aller les premiers à l’examen pensent avoir des questions…

« The Job », Pôle emploi à l’heure de la téléréalité

Article réservé aux abonnés

Dans un article paru sur le site StreetPress, le 17 octobre, le journaliste Mathieu Molard révélait que plusieurs agences Pôle emploi, afin d’organiser des sessions de recrutement, s’étaient inspirées de « The Voice », le télécrochet de TF1. Face au tollé, la direction de Pôle emploi a décidé de suspendre l’opération.

Rappelons le concept : un jury, composé de quatre professionnels de l’industrie musicale installés dans des fauteuils aux allures de trône, procède à des auditions « à l’aveugle ». Tournant le dos aux candidats, les jurés doivent sélectionner les interprètes qui rejoindront leur équipe en se basant sur le seul critère vocal. Lorsqu’il pense être en présence d’un candidat valable, le juré appuie sur un buzzer et son fauteuil pivote, volte-face permettant de créer les conditions d’un dialogue à peu près décent.

Brochette de nuques mutiques

Derrière l’argument consistant à ne pas juger les gens sur leur physique, transparaît un mépris statutaire habilement mis en scène. Ce n’est qu’à partir du moment où il représente un capital exploitable que le candidat à l’emploi obtient un semblant de considération. On peut voir dans ce dispositif savoureusement asymétrique la mise en scè­ne d’un féodalisme managérial dont on retrouve malheureusement la trace en entreprise.

Qu’un chanteur professionnel vous fasse sentir toute la puissance de son arbitraire en ne vous accordant même pas un regard rappelle ces moments où le N + 1 vous parle en consul­tant ses textos, les pieds sur son bureau, attitude ayant pour but de vous ravaler au rang de sous-espèce. On peut donc se demander pourquoi faire vivre une telle humiliation à un public déjà fragilisé.

Baptisé « The Job », ce jeu de recrutement invite électroniciens, ou­vriers d’abattoirs, soudeurs, manutentionnaires, manœu­vres, maçons, électriciens, préparateurs de commandes, électroniciens, agents de fabrication, à tenter de s’attirer les bonnes grâces d’une brochette de nuques mutiques appartenant à des recruteurs d’agences d’intérim. « Démarquez-vous et décrochez une immersion en entreprise, un entretien d’embauche, voire un emploi ! », promet le slogan sur les affiches.

La baisse des contrats aidés, un problème dans le monde rural

Depuis la baisse drastique du nombre de contrats aidés, décidée par le gouvernement, l’Association rurale d’éducation populaire (AREP) a des difficultés pour boucler son budget et continuer de prendre en charge la garderie, le réfectoire, l’étude, la bibliothèque de la vallée de la Corneilla. Ces emplois étaient subventionnés parfois jusqu’à 95 % du taux brut du smic. A Festes-et-Saint-André (Aude), elle a failli coûter leur poste à quatre des sept salariés de l’AREP. Pour prolonger trois contrats, requalifiés en CDD, la petite structure a dû puiser dans son fonds de roulement. Un reportage photographique nous fait découvrir l’essentiel des services périscolaires de l’association.

Contrats aidés, ces emplois dont on ne peut pas se passer

Garderie, réfectoire, étude, bibliothèque : la petite structure prend en charge l’essentiel des services périscolaires de la vallée de la Corneilla (Aude).

Les torrents d’eau qui se sont déversés sur l’Aude ont, pour une fois, épargné la vallée de la Corneilla. Aucun dégât sérieux à déplorer dans ce bout de campagne heureuse, nichée dans les premiers contreforts des Pyrénées. Comme chaque jour, les cinquante-quatre enfants du regroupement pédagogique de Festes-et-Saint-André, Bourigeole, Bouriège et Roquetaillade, ont rejoint leurs écoles. Et comme chaque jour, ils ont déjeuné dans les locaux qui jouxtent la mairie, face à une antique remise, toujours à vendre.

Pourtant, si les murs ont tenu, un pan entier de la vie locale menace, lui, de s’effondrer. L’Association rurale d’éducation populaire (AREP), en sursis depuis plus d’un an, a besoin de 25 000 euros pour boucler son budget et continuer de prendre en charge la garderie, le réfectoire, l’étude, la bibliothèque, bref, l’essentiel des services périscolaires de la vallée. « Des missions qu’on remplit à la place de l’Etat », précise la directrice, Claire Poussou. Des missions en péril aussi depuis la baisse drastique du nombre de contrats aidés, décidée par le gouvernement en 2017.

Cassure

Destinés en priorité aux chômeurs de longue durée, aux jeunes sans qualification et aux allocataires de minima sociaux, ces emplois étaient subventionnés parfois jusqu’à 95 % du taux brut du smic.

Au deuxième trimestre 2017, 474 000 personnes en bénéficiaient dans le secteur non marchand grâce, notamment, aux contrats d’accompagnement dans l’emploi (CAE). Elles n’étaient plus que 280 000, un an plus tard, après les coupes de l’Etat. Une taille justifiée par le faible taux d’insertion sur le marché du travail des intéressés. D’après la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), seuls 26 % jouissaient d’un emploi durable six mois après la fin de leur contrat.

« Ces contrats sont des pansements qui ne font que cacher les plaies, on n’a pas le choix », se désespère Thomas Fonder, le président…

Le chômage, la Macronie y pense toujours, et n’en parle (presque) jamais

Surtout ne pas se lier à des chiffres, ne pas se contraindre par une tendance. Contrairement à son prédécesseur François Hollande, Emmanuel Macron a très vite décidé de décorréler son destin politique de la courbe du chômage. Interrogé sur la question par des journalistes de TF1 lors d’une interview en octobre, il avait déclaré : « La baisse du chômage ne se décrète pas. » Fermez le banc.

Dans un entretien accordé vendredi 26 octobre à plusieurs journaux régionaux, le premier ministre Edouard Philippe explique qu’« en 2017 et en 2018, on a créé beaucoup plus d’emplois en France qu’il n’y en a eu de détruits. Et on a créé de vrais emplois, pas des emplois aidés. La dynamique est là et je suis confiant ».

Très tôt, le président de la République a donné le ton de ce qui allait être une particularité de son mandat sur le front de l’emploi : en Macronie, finalement, on parle beaucoup de travail mais peu de chômage. C’est ainsi que la publication des chiffres de Pôle emploi est passée de mensuelle à trimestrielle. Des statistiques qui ne sont quasiment jamais accompagnées de commentaires politiques de la part du gouvernement. Il y a certes des conférences organisées tous les trois mois au ministère du travail, lesquelles font débattre des chercheurs sur la question.

Retour à la normale

Le chef de l’Etat a néanmoins donné un objectif chiffré d’un chômage à 7 %, mais pour la fin de son quinquennat. A part ça, rien. Les réformes structurelles sur le marché de l’emploi sont soigneusement présentées sous le prisme positif du travail, dont le but premier est de doper l’activité des entreprises qui embaucheront et réduiront alors le chômage.

Pour les uns, il s’agit d’un habile coup de communication. « C’est normal qu’ils ne parlent pas trop du chômage car, comme ça, ils pensent ne pas être comptables des résultats de leur politique qui d’ailleurs n’en produisent pas de bons », estime Boris Vallaud, député PS des Landes, pour qui les bons chiffres en termes de création d’emploi des deux dernières années sont imputables au quinquennat précédent. « La ministre de l’emploi ne fait jamais de visites sur ce sujet-là, elle est en tournée constante sur l’apprentissage, peut être est-ce parce que ça ne marche pas ? On a l’impression qu’il y a une politique du marché du travail et pas une politique de l’emploi… », ajoute un ancien du gouvernement Hollande. Celui-ci pointe, entre autres, la fin de la prime à l’embauche, mais surtout la baisse significative des contrats aidés.

Lire aussi :   L’étrange paradoxe des chiffres de l’emploi en France

Pour d’autres, en revanche, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un retour à la normale. « Les deux gouvernements précédents ont fait face à une crise importante, le sujet était brûlant, commente un spécialiste de la question. Mais à force de déclarations permanentes, on était tombé dans une situation mortifère. » L’exécutif souhaite donc clairement éviter les écueils de son prédécesseur, afin de ne pas focaliser les Français sur la question. Au risque de donner l’impression de ne pas accorder au sujet du chômage l’importance qu’il mérite ? « Muriel Pénicaud parle tout le temps de lutter contre le chômage de masse. Aujourd’hui, la vérité, c’est que nous l’avons baissé et que nous attaquons la partie structurelle dans beaucoup d’endroits. C’est peut-être insuffisamment dit, mais c’est notre priorité », défend Sacha Houlié, député LRM de la Vienne.

Des salariés d’Ascoval bloquent un site du groupe Vallourec pour « mettre la pression »

Les ouvriers de l’aciérie d’Ascoval, dans leur usine de Saint-Saulve (Nord), le 24 octobre.

Des salariés de l’aciérie d’Ascoval de Saint-Saulve (Nord), dont les emplois sont menacés, bloquaient, dans la matinée du vendredi 26 octobre, toutes les entrées d’un site de Vallourec, actionnaire de l’usine, à Aulnoye-Aymeries, près de Maubeuge.

Cette action intervient après la décision de la chambre commerciale tribunal de grande instace de Strasbourg de renvoyer sa décision sur l’avenir de l’acierie au 7 décembre et ainsi laisser deux semaines de sursis supplémentaires pour trouver un repreneur. L’usine de Saint-Saulve a été placée en redressement judiciaire en janvier.

Délégué CGT du site de Saint-Saulve Nicolas Lethellier a expliqué vendredi à l’AFP que les manifestants ont opéré « un blocage complet du site, personne ne rentre. L’idée, c’est de mettre la pression sur Vallourec alors qu’il y a une réunion aujourd’hui à Bercy » sur l’avenir de l’aciérie. Des feux de pneus ont notamment été allumés devant les entrées. Vallourec, dont l’Etat est actionnaire, détient 40 % de l’usine.

Le récit :   Dans le Nord, l’impossible accord de reprise de l’aciérie Ascoval

Evaluation

« Ecoeurés par l’Etat », et par le groupe Vallourec, les salariés avaient décidé mercredi de cesser le travail et bloquer le site de Saint-Saulve. Ils comptaient protester contre le refus de Vallourec d’apporter le soutien financier demandé par Altifort, seul candidat à la reprise.

Le groupe franco-belge a fait « une offre ferme » en s’engageant à investir 140 millions d’euros, à maintenir tous les emplois d’Ascoval et à en créer 133 nouveaux. Mais, en contrepartie, l’entreprise a demandé à l’actionnaire Vallourec le maintien du volume de commandes et des prix pendant les 18 mois suivant la reprise.

Mais ces conditions ont été rejetés par Vallourec qui affirme que le soutien demandé par Altifort, chiffré à 51 millions d’euros, serait « contraire à la préservation des intérêts du groupe ». Le délai décidé par le tribunal de Strasbourg doit permettre de valider le dossier de reprise d’Altifort et de trouver un accord avec Vallourec

Le gouvernement se fait prudent sur ce dossier. Avant toute décision sur un éventuel soutien public, il veut un avis indépendant sur la situation économique du site. « On a (…) besoin déjà de mettre un petit peu de rationalité et d’aller au fond du dossier », a déclaré, jeudi, dans la soirée, sur Franceinfo la secrétaire d’Etat à l’économie, Agnès Pannier-Runacher.

« Demain [vendredi], je recevrai l’ensemble des acteurs. On va prendre point par point ce dossier de reprise, (…) voir si Altifort peut aller jusqu’au bout. »

Les propriétaires de l'usine Ascoval à Sainte-Saulve.