« Les hommes dans les métiers dits féminins montent plus vite en hiérarchie et prennent la lumière »

Alors que les femmes qui tentent de s’insérer dans les professions dites masculines se heurtent encore à de nombreux freins, les hommes exerçant dans des métiers féminisés tirent, eux, leur épingle du jeu. Dans Se distinguer des femmes (La Documentation française, 2023), la chercheuse en sociologie Alice Olivier s’est intéressée aux trajectoires de jeunes hommes passés par des études de sage-femme et d’assistant de service social – quasi exclusivement féminines –, et au traitement de faveur qui leur est accordé.

Les attentes portées sur les hommes et sur les femmes sont-elles les mêmes, dans les secteurs très féminisés que vous avez étudiés ?

Pour ce qui est du cœur du métier, notamment le travail de soin et d’attention à l’égard des personnes accompagnées, on attend la même chose des femmes et des hommes. Mais dans notre société où les normes et les inégalités de genre sont encore marquées, on pense aussi souvent qu’elles et ils n’ont pas les mêmes qualités intrinsèques, et que les hommes peuvent apporter quelque chose « en plus » dans ces secteurs très féminisés.

Ainsi, les équipes professionnelles voient souvent d’un bon œil l’entrée d’hommes dans les formations. Elles considèrent qu’ils apportent, comme de façon innée, du sang-froid, de la force physique, de l’humour, qu’ils ont des sujets de conversation intéressants, qu’ils sont plus techniques, plus rationnels et scientifiques. Et les hommes se mettent eux aussi souvent en avant sur ces dimensions.

Ces projections contribuent à les valoriser en stage. D’ailleurs, comme ils sont très peu nombreux, on les y repère vite. Dans des services surchargés comme le sont ceux de sages-femmes, le fait d’être très visible donne plus de place pour montrer ses compétences et pour apprendre. Souvent, on leur pardonne aussi plus facilement leurs erreurs. On considère que les hommes sont « moins scolaires » mais qu’ils ont des qualités de finesse, par exemple, et il y a une forme de bienveillance à leur égard. Cela aide à leur donner confiance en eux.

Comment la mise en avant dont bénéficient les hommes favorise-t-elle leurs parcours ?

Les hommes dans les métiers dits « féminins » montent plus vite en hiérarchie, prennent plus la lumière, connaissent moins de temps partiel ou de chômage. Dans mon étude, j’ai pu voir les racines de ces mécanismes dès la période de la formation. Par exemple, les hommes prennent souvent les rôles de représentation, comme ceux de délégué, de président d’association étudiante ou de porte-parole de la classe, quand bien même celle-ci est composée quasiment exclusivement de femmes. Ces positions leur permettent de renforcer des compétences de leadership, de négociation, d’aisance pour parler en public. Ils trouvent aussi facilement des stages, et sont souvent populaires au sein de leur promotion.

Il vous reste 32.73% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Morts au travail : les inspecteurs du travail mieux informés

Lors d’une manifestation, à Paris, le 4 mars 2023.

Le nombre d’accidents du travail mortels signalés par les agents de contrôle de l’inspection du travail a augmenté de 39 % entre les quatre premiers mois de 2023 et de 2024, mais il s’agirait paradoxalement d’une bonne nouvelle, reflétant une meilleure information des inspecteurs par les employeurs. De janvier à avril, 157 décès sont ainsi remontés via SuiT, le système d’information de la direction générale du travail (DGT), contre 113 sur la même période en 2023, selon un document que Le Monde a pu consulter.

Lire l’enquête | Article réservé à nos abonnés Les morts au travail, une hécatombe silencieuse en France

Faut-il s’attendre à une augmentation supplémentaire du nombre de morts au travail cette année ? Simon Picou, secrétaire national de la CGT de l’inspection du travail, s’interroge : « On voit beaucoup de cas dramatiques, de même qu’une accélération des cadences dans le BTP pour terminer un certain nombre d’ouvrages avant les Jeux olympiques, mais c’est insuffisant pour expliquer cette hausse. »

En réalité, ce comptage interne diffère de celui de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), qui fait autorité même s’il ne concerne que les salariés du régime général : en 2022, 738 d’entre eux ont perdu la vie au travail selon la CNAM, alors que seuls 331 accidents mortels étaient remontés aux inspecteurs. « Notre chiffre n’a pas de visée statistique comme la CNAM, ce sont juste des données de pilotage de l’action des inspecteurs, explique Pierre Ramain, directeur général du travail. Ces remontées nous permettent d’avoir une vision plus précise du contenu des accidents, pour ensuite pouvoir renforcer des mesures de prévention. »

Un malaise

En cas d’accident mortel, une enquête doit théoriquement être faite par les inspecteurs, et un procès-verbal établi. Mais la gendarmerie ou la police, souvent la première à alerter l’inspection, ne le fait pas toujours lorsque la victime décède d’un malaise. Or c’est la cause d’environ la moitié des accidents mortels. « Il y a un problème d’information des inspecteurs, confirme Gérald Le Corre, inspecteur du travail en Normandie et militant CGT. Les collègues n’ont pas le temps d’aller faire des constats, sur des malaises. »

L’augmentation de ce chiffre interne – déjà observée sur l’année 2023 – témoignerait donc d’une meilleure information des inspecteurs. La DGT y voit les effets d’un décret de juin 2023 qui oblige les employeurs à informer l’inspection dans les douze heures lorsqu’un salarié est victime d’un accident mortel. « Les malaises et les décès routiers semblent arriver plus facilement aux inspecteurs », se satisfait Pierre Ramain.

Il vous reste 26.17% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Caddie, le fabricant de chariots de supermarché, a été placé en liquidation avec poursuite d’activité

Logo de l’usine de fabrication Caddie à Drusenheim (Bas-Rhin), le 5 mars 2012

En raison d’une trésorerie en difficulté, la chambre commerciale du tribunal de Saverne (Bas-Rhin) a décidé, jeudi 27 juin, de placer le producteur de chariots de supermarché alsacien en liquidation avec poursuite d’activité. Par ce jugement, la juridiction a décidé de convertir le redressement judiciaire, qu’elle avait prononcé le 28 mai, en cette nouvelle procédure plus dure pour cette entreprise. Deux offres de reprise ont été déposées et seront analysées par le tribunal lors d’une audience le 16 juillet.

La première provient de l’actuel propriétaire, le groupe Cochez, basé à Valenciennes (Nord), spécialisé dans le transport et les services industriels. Celle-ci prévoit de garder quinze des 110 salariés, « abandonnant l’activité industrielle, se focalisant sur une activité de négoce et le reconditionnement de chariots », a affirmé Christophe Gillmé, l’administrateur judiciaire, à l’Agence France-Presse (AFP).

La seconde a été déposée par la société Skade Management de Stéphane Dedieu, ancien propriétaire de Caddie. Celle-ci reprendrait quarante-deux salariés, « conservant l’activité industrielle et développant une activité de négoce », a précisé l’administrateur judiciaire.

Au bord de la liquidation déjà en 2022

A l’issue de ce nouveau jugement, Pierre Dulmet, avocat du comité social et économique de l’entreprise, a fait part de ses attentes concernant les offres des repreneurs auprès de l’AFP. « Caddie reste en vie. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Mais les candidats représentés devront considérablement améliorer leurs offres et présenter les gages suffisants pour convaincre les salariés et le tribunal », a-t-il réagi.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Caddie dans « Le Monde », du supermarché au commerce en ligne

Déjà au bord de la liquidation, Caddie avait été repris en 2022 avec l’aide de fonds publics par Cochez. En mai 2023, l’entreprise avait annoncé arrêter sa production de chariots de supermarché en plastique, mettant en avant un souci environnemental. L’entreprise, dont les origines industrielles et alsaciennes remontent à 1928, a connu son heure de gloire avec l’essor de la société de consommation, indissociable du chariot métallique pour les grandes surfaces, avant de rencontrer des difficultés.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu

Temps de travail : les vendanges sept jours sur sept

Des vendangeurs sur la commune de Ludes, dans la Marne, le 8 septembre 2023.

Même après la défaite des troupes macronistes aux élections législatives, l’exécutif a continué de prendre des décisions ayant un impact sur la vie des travailleurs. Au Journal officiel du 10 juillet – soit trois jours après le second tour du scrutin – a été publié un décret qui autorise la suspension du repos hebdomadaire dans certaines activités agricoles. Le texte a été salué par des parlementaires du camp présidentiel et de la droite, alors que plusieurs syndicats y voient un recul social.

En principe, tout salarié a le droit de marquer une pause par semaine, cette coupure étant au moins de trente-cinq heures consécutives. La règle connaît toutefois des dérogations pour tenir compte d’événements sortant de l’ordinaire ou de contraintes de production. Un exemple : dans le code rural, il est prévu que le repos hebdomadaire peut être suspendu « en cas de circonstances exceptionnelles, notamment de travaux dont l’exécution ne peut être différée ».

Mais cette disposition était jugée floue et a, par ailleurs, donné lieu à des contentieux. Ainsi, en février 2021, la société Moët Hennessy Champagne Services, propriété du groupe LVMH, s’est vu infliger une amende administrative de 17 000 euros pour avoir méconnu la durée minimale du repos hebdomadaire aux dépens de vendangeurs.

Le repos suspendu une fois par mois maximum

Prêt à étudier l’idée de retoucher la réglementation, le gouvernement a engagé, il y a trois ans, des discussions avec des acteurs de la filière produisant le champagne. Parallèlement, quatre structures syndicales affiliées à la CFDT, la CFE-CGC, la CGT et FO ont écrit, en 2021, à Emmanuel Macron pour dire qu’elles soutenaient « pleinement les démarches entreprises par l’Union des maisons de champagne » afin que « soit sécurisé juridiquement le recours à la suspension du repos hebdomadaire ».

Cosigné par le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, et par sa collègue chargée du travail, Catherine Vautrin, le décret publié le 10 juillet s’inscrit donc dans une réflexion qui ne date pas d’hier. Son champ d’application est étroitement circonscrit : il ne joue que pour « les récoltes réalisées manuellement, en application d’un cahier des charges lié à une appellation d’origine contrôlée ou une indication géographique protégée ». Dans ces cas de figure, « le repos hebdomadaire des salariés peut être suspendu une fois au plus sur une période de trente jours ». Il est alors pris à un autre moment, fixé d’un commun accord par le patron et par son collaborateur.

Il vous reste 56.04% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Les salaires réels des enseignants français en milieu de carrière stagnent, selon l’OCDE

Rentrée scolaire dans une école élémentaire, à Nice, en 2023.

Les professeurs ayant plus de quinze ans d’ancienneté, soit près de 70 % de la profession, attendent toujours une revalorisation significative de leurs salaires, qui ont subi un décrochage significatif en quelques décennies. L’édition 2024 du rapport « Regards sur l’éducation », réalisée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et publiée mardi 10 septembre, vient une nouvelle fois étayer leur demande, alors qu’Emmanuel Macron avait promis, lors de sa réélection, en 2022, d’augmenter tous les enseignants de 10 %.

Les salaires réels de ces enseignants chevronnés sont restés stables entre 2015 et 2023, constate l’organisation intergouvernementale. Si les salaires « statutaires » des professeurs de collège ont crû de 15 %, entre 2015 et début 2023 sans l’inflation, cette hausse n’est que de 1 % si l’on tient compte de la montée des prix. Dans le même temps, la hausse réelle des rémunérations s’est élevée à 4 % dans la moyenne des pays de l’OCDE.

L’augmentation est toutefois plus marquée pour les enseignants français en début de carrière : elle est de l’ordre de 5 %, entre 2015 et 2023. « Si la France rattrape son retard sur les rémunérations des enseignants débutants, ce n’est toujours pas le cas pour les professeurs en milieu de carrière », remarque Eric Charbonnier, analyste à l’OCDE. Les enseignants français avec plus de quinze ans d’ancienneté possèdent toujours des salaires plus bas de 16 % en comparaison avec la moyenne des pays de l’OCDE.

« Il nous reste beaucoup à faire »

La ministre de l’éducation nationale démissionnaire, Nicole Belloubet, l’a reconnu lors de la présentation de « Regards sur l’éducation », dans les locaux de l’OCDE, à Paris : « Les données comparatives de rémunérations des enseignants sont encore, au moins pour les milieux de carrière, au désavantage de notre pays. Il nous reste beaucoup à faire pour renforcer l’attractivité du métier d’enseignant », juge la responsable politique.

En septembre 2023, de nouvelles hausses de salaire sont intervenues. Les titulaires débutent désormais à 2 100 euros net par mois contre moins de 1 700 euros en 2020. Les enseignants ayant jusqu’à dix ans d’ancienneté ont perçu 200 euros net supplémentaires et ceux qui affichent plus de quinze ans d’ancienneté ont reçu 95 euros. En parallèle, moins d’un enseignant sur trois a signé un pacte, ce dispositif qui prévoit la rémunération de missions supplémentaires comme le remplacement de courte durée.

Ce chantier des rémunérations des enseignants est donc à l’arrêt depuis près d’un an. En octobre 2023, Gabriel Attal, alors ministre de l’éducation nationale, avait jugé, dans un entretien au Monde , qu’il fallait « avancer sur les autres leviers de l’attractivité » du métier d’enseignant. Mais la valse des ministres de l’éducation, entre décembre 2023 et février 2024, puis la dissolution de l’Assemblée nationale ont interrompu toute concertation sur le sujet.

Il vous reste 11.47% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Gouvernement Barnier : Astrid Panosyan-Bouvet, une macroniste à la fibre plus sociale au ministère du travail

Astrid Panosyan-Bouvet, le 20 juin 2022 à Paris.

Cette fois, c’est la bonne. Déjà pressentie pour occuper le poste lors du remaniement de janvier, Astrid Panosyan-Bouvet a été nommée ministre du travail et de l’emploi, samedi 21 septembre. Députée (Renaissance) de Paris depuis 2022, elle suivait particulièrement ces thématiques à l’Assemblée nationale. Elle succède à Catherine Vautrin, qui devient ministre des partenariats avec les territoires. Mais, contrairement à sa prédécesseure, Astrid Panosyan-Bouvet ne s’occupera pas de la santé et des solidarités en même temps.

C’est une première expérience gouvernementale pour cette proche d’Emmanuel Macron, âgée de 53 ans, et diplômée de HEC, Sciences Po et de la Harvard Kennedy School of Government, à Boston. Ancienne adhérente du Parti socialiste, elle a cofondé En marche ! en 2016, le mouvement d’Emmanuel Macron, dont elle avait été la conseillère à Bercy en 2014. Son engagement politique suit une longue carrière dans le privé, notamment chez Groupama, où elle a été secrétaire générale de 2011 à 2014.

Alors que de gros dossiers l’attendent Rue de Grenelle, ses positions vont être scrutées. Car c’est aussi une voix qui a su se faire dissonante au sein de la Macronie sur l’orientation de la politique menée depuis plusieurs mois. Elle devra tout d’abord s’occuper de l’assurance-chômage. Alors qu’une réforme avait été amorcée par l’ancien premier ministre Gabriel Attal, au printemps, celle-ci a été suspendue lors de l’entre-deux-tours des élections législatives. Prolongées plusieurs fois, les règles d’indemnisation des demandeurs d’emploi actuellement en vigueur arrivent à échéance le 31 octobre.

« L’exemple de la Finlande »

D’ici là, Astrid Panosyan-Bouvet a plusieurs options sur la table. Relancer la réforme du précédent gouvernement, qui augmentait la durée de travail nécessaire pour ouvrir des droits au chômage et réduisait la durée d’indemnisation maximale. Un projet auquel elle s’était clairement opposée lorsqu’elle était députée. « La question du travail et de l’emploi doit être vue dans son ensemble. Si un seul levier, celui de l’assurance-chômage, est activé, on rate la cible », expliquait-elle au Monde en avril.

Elle avait aussi récusé les propos répétés du ministre de l’économie d’alors, Bruno Le Maire, qui jugeait que la « générosité » du modèle français empêchait le pays d’atteindre le plein-emploi – autour de 5 % de chômage, contre 7,5 % aujourd’hui. La membre de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale avait rappelé que d’autres pays en Europe versaient une allocation-chômage plus élevée que dans l’Hexagone et que les régimes d’indemnisation moins avantageux n’empêchaient pas les tensions de recrutement.

Il vous reste 50.99% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Les propositions de deux économistes pour « désmicardiser la France »

Ce n’est pas un big bang ni une révolution, mais des propositions prudentes pour améliorer un système d’une complexité extrême. Jeudi 3 octobre, les économistes Antoine Bozio et Etienne Wasmer ont remis leur rapport sur les politiques d’exonération de cotisations sociales. Le résultat d’une mission confiée par l’ancienne première ministre Elisabeth Borne à l’issue de la conférence sociale d’octobre 2023 pour évaluer l’impact de ces allègements sur la progression des salaires.

Car les politiques de tous bords le répètent depuis des mois : le travail doit mieux payer. Dès sa nomination à Matignon, Michel Barnier a dit vouloir « revaloriser le travail ». Son prédécesseur, Gabriel Attal, souhaitait, lui, « désmicardiser la France », une phrase dont il avait presque fait un slogan. De fait, jamais la France n’a compté autant de personnes payées au smic. Au 1er janvier 2023, ce sont 17 % des salariés du privé qui étaient rémunérés au niveau du salaire minimum.

Plusieurs raisons expliquent cette situation. D’abord, le fait que le smic soit indexé sur l’inflation. Ainsi, le contexte inflationniste que la France a connu ces dernières années a fait passer le smic de 1 554,58 euros brut début 2021 à 1 766,92 euros début 2024. Mais le tassement des salaires au niveau du smic est également dû au système d’exonérations de cotisations sur les salaires mis en place à partir des années 1990.

Un scénario réalisé à budget constant

C’est tout l’objet du rapport remis par Antoine Bozio et Etienne Wasmer. Les deux économistes posent un diagnostic et dressent un état des lieux indispensable de trois décennies de politique de réduction de cotisations sociales. Le premier enseignement est que « le système est d’une complexité redoutable, avec des barèmes, des assiettes et des taux de cotisations multiples et enchevêtrés, des exonérations tout aussi multiples et, au final, des milliards de combinaisons possibles et stratifiées, avec très rarement de remise à plat de ces superpositions », écrivent-ils, appelant donc à une grande simplification des choses.

Surtout, ils proposent des pistes de réformes à court terme que le gouvernement pourrait sans doute reprendre à son compte. Dans sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale, le 1er octobre, Michel Barnier l’a d’ailleurs clairement exprimé : « Il est désormais démontré que notre dispositif d’allègement de charges freine la hausse des salaires au-dessus du smic : nous le reverrons. » Reste à savoir quand, et sous quelle forme.

Il vous reste 62.31% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Guillaume Meurice considère son licenciement de Radio France comme une « victoire idéologique » de « l’extrême droite »

L’humoriste Guillaume Meurice juge que « l’extrême droite » a remporté une « victoire idéologique » après son licenciement par Radio France, mardi 11 juin, pour « faute grave ». La présidente de la maison ronde, Sibyle Veil, lui reproche sa « déloyauté répétée » pour avoir réitéré ses propos polémiques sur le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.

« On en rirait volontiers si l’histoire s’arrêtait à mon cas personnel. Mais le projet est global », écrit-il mercredi 12 juin dans une « lettre à France Inter », son ancienne radio, postée sur le réseau social X. « Les “libéraux” sont en train de livrer le pays clés en main à l’extrême droite, lui offrant, ce jour, une énième victoire idéologique », poursuit-il, alors que le RN se présentera en position de force aux législatives anticipées des dimanches 30 juin et 7 juillet.

Sans nommer Sibyle Veil ni la directrice de France Inter, Adèle Van Reeth, Guillaume Meurice a fustigé dans sa lettre les « âmes de si peu de scrupules » qui dirigent la station, en leur reprochant « leur soif d’obéir » et « leur brutalité ».

Série de départs à France Inter

Figure de l’émission « Le Grand Dimanche soir », présentée par Charline Vanhoenacker, l’humoriste avait répété à la fin d’avril ses propos polémiques sur Benyamin Nétanyahou tenus une première fois à la fin d’octobre. L’humoriste l’avait comparé à une « sorte de nazi mais sans prépuce », ce qui avait déclenché des accusations d’antisémitisme et une plainte, finalement classée sans suite. L’incident avait aussi valu à Radio France une mise en garde de l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel.

Plusieurs chroniqueurs de l’émission ont annoncé leur départ par solidarité avec Guillaume Meurice : Aymeric Lompret, GiedRé, Laélia Véron et, dans la matinée de mercredi 12 juin, Thomas VDB.

Pour sa part, Charline Vanhoenacker a dit mercredi 12 juin prendre « acte que celui qui a fait honneur au service public est aujourd’hui remercié ». « Le bouffon congédié, plusieurs de mes camarades ayant démissionné, ma troupe amputée, il faudra une fois encore m’adapter », a-t-elle écrit sur X, allusion au fait que son émission est passée l’an dernier d’un rythme quotidien à hebdomadaire.

Mardi 11 juin, dans un e-mail aux salariés, Sibyle Veil a fait valoir que Guillaume Meurice n’avait « pas laissé d’autre choix » à Radio France que de le congédier. « En réitérant finalement ses propos à l’antenne en avril, Guillaume Meurice a ignoré l’avertissement qu’il avait reçu, la mise en garde de l’Arcom et détourné la décision du procureur » de classer la plainte sans suite, a-t-elle argumenté.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu

Paris 2024 : à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, des salariés du comité d’organisation en grève

Accueil de l’équipe de volley-ball d’Argentine à l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle, le 23 juillet 2024.

A leur sortie de la navette qui relie les terminaux de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, les voyageurs n’ont pas eu droit à l’accueil souriant des volontaires tout en vert des Jeux olympiques et paralympiques : à la place, des personnes en chasuble CGT leur distribuant des tracts, sous surveillance policière, et les uniformes bleus des salariés du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (COJOP).

Six d’entre eux ont débrayé pendant une heure, vendredi 6 septembre, en début d’après-midi, avec le soutien d’une dizaine d’autres salariés qui venaient de finir leur journée. Ces employés occupent tous des postes de « coordinateurs transport » ou « arrivées et départs » (A & D) : en CDD depuis deux ou trois mois, ils orientent les délégations et personnes accréditées vers leurs logements ou sites de compétition.

Ils réclament une prime exceptionnelle pour compenser les horaires importants consentis depuis leur arrivée, ainsi que le paiement de leurs heures supplémentaires, parfois effectuées la nuit. Les salariés rencontrés disent tous avoir travaillé au moins cinquante heures par semaine, parfois bien plus.

Mais comme l’intégralité des salariés du COJOP, ils ne sont pas éligibles aux heures supplémentaires, car leur contrat est au forfait jours : tels des cadres, ils n’ont pas d’horaires définis et sont censés être libres de leur organisation du travail. Seul problème, résume Sarah (le prénom a été changé), coordinatrice : « On nous a imposé un planning avec des horaires fixes, dix heures par jour, debout sans chaise, six jours sur sept, dès notre arrivée. On ne nous avait rien dit de cela lors du recrutement. » « On ne m’a jamais demandé de réfléchir, on m’a demandé des missions d’exécution », relève Rayane, du service A & D.

Remonter les doléances

Depuis plusieurs semaines, comme eux, plusieurs dizaines de salariés se sont réunis dans les nombreux départements que compte le COJOP, notamment sous l’impulsion de la CGT de Seine-Saint-Denis, qui tente d’organiser le mouvement social malgré son absence des instances représentatives du personnel. Seul syndicat élu, la CFDT a également reçu des salariés ces dernières semaines, pour faire remonter leurs doléances. L’inspection du travail suit également le dossier.

Outre le temps de travail, les grévistes racontent leur manque d’information et de formation depuis leur arrivée. Très majoritairement âgés de moins de trente ans, ils ne connaissaient pas leurs droits, ni la définition du forfait jours.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Jeux paralympiques : l’accessibilité du métro parisien en question

Fatigués par deux mois intenses, ils s’estiment aussi floués par rapport aux salariés embauchés par le COJOP avant juin 2024, qui ont pu bénéficier d’une prime de 600 euros. « Nous on ne mérite rien ? On a l’impression que les derniers arrivés sont les moins bien lotis », déplore Rayane.

Il vous reste 37.78% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

La marque de prêt-à-porter Esprit placée en liquidation judiciaire en France

La marque de prêt-à-porter Esprit a été placée en liquidation judiciaire en France, quatre mois après que le groupe a annoncé avoir déposé le bilan pour ses activités en Europe. « L’activité ne peut plus être poursuivie et (…) il n’existe aucune possibilité de présenter un plan de redressement permettant d’apurer le passif », a estimé le tribunal de commerce de Nanterre (Hauts-de-Seine) dans sa décision datée du jeudi 9 septembre et consultée par l’Agence France-Presse (AFP).

Esprit de Corp France, basé à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), avait été placé en redressement judiciaire le 18 juillet. « A la date de clôture du dernier exercice social », l’entreprise employait en France 145 salariés et son chiffre d’affaires annuel s’élevait à près de 32 millions d’euros, pouvait-on lire dans la décision de redressement judiciaire de juillet.

La marque était alors présente dans plus d’une centaine de points de vente en France, selon son site consulté en juillet.

Séquelles de la pandémie de Covid-19

Le groupe, basé en Allemagne et coté à la Bourse de Hong Kong, avait annoncé en mai qu’il avait déposé le bilan pour ses activités en Europe, tablant sur une restructuration pour surmonter ses difficultés, liées notamment à la hausse de ses coûts et aux séquelles de la pandémie de Covid-19.

Le dépôt de bilan concerne la filiale Esprit Europe et six autres sociétés allemandes du groupe. Les filiales en Suisse et en Belgique, où Esprit a aussi des magasins, avaient déposé le bilan en mars et en avril.

Cette enseigne de vêtements a été fondée en 1968 à San Francisco par un couple hippie américain, Douglas et Susie Tompkins – également à l’origine de la marque The North Face –, qui vendaient leurs premiers articles en sillonnant la Californie à bord d’un minibus Volkswagen.

Les fondateurs ne sont plus aux commandes depuis longtemps. Le groupe est coté depuis 1993. Son siège est situé en Allemagne à Ratingen, près de Düsseldorf (ouest du pays). Esprit indique être présent dans plus de 40 pays avec 586 magasins.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Habillement : la griffe française Sessùn passe sous pavillon italien

Le Monde

Réutiliser ce contenu