L’Allemagne discute d’une réduction du temps de travail dans l’industrie

Jörg Hofmann, président du syndicat IG Metall, en 2015.

Pour sauver les emplois, faut-il réduire durablement le temps de travail ? C’est ce que défend Jörg Hofmann, le président du syndicat IG Metall (2,3 millions de membres), qui redoute un automne dramatique pour les emplois dans l’industrie. La semaine de quatre jours pour tous pourrait permettre de « conserver les emplois dans l’industrie au lieu de les détruire, » défend-il. Le sujet pourrait être au cœur des prochaines négociations salariales de la branche.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dans l’automobile allemande, les petits équipementiers redoutent les faillites

La semaine de quatre jours revient régulièrement dans le débat allemand. En 2018, un « droit à la semaine de 28 heures » pendant deux ans avait été négocié par IG Metall pour offrir plus de flexibilité aux salariés de l’industrie, notamment aux femmes. La semaine de quatre jours avait surtout été adoptée en 1994 chez Volkswagen, lui permettant de sortir de l’ornière. Pour IG Metall, la mesure pourrait être utilisée dans la crise actuelle, dont les effets sur l’emploi pourraient être bien plus destructeurs que celle de 2009. Elle survient en effet au moment où l’industrie allemande est en pleine transition technologique vers le numérique et le moteur électrique. « La semaine de quatre jours serait la réponse à la transition actuellement en cours dans certaines branches comme l’automobile », soutient M. Hofmann.

A court de liquidités

IG Metall est convaincu que maintenir les employés en poste en réduisant leur temps de travail est une méthode qui a fait ses preuves et qui est avantageuse pour les entreprises. En 2010, les mesures de chômage partiel avaient permis aux entreprises allemandes de se relever très rapidement, sans grosse destruction d’emplois, en profitant au bon moment de la forte demande asiatique de véhicules et biens d’équipement.

Mais cette fois-ci, la crise pourrait durer nettement plus longtemps et les entreprises se retrouver à court de liquidités. Daimler, ZF et Bosch négocient donc actuellement des réductions du temps de travail avec leurs salariés. Jörg Hofmann suggère que toutes les entreprises adoptent les mêmes mesures, mais avec une compensation salariale. « Il faut que les salariés puissent se le permettre », insiste-t-il.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’économie allemande plonge au deuxième trimestre

La proposition est loin de faire l’unanimité au sein du patronat. Les entreprises de taille moyenne ne survivront pas, redoutent certains experts. « L’économie allemande subit actuellement un gigantesque choc de productivité », a déclaré le président de la fédération patronale BDA, Steffen Kampeter. « Une semaine de quatre jours ne ferait que renforcer ce choc », redoute-t-il, assurant que « la crise ne peut être surmontée qu’avec davantage de travail et de sécurité pour les salariés ». Pour Michael Hüther, directeur de l’institut économique de Cologne, proche du patronat, la semaine de quatre jours avec compensation salariale « ne serait rien d’autre que la prolongation de la crise, et donc une capitulation devant elle ».

Il vous reste 23.4% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Le refus du port du masque pourrait constituer une « faute » professionnelle

Le ministre délégué aux PME, Alain Griset, a affirmé, mercredi 19 août, sur BFM-TV que le refus du port du masque en entreprise pourrait constituer une « faute » professionnelle, au lendemain des annonces du gouvernement visant à renforcer le port du masque sur les lieux de travail.

« Si jamais le salarié refuse de mettre le masque, d’abord, l’employeur lui fera les remarques, il pourra lui donner un avertissement et ça pourra être considéré comme une faute », a fait savoir le ministre délégué, en déplacement à Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes). Il a, cependant, assuré que, globalement, il « préfère faire confiance à la responsabilité de chacun ».

Le Monde

Une « handimarche » pour garder son emploi

« Nous, on est des smicards, on transpire tous les mois pour 1 200 balles, on demande juste qu’on nous laisse travailler. » Tous les jours depuis lundi 17 août, Emile Prono plaide sa cause et celle de ses collègues du groupe Earta là où ses pas le portent. Lundi à Nantes, mardi à Ancenis (Loire-Atlantique), mercredi à Angers, puis ce sera Le Mans, La Ferté-Bernard (Sarthe), Chartres, et s’il n’a pas été entendu d’ici là, le délégué syndical CFDT Santé-sociaux et trésorier du CSE de la société sarthoise sera à Paris, le 31 août, devant le palais de l’Elysée ou l’Hôtel Matignon – voire les deux.

Avec lui, une vingtaine de collègues participe à cette « handimarche » de combat un brin désarmante : au 1er septembre, une partie des 230 salariés atteints de handicap (sur les 250 que compte l’entreprise dans la Sarthe et en Loire-Atlantique) risque de se retrouver sans activité. Tant que Presstalis existait, en effet, Earta sous-traitait les invendus de la presse récupérés par la SAD (Société Agence diffusion) sur une partie de l’Ouest de la France : d’un côté, des publications partaient au pilon (les quotidiens, les hebdomadaires), de l’autre, des titres (mensuels, trimestriels, hors-séries, etc.) étaient reconditionnés, en route pour une nouvelle vie en kiosque.

Une « situation inextricable »

Depuis que Presstalis, reprise par les quotidiens début juillet, est devenue France Messagerie (au prix d’une restructuration drastique), la SAD, l’une de ses filiales, a été liquidée, faisant passer sa collaboration avec Earta de vie à trépas. « On a investi 800 000 euros ces dernières années pour industrialiser la gestion des invendus, on a embauché 50 personnes, etc., se désole Didier Rio, le patron d’Earta. Presstalis apportait 2 des 7 millions d’euros de notre chiffre d’affaires. Si cela s’arrête, on va perdre 30 % à 35 % de notre activité, et je n’aurai d’autre choix que de licencier une soixantaine de salariés. » Dans l’espoir de retourner la situation, Didier Rio marche, lui aussi.

Lire aussi Repris par les quotidiens, Presstalis devient France Messagerie et se restructure

« En coordination entre France Messagerie et les MLP [l’autre distributeur de la presse en France], ces mandats ont été réattribués à des opérateurs qualifiés, indépendants, qui ont leurs propres salariés à faire travailler », justifie Cédric Dugardin, le directeur général de France Messagerie, qui parle de « situation inextricable ». Un seul des dépositaires qui récupèrent cette activité de retour des invendus, celui du Mans, a accepté de continuer de travailler avec Earta ; celui de Nantes, lui, n’y tient pas.

Il vous reste 20.5% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

L’usine Cargill, à Haubourdin, s’apprête à licencier une centaine de personnes

Des employés de l’usine Cargill, à Haubourdin (Nord), manifestent pour soutenir les anciens employés de Goodyear d’Amiens, le 28 janvier 2020.

Le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) présenté par la direction de Cargill est « susceptible de conduire au licenciement de 186 salariés », selon une décision consultée par l’Agence France-Presse (AFP) mardi. L’usine d’Haubourdin (Nord) emploie environ 300 personnes et transforme du maïs, en provenance essentiellement du sud de la France et du sud de l’Europe.

La direction veut y abandonner l’activité d’extraction d’amidon, qu’elle dit être déficitaire, et se « repositionner » sur la deuxième activité du site, la transformation de l’amidon en ingrédient industriel de spécialité pour la pharmacie et l’alimentation infantile.

Dans sa décision datée du lundi 17 août, la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) estime « suffisantes » les mesures d’aide au reclassement interne et externe et que les « mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des salariés consécutivement au plan de réorganisation » sont prévues.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Roubaix, l’industrie textile fait preuve de résilience

« 129 personnes licenciées au maximum », d’après la direction

Selon la Direccte, le projet de licenciement collectif porte sur 170 suppressions de poste et 16 modifications de contrat de travail « susceptibles de conduire au licenciement pour motif économique de 186 salariés ». D’après les chiffres de la direction, il y aura « 129 personnes licenciées au maximum », grâce à la « création de 30 postes et un investissement de 30 millions d’euros dans les deux ans ».

Les chiffres qui apparaissent dans la décision officielle de la Direccte sont dus à « un problème technique, informatique, côté Direccte, des champs » dans un logiciel que la direction de Cargill « n’a pas pu modifier », affirme-t-on à l’AFP du côté de la direction.

Une « imprécision vertigineuse et des lacunes » que l’avocat des salariés, Fiodor Rilov, compte utiliser pour faire annuler l’homologation et suspendre le PSE, en saisissant le tribunal administratif et le tribunal judiciaire de Lille.

« L’objectif, c’est de stopper cette restructuration, de faire barrage à ce projet qui n’a pas de justification valable. C’est un démantèlement d’usine pour accroître la profitabilité d’un groupe déjà extrêmement prospère », a réagi auprès de l’AFP M. Rilov.

Cargill fait partie des quatre géants mondiaux de l’agrobusiness et du commerce des matières premières agricoles.

L’usine d’Haubourdin, qui fournit notamment des produits de dialyse, a continué à tourner pendant le confinement, mais ni la demande des clients ni la production n’ont augmenté, selon la direction.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le nouveau coronavirus, une aubaine pour les sociétés qui veulent licencier

Le Monde avec AFP

De nouvelles règles sanitaires en entreprise proposées « d’ici fin août » par le gouvernement

Elisabeth Borne quitte l’Elysee à Paris, le 21 octobre 2019.

Le gouvernement veut modifier « d’ici à la fin août » les règles sanitaires pour endiguer le coronavirus en entreprise, notamment via le « port obligatoire du masque » dans certaines situations, affirme la ministre du travail, Elisabeth Borne, dans un entretien au Journal du Dimanche du 16 août.

Lire aussi La progression du coronavirus en France est au plus haut depuis la fin du confinement

A deux semaines de la rentrée et en pleine reprise épidémique, « nous présenterons mardi aux partenaires sociaux les premières évolutions que nous proposons d’introduire », annonce Mme Borne, ajoutant que ces décisions devront être prises « dans les jours qui viennent, pour que les nouvelles règles puissent s’appliquer d’ici à la fin août ».

Parmi ces mesures, « le port obligatoire du masque » sera préconisé « dans les salles de réunion où il n’y a pas d’aération naturelle [et] les espaces de circulation », mais pas forcément dans les bureaux individuels où « il n’est sans doute pas nécessaire », précise-t-elle.

Elisabeth Borne explique que le télétravail devra être mis en place chaque fois qu’il est possible dans les zones de circulation active du nouveau coronavirus.

Appel à la vigilance des employeurs

La ministre entend saisir le Haut conseil de santé publique sur le cas des « open spaces » et l’efficacité des vitres de plexiglas pour protéger les salariés. Elle ne voit, en revanche, « pas de raison pour remettre en cause la règle actuelle de distanciation » imposant un mètre carré par poste de travail.

Pour leur part, les employeurs doivent se montrer « plus vigilants » quand « des travailleurs sont accueillis dans un hébergement collectif, comme c’est le cas pour les saisonniers », mais aussi « dans les milieux froids et humides » comme les abattoirs, estime Mme Borne.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi En France, une baisse du chômage en trompe-l’œil au deuxième trimestre

Par ailleurs, la ministre du travail reconnaît que la crise économique provoquée par le coronavirus « se traduit par plus de plans sociaux », avec « 275 plans de sauvegarde de l’emploi enclenchés depuis début mars ».

L’agence Santé Publique France a rapporté, samedi, que la France avait enregistré 3 310 nouvelles contaminations au nouveau coronavirus en vingt-quatre heures.

Le Monde avec AFP et Reuters

Le Covid-19, une aubaine pour les sociétés qui veulent licencier

Des bus du groupe Keolis Meyer, au dépôt d’Avrainville (Essonne), le 3 mars 2020.

C’est une « avalanche de PSE » (plans de sauvegarde de l’emploi) qui déferle actuellement, observe l’avocat Fiodor Rilov. « En vingt ans de carrière, je n’ai jamais vu ça. » Entre le 1er mars et le 19 juillet, 275 PSE ont été enregistrés, selon les données de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), soit 43 343 suppressions de postes envisagées, auxquelles s’ajoutent 2 023 « petits licenciements collectifs » (de 2 à 9 salariés licenciés). Un an plus tôt, 214 PSE avaient été enregistrés sur la même période, représentants 16 514 postes.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi La seconde vague, celle des plans sociaux, touche la France

La faute au Covid-19 ? Pas toujours. Chez Cargill Haubourdin (Nord), filiale du géant américain du négoce et de la transformation de produits agricoles, la procédure d’information-consultation lancée fin 2019 et suspendue durant le confinement a été relancée le 26 juin. « On avait pensé y échapper, indique Dorian Vallois, délégué syndical CGT, car, durant le confinement, on a tourné à plein régime. En fait, la direction dit que l’usine est structurellement en déficit. Mais alors pourquoi avons-nous eu 250 euros de participation en janvier 2020 ? Notre avocat va demander les comptes consolidés de l’usine auprès du siège américain de Cargill. » Sollicitée, la direction de Cargill ne nous a pas répondu.

« Les PSE alibis : ils ne sont pas du tout concernés par le Covid mais sont lancés en espérant être noyés dans la vague » Olivier Laviolette, membre du comité de direction de Syndex

Olivier Laviolette, membre du comité de direction de Syndex, cabinet d’expertise auprès des comités économiques et sociaux (CSE), distingue trois types de PSE. « Ceux directement liés au Covid-19, comme dans le tourisme, le commerce, avec Camaïeu, ou encore dans l’aéronautique ; les PSE d’opportunité : ils sont “habillés” Covid mais étaient déjà envisagés avant ; les PSE alibis : ils ne sont pas du tout concernés par le Covid mais sont lancés actuellement, en espérant être noyés dans la vague, comme l’emblématique PSE de Nokia. »

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les ingénieurs, victimes collatérales de l’aéronautique en crise

Dans l’aéronautique, au-delà des PSE d’Airbus ou d’Air France, il y a ceux des sous-traitants, moins connus, comme chez Sogeclair à Toulouse (245 suppressions envisagées). Dans certains cas, les 2 premières catégories de PSE peuvent se superposer. « Certes, des donneurs d’ordre réduisent leurs commandes, analyse M. Laviolette, mais aussi ils réinternalisent des activités pour atténuer la baisse de leur propre activité. Et ce mouvement était engagé avant le Covid. »

Il vous reste 47.09% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Etats-Unis : la création d’emplois chute au mois de juin ; le chômage baisse et s’établit à 10,2 %

Sur un chantier de construction, à New York.

L’économie aux Etats-Unis a créé 1,8 million d’emplois au mois de juillet, selon les statistiques publiées par le département du travail, vendredi 7 août. Un chiffre très inférieur à celui du mois de juin, le redémarrage de l’activité ayant été ralenti par la résurgence du virus dans une large partie du pays.

Le mois de juin avait enregistré un record, avec 4,8 millions de créations d’emplois. En juillet, un tiers environ des emplois créés l’ont été dans les secteurs des loisirs et de l’hébergement, touchés de plein fouet par la pandémie de Covid-19, a précisé le département du travail.

Les licenciements enregistrés en mars et en avril ont été si massifs que les créations d’emplois enregistrées en mai et juin laissent encore des dizaines de millions d’Américains sans travail. La reprise à la hausse du nombre de cas de nouveau coronavirus, à partir du mois de juin aux Etats-Unis, a contraint plusieurs Etats du Sud et de l’Ouest à mettre un frein au redémarrage de l’activité.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Ralentissement économique historique et récession aux Etats-Unis

Nouvelle fermeture des restaurants

Le taux de chômage de juillet a, pourtant, diminué un peu plus que prévu et s’établit à 10,2 % quand les analystes tablaient sur 10,5 %. En juin, il était de 11,1 %. Ce taux reste toutefois toujours loin du plus bas historique d’avant la pandémie de Covid-19, enregistré en février (+ 3,5 %).

Des commerces et restaurants, qui avaient rouvert quelques semaines auparavant, ont dû fermer de nouveau leurs portes et souvent licencier des salariés qu’ils venaient d’embaucher ou réembaucher. En conséquence, les nouvelles inscriptions au chômage étaient même reparties à la hausse pendant deux semaines fin juillet, pour la première fois depuis avril.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Schlumberger supprime 21 000 emplois, soit un quart de ses effectifs à travers le monde

Les restaurants et bars ont créé 502 000 emplois, en net ralentissement par rapport aux mois de mai et juin au cours desquels un total de 2,9 millions d’emplois avaient été créés. Le secteur compte 2,6 millions d’emplois de moins qu’en février, avant le début des mesures de confinement. Les autres secteurs qui ont créé des emplois sont l’administration, le commerce de détail, les services aux entreprises et la santé, précise le communiqué du département du travail.

Le Monde avec AFP

Après une chute historique, l’emploi salarié a limité la casse au deuxième trimestre

Compte tenu du contexte, le chiffre résonne presque comme une bonne surprise. D’avril à fin juin, sur un trimestre où le produit intérieur brut (PIB) de l’économie française a plongé de 13,8 %, le nombre d’emplois détruits n’est « que » de 119 400 emplois, soit 0,6 % des effectifs salariés. Le trimestre précédent, marqué par le début du confinement le 17 mars et la fermeture de très nombreux commerces et services, près d’un demi-million d’emplois avaient disparu, soit 2,5 % des emplois. Sur le premier semestre 2020, l’emploi salarié dans le secteur marchand a chuté de 3,4 %, soit la plus forte chute sur un semestre depuis que cette statistique existe. A titre de comparaison, au cœur de la crise économique de 2008-2009, cet indicateur avait baissé de 1,7 % entre septembre 2008 et mars 2009.

Lire aussi L’économie française s’est effondrée au deuxième trimestre

Le signal positif du deuxième trimestre provient du retour des intérimaires. Le nombre de missions a rebondi de manière significative avec 108 500 emplois (équivalent temps plein) créés, en hausse de 23,1 % après une chute historique de 40,4 % durant le trimestre précédent. Dans de nombreux secteurs, en effet, l’ajustement à la baisse des emplois s’était fait au détriment, en premier lieu, des travailleurs intérimaires.

Réouverture des bars et restaurants

« La baisse de l’emploi est très limitée par rapport à la baisse de l’activité et au recul du PIB, souligne Sylvain Larrieu, économiste à l’Insee. Cela montre que l’essentiel de cette diminution d’activité s’est traduit par des mesures de chômage partiel ou par des congés classiques. Les personnes ont travaillé moins d’heures, mais ont conservé leur emploi. » Cette analyse est étayée par les chiffres de Pôle emploi : en juin, le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A – n’exerçant aucune activité – avait baissé de 4,6 % par rapport au mois précédent. Une baisse due au retour de demandeurs d’emploi vers une activité réduite, selon les chiffres du service public de l’emploi publiés le 27 juillet. Il n’en reste pas moins que l’étiage reste particulièrement bas : les effectifs salariés dans le secteur privé sont revenus à leur niveau de juin 2017, effaçant ainsi toutes les créations d’emplois constatées en deux ans et demi.

« Les mesures de déconfinement et les plans de soutien ont permis à la majorité des TPE-PME de reprendre leur activité et ainsi de remobiliser leurs salariés », confirme Jean-Philippe Romero, membre du Cercle Perspectives, qui regroupe environ 15 000 experts-comptables qui travaillent auprès de 80 000 entreprises. Selon les données sociales – bulletins de salaires, déclarations d’embauche, etc. – examinées par ces professionnels, « le taux d’inactivité s’établit à une moyenne nationale de 14 %, soit une baisse de 13 points entre mai et juin ».

Il vous reste 48.67% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Le présentéisme, une maladie bien française

Paradoxalement, plus le travail est intense, envahissant − débordant sur la vie privée, par exemple ou contraint −, plus le présentéisme est affirmé

Aller travailler alors qu’on est souffrant serait-il une maladie particulièrement française ? A l’encontre des idées toutes faites sur l’absentéisme dont feraient preuve les salariés hexagonaux, une note de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) publiée, mercredi 5 août, tend à démontrer qu’au contraire les Français auraient tendance à aller au travail alors qu’ils devraient plutôt garder la chambre.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi A la faveur de la crise, la réforme de la santé au travail relancée

En 2016, selon les données Insee, les salariés (public et privé confondus) ont déclaré avoir été malades onze jours en moyenne. Sur ces onze jours, ils sont restés chez eux huit jours, mais ont préféré se rendre sur leur lieu de travail les trois autres journées. Autrement dit, un jour de maladie sur quatre est passé au travail, selon cette étude qui s’appuie sur les déclarations de 27 000 salariés et sur l’enquête « Conditions de travail et risques psychosociaux » de 2016. Ce phénomène ne concerne toutefois que les salariés en bonne ou relativement bonne santé, qui sont ponctuellement malades. Les salariés en mauvaise santé, souffrant de pathologies longues et qui cumulent de nombreux jours d’absence dans l’année, sont peu ou pas concernés par le présentéisme.

Peur de perdre son emploi

Quels sont les motifs qui poussent ainsi les salariés à préférer leur bureau − ou leur poste de travail − au calme de leur domicile ? « La propension au présentéisme dépend fortement des conditions de travail », répond Ceren Inan, statisticien à la Dares et auteur de cette étude inédite. Paradoxalement, plus le travail est intense, envahissant − débordant sur la vie privée, par exemple ou contraint −, plus le présentéisme est affirmé. De même, le sentiment de ne pas disposer des moyens nécessaires pour faire correctement son travail est facteurs de présentéisme − le salarié craignant que son absence n’aggrave encore les choses à son retour ou bien que la charge ne retombe sur les épaules des collègues.

Lire aussi Vives inquiétudes autour de la reconnaissance du Covid-19 comme maladie professionnelle

L’ambiance de travail joue aussi : des relations tendues avec la hiérarchie, être en butte à l’hostilité de certains collègues ou traverser une période de réorganisation dans son entreprise poussent à éviter de s’absenter, tout comme la peur de perdre son emploi. Enfin, la taille de l’entreprise ou de l’entité intervient aussi : plus la structure est petite, plus les salariés sont présents. Autres caractéristiques, les femmes sont plus présentéistes que les hommes, les cadres que les non-cadres, les seniors que les plus jeunes.

Il vous reste 21.41% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

« Les guides-conférenciers réclament des pouvoirs publics reconnaissance et protection »

Tribune. Nous guidons avec passion, accueillons avec respect, transmettons avec sérieux. Nous œuvrons au rayonnement de la culture française auprès de millions de visiteurs venant de France et du monde entier. Nous valorisons le patrimoine culturel et historique français par notre apport humain. Nous parlons toutes les langues. Nous nous adaptons à tous les publics et à tous les besoins d’un marché sensible et fluctuant. Chaque guide est unique, offrant un regard singulier sur le patrimoine. Mais tous partagent le même objectif : enrichir la compréhension entre les cultures, toucher la sensibilité et compléter la culture de chaque visiteur.

Maillon essentiel du secteur du tourisme qui représente entre 7 % et 9 % du produit intérieur brut (PIB), nous sommes assez souples pour nous adapter à un monde en perpétuelle transformation. Presque partout dans le monde, le tourisme de masse s’est installé. Les guides de tous pays s’organisent car ils savent qu’ils sont des acteurs irremplaçables de cette industrie. En France, ils désirent s’inscrire dans un tourisme plus humain, écologique et respectueux des cultures. Les dirigeants de la première destination touristique au monde semblent ne pas l’entendre.

Notre expertise est assurée par une formation méconnue. Savez-vous à quoi ressemble la carte professionnelle de guide-conférencier remise par les ministères de la culture et du tourisme, sanctionnant une solide formation d’histoire et histoire de l’art, attestant notre maîtrise des langues, vous garantissant nos savoirs et représentant l’excellence française en matière de patrimoine ? A un bout de carton.

Lire aussi Trois graphiques pour comprendre l’ampleur de la crise du tourisme à venir

Un bout de carton à l’image d’une dévalorisation vertigineuse de notre métier depuis des années, soutenue par l’Etat qui nous demande pourtant de promouvoir le patrimoine français avec l’exigence du meilleur. La profession se sent abandonnée alors qu’elle a accompagné le développement du tourisme au cours des dernières décennies par son élasticité horaire et sa mobilité intellectuelle et territoriale. Chacun d’entre nous a adapté son mode de vie aux besoins d’un marché très spécifique.

Diversité des statuts

Dans cette crise du Covid-19, le président de la République a déclaré qu’il ne laisserait personne sur le bord de la route. C’est raté. Nous sommes les oubliés des 18 milliards d’euros du plan de relance du tourisme. Lors de chaque crise, le tourisme est le premier impacté. Chaque fois, nous nous sommes relevés. Pourtant, nombre d’entre nous ne se relèveront pas de la crise violente entraînée par la pandémie. Aujourd’hui, 45 % des guides prévoient de changer d’activité. La profession ne pourra pas tenir sans aide et reconnaissance de l’Etat.

Il vous reste 58.32% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.