Au premier semestre, la France a détruit 715 000 emplois sous l’effet de la crise sanitaire

Le siège de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), à Montrouge (Hauts-de-Seine), près de Paris, en juin 2019.

L’épidémie de Covid-19 a entraîné la perte de 715 000 emplois en France au premier semestre 2020, soit un recul de 2,3 % en glissement annuel, à mettre en regard d’une baisse du produit intérieur brut (PIB) de 18,9 % sur la même période, selon les chiffres définitifs publiés par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), mardi 8 septembre. Un fort décalage qui s’explique par les mesures d’urgence prises dès le début de la crise sanitaire pour protéger les salariés, à commencer par le chômage partiel.

L’Insee a par ailleurs confirmé sa prévision d’un plongeon de 9 % du PIB sur l’ensemble de l’année 2020, malgré les espoirs d’une reprise plus rapide que prévu. « Certes, le recul du PIB au deuxième trimestre a été moins marqué qu’anticipé initialement, mais l’incertitude sanitaire tend à croître de nouveau et nous conduit à tempérer le rythme prévu pour la poursuite de la reprise », expliquent les statisticiens nationaux.

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Dans ce contexte, l’emploi salarié devrait rester quasi stable au second semestre, le nombre d’emplois perdus à la fin de l’année avoisinant 720 000. «Certes, il y a des destructions d’emplois qui vont se poursuivre dans des secteurs particulièrement touchés par la crise : le matériel de transport, l’hébergement-restauration, l’événementiel… Mais on s’attend à un rebond des créations dans d’autres secteurs qui ont retrouvé une activité quasi normale », explique Julien Pouget, directeur de la prévision à l’Insee. L’institut souligne d’ailleurs la nette reprise de l’intérim au deuxième trimestre : + 23 % par rapport au trimestre précédent (soit + 108 100 emplois), après une chute inédite de 40,4 % au premier trimestre.

Forte dégradation de la qualité des emplois existants

En revanche, le chômage, après une diminution en trompe-l’œil (un grand nombre de personnes ont renoncé à chercher un emploi pendant le confirnement et la période estivale), pourrait flamber. A la fin 2020, il toucherait environ 9,5% de la population active, soit 1,4 point de plus qu’un an plus tôt.

Le bouclier du chômage partiel va perdre de son efficacité à partir du 1er octobre, quand la mesure va devenir plus coûteuse pour les entreprises et les salariés

En effet, le dynamisme de l’activité enregistré après le déconfinement marque aujourd’hui le pas. L’Insee a révisé à la baisse sa prévision de croissance au troisième trimestre, à 17 %. Dans les derniers mois de l’année, les défaillances d’entreprise, jusqu’à présent contenues, vont s’accélérer, et les plans sociaux annoncés dans les secteurs particulièrement sinistrés comme l’aéronautique vont commencer à produire leurs effets. De plus, le bouclier du chômage partiel va perdre de son efficacité à partir du 1er octobre, quand la mesure va devenir plus coûteuse pour les entreprises et les salariés, la prise en charge par l’Etat passant de 84 % à 72 % du salaire brut.

« Cela se traduira par un ajustement sur le marché du travail car l’équilibre qui avait été mis en place pendant et après la période de confinement va être modifié », relève Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Ostrum AM. Selon la Dares (la direction des études du ministère du travail), cette activité partielle concernait encore 2,4 millions de salariés en juillet, soit un peu moins de 15 % des salariés du privé.

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Cette disparition massive d’emplois en France s’accompagne d’une forte dégradation de la qualité des emplois existants. D’après l’économiste Hippolyte d’Albis, professeur à PSE (Ecole d’économie de Paris) et directeur de recherches au CNRS, la part du « sous-emploi » dans l’emploi , qui oscille habituellement autour de 6 %, a atteint 20 % au deuxième trimestre, « un niveau jamais enregistré par l’Insee ». « Si l’on additionne les chômeurs toutes catégories et les personnes en sous-emploi, on atteint 11,15 millions de personnes au deuxième trimestre, soit 37,4 % de la population active estimée en 2018 », calcule-t-il.

La question de la formation, clé de la reprise

Dans ces conditions, le plan de relance de 100 milliards d’euros du gouvernement, dont l’un des objectifs prioritaires est de « lutter contre le chômage », va-t-il permettre d’inverser la tendance ? « J’espère que le plan de relance en 2021 créera 160 000 emplois. C’est notre objectif », a déclaré le premier ministre, Jean Castex, le 3 septembre. Un chiffre qui n’est « pas délirant », à en croire Mathieu Plane, de l’Observatoire français des conjonctures économiques. « Selon Bercy, 30 % du plan devrait être mis en œuvre en 2020, soit environ 30 milliards d’euros, ce qui représente une impulsion budgétaire de l’ordre de 1,2 point de PIB », analyse-t-il. « On peut donc avoir 160 000 créations d’emplois en face. » Pas de quoi toutefois renverser la vapeur sur le marché du travail. Mais, comme le notent les économistes, « France Relance » n’est pas un plan de court terme. Il est plutôt conçu pour relancer la compétitivité économique et produira des effets à moyen ou long terme.

« S’il est à mon sens calibré de manière à répondre à la crise, le plan de relance doit encore être mis en œuvre », fait valoir Gilbert Cette, professeur d’économie à l’université d’Aix-Marseille, ce qui représente un « véritable défi ». « Si l’on prend par exemple le sujet de la rénovation énergétique, avant de lancer effectivement les chantiers, il va falloir former les gens, leur donner les qualifications nécessaires, certifier les entreprises…Il faudra également examiner les projets de rénovation sur le fond. Tout cela ne se fera pas d’un claquement de doigt. Cela va nécessiter de la réactivité et beaucoup d’agilité, et les effets sur l’emploi du plan de relance viendront seulement après ». « Le gouvernement vise à créer des emplois non délocalisables, mais il risque de buter sur la rareté des compétences », renchérit Philippe Waechter.

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En conséquence, la question de la formation sera l’une des clés de la reprise du marché de l’emploi. Elle n’est d’ailleurs pas oubliée dans le plan, qui consacre au total une quinzaine de milliards d’euros à l’emploi des jeunes et à la formation professionnelle. Le projet prévoit notamment un milliard d’euros pour accompagner la reconversion des salariés des secteurs les plus sinistrés, comme l’aéronautique. « Il s’agit d’un effort massif », reconnaît Hippolyte d’Albis. « Mais il faut rappeler que la formation, ce n’est pas qu’un problème de moyens. Il faut avoir des formateurs, et des formateurs de qualité. C’est quelque chose qui se construit, et sur le long terme. » L’appareil de formation va devoir faire la preuve de son efficacité pour s’adapter aux évolutions du marché du travail et aux nouveaux besoins.

Après l’arrêt du Covid-19, les offres d’emploi reviennent doucement

« Malgré la timide reprise amorcée à la fin du deuxième trimestre, les entreprises sont encore secouées par la crise sanitaire et ses conséquences économiques. »

Le chiffre vient s’ajouter à la longue liste des indicateurs qui éloignent un peu plus la perspective d’un retour à la normale. Selon une étude publiée par Pôle emploi mi-août, le nombre d’offres d’emploi diffusées par l’opérateur public en juin était inférieur de 15 % à son niveau du février : 1,4 million d’offres ont ainsi été diffusées au deuxième trimestre contre 2,1 millions au premier (un total qui approchait celui du dernier trimestre 2019, malgré les deux semaines de confinement de mars), soit des intentions d’embauches en retrait de 25,6 % d’un trimestre sur l’autre.

Les CDI, qui représentent deux tiers du total des annonces, étaient en recul de 19 % en juin par rapport à février (402 000 contre 494 000).

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Malgré la timide reprise amorcée à la fin du deuxième trimestre, les entreprises sont encore secouées par la crise sanitaire et ses conséquences économiques. Le total des offres ayant transité par Pôle emploi en juin (celles recueillies par l’opérateur public et celles de ses partenaires privés) est deux fois plus important que celui enregistré en avril, au plus fort de la crise. Mais le niveau du mois de janvier semble encore loin.

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Réduction drastique des CDD très courts

Au deuxième trimestre, les contrats très courts ont été en proportion les plus affectés par la baisse du volume d’offres. En juin, le nombre d’annonces concernant des CDD de moins d’un mois a ainsi diminué de moitié par rapport à février, passant de 10 000 à 5 000.

En revanche, les propositions de CDD de plus d’un mois voient leur nombre augmenter par rapport à février, d’environ 10 % (pour un total de 120 000 offres).

En ce qui concerne l’intérim et les contrats saisonniers, sur la même période, la baisse est de 17 %, mais elle s’applique sur une cohorte plus importante (141 000 offres en février, 117 000 en juin). Une chute spectaculaire due au fait que les secteurs fortement demandeurs de ce type de contrats (hôtellerie-restauration, tourisme, spectacles…) tournaient encore au ralenti en juin.

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Le secteur de la santé résiste

Si presque tous les secteurs ont été impactés par cette raréfaction des offres au 2e trimestre, tous ne l’ont pas été de la même manière. Ainsi, entre les premier et deuxième trimestres, la chute a été vertigineuse dans le secteur hôtellerie-restauration-tourisme (-54 %) et dans le spectacle (-46 %), tout comme dans la communication et les médias (-39 %) ou le commerce (-38 %)

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Covid-19 : « Le port du masque, comme préoccupation constante, parasite les ressources cognitives »

Tribune. Jeunes et moins jeunes, nous sommes tous amenés à porter un masque au travail et dans la salle de cours. Cela va avoir une répercussion sur notre efficience et notre efficacité professionnelle comme dans nos apprentissages. Pourquoi ? Ce n’est pas la gêne occasionnée par le masque lui-même qui est en jeu, même si la buée dans les lunettes, l’humidité récurrente, l’impression de manquer d’air ne nous facilitent pas la tâche.

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La cause de la baisse d’efficacité réside dans ce rappel permanent de la pandémie que provoque le port du masque et du fait de cette emprise sur notre mental, son impact sur notre capacité d’« autocontrôle ». Or, quand notre autocontrôle faiblit, nous sommes moins vigilants, moins capables de raisonner. Nos facultés intellectuelles sont amoindries, nos capacités à décider sont moins solides. Et toutes ces aptitudes sont des ingrédients de la performance qu’elle soit professionnelle ou d’apprentissage.

Une préoccupation constante

Quel est le processus à l’œuvre ? Notre cerveau n’est pas capable de gérer beaucoup d’informations à la fois. Contrairement à ce qu’on aimerait croire, nous ne sommes pas multitâches, et nos ressources mentales loin d’être illimitées. Une préoccupation constante nous encombre et affaiblit nos ressources cognitives.

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C’est ce qu’on appelle l’« épuisement du moi ». De nombreuses expériences l’ont montré. J’en retiens deux. La première est celle conduite par Vohs et Faber en 2007 auprès d’un public d’étudiants. Ces étudiants doivent remplir des questionnaires. Les expérimentateurs séparent la cohorte en deux groupes et demandent au premier groupe de ne surtout pas penser à des ours blancs, alors qu’on laisse le premier groupe y penser librement. Instruction est même donnée au premier groupe de faire une croix sur leurs papiers chaque fois qu’ils penseront à un ours blanc !

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A l’issue de cette expérience, on remet à l’ensemble des étudiants une petite somme (10 $) qu’ils peuvent garder ou avec laquelle ils peuvent acheter des bonbons, des snacks, des fruits, des cartes à jouer… Les analyses montrent que le groupe s’étant battu contre la pensée d’un ours blanc dépense beaucoup plus que l’autre groupe, préférant des aliments peu diététiques (un gâteau au chocolat plutôt qu’un fruit), abandonnant toute vigilance alimentaire. La préoccupation de « ne pas penser aux ours blancs » réduit leur capacité d’autocontrôle.

Plus influençables et moins de discernement

L’autre expérimentation menée par Baba Shiv et Alexander Fedorikhin consiste à demander à un groupe d’étudiants de mémoriser un nombre à deux chiffres pour aller le reporter sur un document à l’autre bout d’un grand bâtiment. Il est demandé la même chose à un autre groupe, mais le nombre a alors 7 chiffres. Les expérimentateurs disposent sur le chemin que doivent parcourir l’ensemble des étudiants, un stand de nourriture où ils peuvent se servir librement. Les étudiants qui doivent mémoriser les 7 chiffres choisissent massivement des aliments sucrés et gras, contrairement à ceux à 2 chiffres. L’explication est la même : la charge mentale de la mémorisation pèse sur leurs ressources cognitives, laissant libre cours à leurs pulsions gourmandes.

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Collaborateur, associé, salarié : quel statut pour mon conjoint ?

La protection sociale du conjoint diffère, notamment, en fonction des statuts.

Question à un expert

Quel statut doit choisir mon conjoint qui travaille avec moi ?

Le conjoint ou partenaire pacsé du chef d’une entreprise ou d’une société y exerçant une activité professionnelle peut opter pour un des statuts suivants : collaborateur, associé, salarié. A défaut, il est réputé salarié.

Pour bénéficier du statut de collaborateur, il ne faut percevoir aucune rémunération bien que l’activité soit régulière, et ne pas être associé. Sans revenu perçu, aucune déduction de charge le concernant n’est possible par l’entreprise. Le collaborateur peut réaliser les actes de gestion courante de l’entreprise, au nom et pour le compte de l’entrepreneur ou du dirigeant.

Cumul possible

Sur le plan social, il est couvert selon les même règles que les commerçants et artisans, sauf pour les frais de santé, au titre desquels il est ayant droit du chef d’entreprise. Plusieurs assiettes de cotisations sont possibles.

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Avec le statut, plus protecteur, de salarié, qui implique un lien de subordination, le titulaire jouit d’un salaire et de la protection du régime général de sécurité sociale (maladie, retraite, etc.). Il coûte donc plus cher en cotisations, mais le salaire est déductible du résultat de l’entreprise.

Le statut d’associé suppose, lui, un apport au capital. L’associé exerce alors les droits de vote attachés à ses titres et n’est rémunéré que par dividendes. Le cumul des statuts d’associé et salarié est possible.

Droit du travail : la CFDT craint de nouveaux reculs

Laurent Berger, secrétaire général, au siège de la CFDT, le 31 août.

Jusqu’où ira le choc de simplification voulu par le gouvernement pour faciliter la mise en place du plan de relance ? La question préoccupe les syndicats – dont la CFDT –, qui craignent de nouveaux reculs en matière de droit du travail.

Jeudi 3 septembre, Jean Castex a expliqué que le programme de 100 milliards d’euros pour replacer l’économie française sur les rails de la croissance sera assorti « d’un volet (…) très important » de mesures pour alléger de multiples procédures.

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Durant la crise sanitaire, des dispositions en ce sens avaient été prises, très souvent par ordonnances : « fondées sur l’urgence du moment », comme l’a rappelé le premier ministre, elles réduisaient les contraintes dans de nombreux domaines – urbanisme, marchés publics… –, pour une période qui était censée ne durer que quelques mois. Mais certaines de ces règles pourraient finalement être prolongées, voire devenir définitives ou être renforcées.

« Toutes les dérogations (…) qui ont été édictées (…), nous allons non seulement les proroger, mais amplifier leurs champs », a assuré M. Castex, en se prévalant de l’« urgence » qui « continue ».

A quelles normes faisait-il allusion ? Le chef du gouvernement ne l’a pas précisé, laissant seulement entendre que le Parlement serait appelé à légiférer. Mais le code du travail fait partie des thèmes qui sont dans le collimateur : des ordonnances, publiées au printemps, avaient, par exemple, raccourci – momentanément – les laps de temps prévus pour informer et recueillir l’avis des représentants des salariés dans les entreprises. Ces assouplissements pourraient perdurer.

De quoi inquiéter Laurent Berger, le numéro un de la CFDT : dans un courrier daté de jeudi, que Le Monde a pu consulter, il propose à la ministre du travail, Elisabeth Borne, une rencontre « très prochainement, afin d’échanger sur ce sujet ».

« C’est extrêmement regrettable »

« Pendant l’état d’urgence sanitaire, le gouvernement n’a eu de cesse d’affirmer que ces mesures de simplification, dérogatoires au droit du travail et aux règles du dialogue social dans les entreprises, étaient provisoires, rappelle-t-il dans cette lettre. Nous comprenons aujourd’hui que [ses] intentions (…) ont changé. » Pour lui, « c’est extrêmement regrettable », d’autant plus que, depuis l’arrivée de M. Castex à Matignon, en juillet, « le gouvernement affirme vouloir placer le dialogue social au cœur de la méthode de construction des solutions pour répondre à la crise ».

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Aides aux entreprises : le débat monte sur l’absence de contreparties aux milliards du plan de relance

Barbara Pompili, Bruno Le Maire, Elisabeth Borne et Clément Beaune lors de la présentation du plan de relance, à Paris, le 3 septembre.

Faut-il imposer des contreparties directes aux entreprises, largement bénéficiaires du plan de relance du gouvernement ? Le débat est lancé. Sur les 100 milliards d’euros annoncés, jeudi 3 septembre, par le premier ministre, Jean Castex, un tiers (34 milliards) est alloué à la compétitivité. Dont une baisse de 20 milliards d’euros – 10 milliards en 2021, et autant en 2022 – des impôts de production, revendication de longue date du patronat.

Or, si le plan de relance a pour principaux objectifs de lutter contre le chômage et d’accélérer la transition écologique, l’exécutif n’a pas assorti ces mesures de conditions fermes en matière d’emploi ou d’environnement. De quoi hérisser les syndicats, une partie de l’opposition et même de la majorité.

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« Au moment où l’Etat fait un effort sans précédent pour aider les entreprises, il paraît logique de leur demander des contreparties sur la répartition des richesses au sein de l’entreprise, estime le député La République en marche (LRM) de Moselle Ludovic Mendes. A celles qui reçoivent de l’argent public, on aurait pu, par exemple, demander de s’engager sur un plan de revalorisation des salaires sur cinq ou dix ans, ou les contraindre à former leurs salariés. »

« Les entreprises ne font pas d’efforts »

L’épisode du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) est dans toutes les têtes. Lancé en grande pompe en 2013 sous François Hollande, ce dispositif de soutien aux entreprises, d’un montant de 20 milliards d’euros par an, a été largement critiqué en raison de l’absence de contreparties demandées et du faible nombre d’emplois qu’il avait in fine permis de créer.

Un souvenir qui pousse l’ancien député socialiste rallié à la Macronie Stéphane Travert à exiger aujourd’hui davantage d’engagements de la part du patronat. « J’essaie d’être cohérent. Je reprochais au CICE version Hollande l’absence de contrepartie des entreprises et le fait que l’on donne de l’argent public aux banques, à la grande distribution et pas aux coopératives. Dans le cas présent, je souhaite que l’Etat demande a minima des garanties pour le maintien dans l’emploi, la formation, les investissements », explique l’élu LRM de la Manche, ancien ministre de l’agriculture.

« On a vu ce qui s’est passé avec Hollande et le CICE : le Medef avait promis un million d’emplois sur cinq ans et on ne les a jamais atteints ! », abonde Ludovic Mendes, qui appelle à instaurer une stratégie du « donnant-donnant ».

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Le groupe parapétrolier CGG supprime un quart de l’effectif de son siège

«  L’entreprise qui avance une baisse de chiffres d’affaires de 30 % en 2020 devrait réorganiser sa stratégie globale dans les prochains mois. »

« La crise du Covid-19 n’est qu’un prétexte pour jeter les gens quand on n’a plus besoin d’eux » : Irène Huard, déléguée CGT de l’entreprise CGG, juge inacceptable la nouvelle réduction d’effectifs prévue par le groupe parapétrolier. Jeudi 3 septembre, à l’appel des syndicats majoritaires CGT et CFDT, près de 80 salariés de CGG étaient réunis devant le bâtiment Galileo de Massy (Essonne), à la fois siège social de l’entreprise et centre d’imagerie, pour protester contre un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) qui prévoit la suppression de 94 des 364 postes du site francilien.

L’ex-Compagnie générale de géophysique, qui emploie près de 4 000 personnes dans le monde, est un des pionniers de son secteur. Depuis sa création en 1931, elle est spécialisée dans l’exploration des sous-sols pour le compte de grandes compagnies pétrolières et gazières : via l’analyse de données sismiques, l’entreprise produit des images de puits d’hydrocarbure. Mais depuis une dizaine d’années, les grands groupes ont réduit leurs investissements, et CGG a abandonné ses activités maritimes.

Un marché du pétrole en crise

Alors que l’entreprise présentait à nouveau des signes économiques encourageants, avec des embauches en 2019, la crise sanitaire sonne comme un coup de grâce : la baisse de la demande et du prix du pétrole brut liée au Covid-19 a entraîné une réduction drastique de l’activité.

« Nous avions prévu d’être en croissance en 2020, mais les dépenses de nos clients ont baissé de 25 % », assure Christophe Barnini, directeur de la communication de CGG. Selon lui, la raison de ce PSE est conjoncturelle, puisque la « forte dégradation des activités du groupe » est liée à la chute des commandes des compagnies pétrolières. L’entreprise qui avance une baisse de chiffres d’affaires de 30 % en 2020 devrait réorganiser sa stratégie globale dans les prochains mois.

Les syndicats pointent du doigt une décision prématurée, et dénoncent des mesures qui, selon eux, témoignent davantage d’impératifs « purement financiers » de court terme que d’une réelle volonté de sauvegarder les emplois. Ils s’interrogent surtout sur la volonté de la direction de maintenir l’entreprise en France.

L’avenir du site menacé

« On se pose des questions sur la pérennité du site : il y a cinq ans, on était plus de 900, et nous ne serions plus que 270 après ce nouveau plan », s’inquiète Thierry Coléou, délégué CFDT de CGG. Le site de Massy a en effet déjà connu deux plans de restructuration en 2016 et 2018, qui ont coûté leur emploi à près de 500 salariés. Dans une clause de la dernière restructuration financière de l’entreprise en 2018, la direction s’était engagée auprès de l’Etat à maintenir sa gouvernance en France jusqu’en 2022 au moins.

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Coronavirus : séisme économique dans les musées

Au Metropolitan Museum of Art de New York, le 29 août.

« Presque tous les musées du monde ont désormais rouvert après le confinement, mais tous sont confrontés à la difficulté de faire revenir le public », affirme Alberto Garlandini, président du conseil international des musées (ICOM), qui regroupe plus de 20 000 établissements dans 137 pays. « Avec la distanciation sociale et la réorganisation des parcours au sein des collections ou des expositions, les musées ne peuvent recevoir au mieux que la moitié de la jauge habituelle de visiteurs, mais, le plus souvent, ils n’en accueillent qu’un tiers », précise-t-il. Faute de public, le coût de réouverture des établissements n’est donc plus couvert par la fréquentation, ajoute-t-il.

Les réouvertures du Musée d’art moderne (MoMA) de New York, du Musée d’histoire naturelle de Londres, du Louvre à Paris, et de la Gallerie dell’Accademia de Venise ont cependant remonté le moral de leurs directeurs et de leurs conservateurs. Les premiers visiteurs masqués étaient, eux, trop heureux de pouvoir enfin déambuler tranquillement parmi les collections, sans être gênés par les hordes de touristes. Les plus âgés ont même eu l’impression de retourner avec bonheur cinquante ans en arrière, quand de rares esthètes fréquentaient les musées. Et quand ces institutions culturelles n’étaient pas encore devenues une case à cocher pour parfaire le programme obligé des touristes.

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Malgré ce timide retour du public, la pandémie de Covid-19 – qui a obligé les institutions à plusieurs mois de fermeture – a provoqué un véritable séisme économique dans les musées. Les dégâts, en termes d’emplois, devraient être considérables. « Même si tous les pays ne sont pas touchés de la même manière », souligne Alberto Garlandini. Selon une étude de l’ICOM, réalisée en mai auprès de 1 600 interlocuteurs, presque tous les musées du monde (82,6 %) s’attendaient à ralentir leurs activités après le confinement. Près d’un tiers (29,8 %) pensaient réduire leur personnel et 12,8 % redoutaient d’être contraints de mettre la clé sous la porte.

Crainte d’une diminution des fonds privés

« Les fermetures toucheront particulièrement les régions où les musées sont récents et peu nombreux, et où les structures sont encore fragiles : dans les pays africains, asiatiques et arabes », affirmait l’étude. Les auteurs assurent aussi qu’aux Etats-Unis, les réductions d’effectifs sont les plus engagées : les vagues de licenciements se succèdent et des centaines de salariés sont remerciées chaque semaine.

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Plan de relance : le premier ministre appelle les entreprises à s’engager « fortement pour l’emploi »

A la veille de la présentation d’un plan de relance de 100 milliards d’euros, le premier ministre, Jean Castex, demande, dans une interview au Figaro mercredi 2 septembre, à ce que « tout le monde joue le jeu », notamment les entreprises.

« Nous investissons fortement pour soutenir les entreprises, mais nous attendons d’elles qu’elles s’engagent fortement pour l’emploi, notamment des jeunes », déclare le premier ministre, interrogé par le quotidien sur les contreparties attendues à l’effort consenti par l’Etat. « Le plan ne produira son plein effet que si tout le monde joue le jeu », a insisté M. Castex.

Dans un entretien au Monde, lundi, Laurent Berger, le patron de la CFDT, avait appelé à instaurer une « conditionnalité » aux aides publiques en direction des entreprises, qui doit faire « bouger leur comportement ».

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Le chef du gouvernement présente officiellement jeudi le plan de relance de 100 milliards d’euros destiné à faire face aux conséquences de l’épidémie due au coronavirus, dont une récession de 11 % prévue cette année. Celui-ci comprend notamment 20 milliards de baisses d’impôts de production payés par les entreprises, soit 10 milliards en 2021 et 10 autres en 2022.

« Cette mesure est majeure notamment pour protéger notre industrie », rappelle M. Castex, qui y voit un moyen d’améliorer la compétitivité. « Ce plan ne se contente pas de panser les plaies de la crise. Il prépare l’avenir », affirme M. Castex au Figaro, estimant que l’enveloppe était « à la hauteur de la situation exceptionnelle que nous traversons ».

Verdissement, compétitivité et souveraineté, cohésion

Le premier ministre a rappelé avoir retenu « trois priorités », dont « le verdissement de notre économie » qui bénéficiera de 30 milliards d’euros. « Cela s’appliquera à la rénovation thermique des bâtiments, aux investissements dans les infrastructures et dans la mobilité verte, au développement de technologies vertes, à la stratégie hydrogène », a-t-il fait valoir.

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Quelque 35 milliards d’euros seront aussi consacrés à « rendre la France plus compétitive et plus souveraine ». Outre les baisses d’impôts, « le plan contient des dispositions concernant le renforcement des fonds propres des entreprises, notamment les entreprises de taille intermédiaire, qui innovent et exportent ».

Enfin, 35 milliards d’euros seront consacrés « à la cohésion sociale et territoriale ». Cela comprend les quelque 6 milliards d’euros débloqués pour l’hôpital dans le cadre du Ségur de la santé, les 6,5 milliards d’euros du « plan jeunes », dévoilé en juillet et qui contient notamment des primes à l’embauche, ou encore la prolongation du dispositif d’activité partielle de longue durée qui « doit permettre au cours des prochains mois de former les salariés tout en préservant leur emploi ».

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Le premier ministre annonce également que le plan pauvreté serait dopé de « 200 millions d’euros supplémentaires en soutien des associations qui luttent contre l’exclusion ».

Jean Castex garantit qu’aucune hausse d’impôt n’était à l’ordre du jour. « C’est l’erreur qui a été commise lors de la dernière crise [en 2008] et nous ne la reproduirons pas », assure-t-il.

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Notre sélection d’articles sur le coronavirus

Le Monde avec AFP

Coronavirus : Valérie Pécresse demande aux salariés en Ile-de-France de revenir travailler

Valérie Pécresse en compagnie d’un employé chargé de désinfecter un bus, à Paris, le 2 septembre.

Le message peut paraître un peu décalé. En pleine reprise de l’épidémie de Covid-19, en particulier à Paris et dans sa banlieue, la présidente du conseil régional d’Ile-de-France, Valérie Pécresse, appelle les habitants à revenir dans les bureaux et les ateliers, sans craindre de fréquenter les transports en commun. L’inverse, ou presque, du discours tenu au printemps, quand les pouvoirs publics pressaient tous ceux qui le pouvaient de travailler de chez eux afin de limiter les contacts et donc la propagation du virus.

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« Il faut que les salariés reviennent travailler », a affirmé Mme Pécresse, mercredi 2 septembre, en présentant la nouvelle version de sa « stratégie Covid-19 ». La présidente (ex-Les Républicains) de la région ne préconise pas un retour total des Franciliens sur leur lieu de travail, qui se traduirait de nouveau par des bus et des métros bondés, ainsi que des embouteillages. A ses yeux, un rééquilibrage est cependant nécessaire.

« Il faut revenir travailler »

« On ne peut pas bien travailler en n’étant jamais présent, en ne se rencontrant pas, plaide-t-elle. Ça s’est fait de façon contrainte et forcée durant le confinement, mais, dans la très large majorité des entreprises, il faut revenir travailler. Les réunions en distantiel, c’est moins créatif. »

Selon elle, cohabiter durablement avec le coronavirus nécessite d’« inventer une autre vie ». Un « nouvel équilibre » tenant compte de la sécurité sanitaire, « mais aussi de la nécessité de relancer l’activité ». Pas question de se cloîtrer chacun chez soi, ce qui entraînerait des faillites en série, notamment dans l’hôtellerie et la restauration, et un problème majeur de recettes pour les opérateurs de transports en commun.

Vis-à-vis de son propre personnel, la région a déjà modifié les règles : les agents peuvent continuer à télétravailler, mais pas plus d’un ou deux jours par semaine. Cet « équilibre », « je pense que ça peut être l’idéal pour la plupart des entreprises », du moins « tant que le virus ne circule pas de façon trop active », avance Valérie Pécresse.

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Toute la question est de savoir si le virus ne se diffuse pas déjà de façon trop vive. Le dernier point, publié le 27 août par l’agence de sécurité sanitaire Santé publique France (SpF), le montre : en Ile-de-France, sa circulation augmente très fortement.

Fin juin, grâce au confinement, le nombre de personnes diagnostiquées positives au cours des sept jours écoulés était tombé à 6 pour 100 000 habitants. Depuis, la proportion n’a cessé de monter. Elle a atteint, mi-juillet, le « seuil de vigilance » fixé par le gouvernement à 10 cas pour 100 000 habitants, franchi le « seuil d’alerte » de 50 pour 100 000 à la mi-août, et poursuit désormais une « progression exponentielle ». Ce taux dépasse à présent 90 cas positifs pour 100 000 habitants en Ile-de-France, avec une incidence particulièrement forte à Paris (plus de 140 cas pour 100 000, en intégrant les aéroports). Une hausse liée, notamment, au comportement des jeunes : les 20-30 ans se singularisent « par un niveau de circulation du virus quatre fois plus élevé que dans les autres classes d’âge », note SpF.

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