Bridgestone, Continental, Michelin, Schaeffler, Mahle… : les équipementiers et manufacturiers automobiles européens souffrent
Bridgestone, Continental, Michelin, Schaeffler, Mahle… Depuis l’été 2020, les équipementiers et manufacturiers automobiles multiplient les plans de restructuration en Europe, supprimant des dizaines de milliers d’emplois et fermant des usines sur le Vieux Continent. Et le Covid-19 n’explique pas tout.
Alors que les ventes d’automobiles ont chuté lourdement en 2020, du fait de la pandémie et des confinements (− 27 % en France), forçant les groupes à réduire drastiquement leurs coûts par le biais de plans d’économies, l’industrie connaît, en parallèle, une transformation radicale, avec une transition des véhicules thermiques vers l’électrique.
Les équipementiers spécialisés sur les pièces pour moteurs diesel sont particulièrement en difficultés, à l’image des allemands Mahle, Schaeffler ou Bosch. En Aveyron, l’avenir de l’usine d’Onet-le-Château de Bosch, qui emploie quelque 1 200 personnes, serait menacé, du fait de la chute des commandes d’injecteurs. D’autres équipementiers, comme le français Valeo, ont préféré négocier avec leurs salariés un gel des rémunérations pour sauvegarder l’emploi.
Concurrence asiatique
Contrairement à ces équipementiers, les manufacturiers ne connaissent pas les mêmes tourments. Même électriques, les véhicules auront toujours besoin de quatre pneus. Les fermetures de site de production de Michelin de La Roche-sur-Yon (619 salariés) en 2019, de Bridgestone de Béthune (863), dans le Pas-de-Calais, ou de Continental d’Aix-la-Chapelle, en Allemagne (1 800 salariés), annoncées à l’automne 2020, s’expliquent à la fois par la baisse du marché, conjoncturelle, et l’arrivée massive des pneus asiatiques à bas coûts.
« Nous avons trop de capacités dans la production de pneus », alors que le « marché baisse », expliquait, en septembre 2020, un porte-parole de Continental. Bridgestone, Michelin, Continental ou Goodyear font face, depuis dix ans, à la montée en puissance des producteurs chinois – le pays compte une centaine de fabricants –, indiens ou sud-coréens, qui inondent le marché. Selon Florent Menegaux, le président de Michelin, alors que les manufacturiers occidentaux ou japonais détenaient les deux tiers du marché mondial, leur part a chuté sous 50 % en 2020.
Dans le même temps, les marques chinoises ont capté un quart des ventes mondiales, contre 6 % au début des années 2000, selon les chiffres de Bridgestone. Cela a entraîné une forte pression sur les prix, poussant les Occidentaux à réduire le nombre de leurs sites, pour regrouper leur production dans des usines géantes, souvent déployées en Europe centrale, où les coûts de main-d’œuvre restent plus faibles qu’en France ou en Allemagne.