Automobile : menace sur le site de Getrag Ford

Automobile : menace sur le site de Getrag Ford

L’usine Ford Aquitaine Industries (FAI), à Blanquefort, a fermé le 30 septembre 2019, mettant en difficulté le sous-traitant et voisin Getrag Ford Transmissions.

Après la fermeture définitive de l’usine Ford Aquitaine Industries (FAI), à Blanquefort, dans la métropole bordelaise, le 30 septembre dernier, les élus CGT du site voisin Getrag Ford Transmissions (GFT) tirent la sonnette d’alarme. Un comité social et économique (CSE) extraordinaire a voté, le 19 juin, la phase 1 du droit d’alerte, signé par l’ensemble des organisations syndicales CFTC, FO, CFDT, CFE-CGC et CGT.

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« On a rédigé quarante-neuf questions, qu’on a déposées au DRH ce vendredi pour avoir des réponses. Il y aura un CSE extraordinaire la semaine prochaine pour lire le texte et les questions, et l’on devrait avoir les réponses normalement avant les vacances d’été. Si elles nous conviennent après étude par nos organisations syndicales, ça s’arrête là. Sinon on mettra à l’ordre du jour d’une prochaine réunion le vote de la phase 2 du droit d’alerte », explique Vincent Teyssonneau, élu CGT au CSE de Getrag Ford Transmissions.

Etroite collaboration

Celle-ci signifie de mandater un expert qui analysera la situation financière de l’entreprise, et l’obligation pour la direction de fournir chiffres et documents. « S’ils veulent fermer, ça ne les en empêchera pas, mais ça permet de sensibiliser, d’alerter et de montrer qu’il y a un vrai danger », développe Philippe Poutou, ancien ouvrier de FAI, et candidat à la mairie de Bordeaux, liste Bordeaux en luttes.

Car les deux usines, installées sur le même site, travaillaient en étroite collaboration. FAI construisait des boîtes automatiques pour le marché américain et australien, pendant que GFT réalise encore des boîtes de vitesses manuelles MX65, à destination du marché européen, où elles équipent les Ford Fiesta. En 2001, un joint-venture est créé entre l’allemand Getrag et Ford, puis, en 2008, l’équipementier automobile canadien Magna International rachète Getrag. Ford possède désormais 50 % de GFT, tandis que Magna possède les 50 % restants.

« C’est Ford notre seul client, actionnaire à 50 %, donc c’est Ford qui commande » Vincent Teyssonneau, élu CGT

Mais la situation économique difficile de l’usine s’est accentuée avec la crise sanitaire. « On chute en production, le Covid a accéléré les choses, car on savait, depuis 2018, que, s’il n’y avait pas de repreneur, de nouveaux clients et de nouveaux produits, on fermerait fin 2024. Aujourd’hui, ça s’accélère pour fin 2023 », ajoute M. Teyssonneau.

« Il n’y a pas si longtemps, on était 1 000 salariés, là on est 800 en CDI. Les volumes sont en chute ; habituellement, avant le confinement, on avait peut-être 2 000 à 3 000 transmissions d’avance pour nos usines clients ; aujourd’hui, on en a 30 000, donc on sait que ça va mal », déplore le représentant CGT.

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Pire, depuis 2017, l’usine bordelaise aurait perdu près de 100 millions d’euros. De surcroît, le joint-venture qui lie Magna à Ford prend fin en avril 2021, ce qui achèvera d’accélérer cette fermeture tant redoutée par les ouvriers. Aujourd’hui, les syndicats, qui alertent depuis décembre 2008 sur ce risque, demandent des réponses qui, pour l’heure, restent sans réponse.

« Il n’y a plus aucune communication avec la direction. Ça va finir comme Ford Aquitaine Industries, on le sait très bien. C’est Ford notre seul client, actionnaire à 50 %, donc c’est Ford qui commande », se désole M. Teyssonneau, qui est entré chez FAI en 1999, puis, en 2006, chez GFT. Contactée, la direction de l’usine Getrag Ford Transmissions n’a pas souhaité donner suite à nos sollicitations.

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LJD

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