Automobile : les « Big Three » de Détroit sous la menace d’une grève
Vendredi 15 septembre à zéro heure, Detroit sera en grève. Très vraisemblablement, même si un accord de dernière minute est toujours possible. Mais le nouveau patron du syndicat de l’automobile américain (UAW, United Auto Workers), Shawn Fain, 54 ans, semble décidé à en découdre avec General Motors, Ford et Stellantis (ex-Chrysler) pour défendre les 140 000 ouvriers syndiqués du secteur automobile. Après des années d’inflation, cet ancien électricien de Chrysler réclame une hausse salariale de 46 % sur quatre ans et la semaine de 32 heures payées 40. Le syndicat veut aussi retrouver les retraites à prestations définies, au lieu des plans d’épargne-retraite 401 (k), réduire la période pendant laquelle les jeunes embauchés sont moins payés, héritage de la crise financière de 2008, qui accula les constructeurs à la faillite.
Le bénéfice opérationnel mondial cumulé des trois constructeurs de Detroit s’est envolé de 4,8 milliards de dollars (4,5 milliards d’euros) en 2020 à 29,4 en 2021 et à 37,2 milliards en 2022. Mais leurs dirigeants expliquent qu’ils ont besoin de leurs profits pour financer la transition énergétique et rattraper leur retard sur Tesla (13,6 milliards de dollars de résultat opérationnel en 2022) et les constructeurs étrangers, qui, eux, ne sont pas syndiqués aux Etats-Unis.
L’affaire effraie Wall Street. Le gourou de la Bourse sur CNBC Jim Cramer a critiqué des exigences jugées excessives du nouveau président syndical et asséné cet été : « Cet homme a étudié Trotski. » L’intéressé a répondu qu’il ne savait pas grand-chose de Trotski et a plaisanté sur le fait que le centre de l’Indiana où il a commencé sa carrière est connu comme un « terrain fertile pour les champs de maïs et le communisme ».
L’affaire inquiète la Maison Blanche
L’arrivée au pouvoir de Shawn Fain représente pourtant une petite révolution. Ce dernier a été élu en mars par les militants, contre le président sortant, une première depuis soixante-dix ans. Il a gagné d’un cheveu par 69 459 voix contre 68 976. Ce renversement est la conséquence d’un immense scandale de corruption, qui a frappé le syndicat à la fin de la dernière décennie 2010. Les poursuites menées par l’Etat fédéral avaient abouti à la condamnation en 2020 de douze responsables syndicaux, dont deux anciens présidents de l’UAW, et de trois dirigeants de Fiat Chrysler. L’UAW avait été mis sous tutelle judiciaire pour six ans et avait dû accepter l’élection directe par les militants de son président, ouvrant la voie à l’élection de Shawn Fain
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