Une caisse d’eau minérale Perrier dont les bouteilles sont fabriquées par la verrerie Owens-Illinois de Vergèze, dans le Gard. A Mulhouse (Haut-Rhin), le 16 décembre 2024. JEAN-FRANÇOIS FREY/PHOTOPQR/L’ALSACE/MAXPPP
Nouveau coup dur pour l’économie gardoise. Le 8 avril, le géant mondial du verre, le groupe américain Owens-Illinois (O-I), a annoncé la suppression de 320 postes en France, soit 14 % de ses effectifs dans le pays, justifiant cette décision par « le déclin du marché du vin, une surcapacité et une forte concurrence ». Si ces annonces touchent plusieurs sites de l’Hexagone, l’usine de Vergèze, dans le Gard, est, elle, sacrifiée : la verrerie, qui emploie 162 personnes et produit notamment les bouteilles de Perrier, va fermer.
Sur place, le personnel est sous le choc. Certains salariés l’ont appris par la radio Ici Gard Lozère. « Nous avions entendu parler d’un plan de restructuration. On se doutait qu’il y aurait une réorganisation et que l’on perdrait peut-être 40 ou 50 emplois, témoigne Nicolas Blanc, 50 ans, technicien compo fusion et élu CGT, qui avoue ne plus dormir très bien. Mais jamais on ne nous a parlé d’une possible fermeture. Jamais. Ça nous tombe dessus sans prévenir ! » Le secrétaire CGT de la verrerie, Yoann Goupille, complète : « C’est la stupéfaction pour tout le monde. Les gars sont démoralisés. Mais nous sommes bien décidés à nous battre pour sauver nos emplois. »
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Un ouvrier sidérurgique travaille dans l’un des fourneaux d’une aciérie de Thyssenkrupp Steel Europe à Duisbourg (Allemagne), en mai 2023. ROLF VENNENBERND / DPA PICTURE-ALLIANCE VIA AFP
Tous les lycéens l’apprennent encore au cours d’histoire : la première union européenne s’est créée autour de l’acier et du charbon, avec la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), instituée en 1951 par le traité de Paris, ratifié à l’époque par « l’Europe des six » (France, Allemagne de l’Ouest, Italie et les pays du Benelux). Trois quarts de siècle plus tard, la production de charbon a largement disparu du sol européen. Est-ce le tour, à présent, de celle de l’acier ?
Le constat est implacable : depuis 2008, la production d’acier dans l’Union européenne (UE) a chuté de 30 % pour atteindre son plus bas niveau historique, tandis que près de 100 000 emplois ont disparu dans la sidérurgie, selon des chiffres de Worldsteel, l’association mondiale des producteurs d’acier. Certains décrivent la filière en état de survie, d’autres, plus pessimistes encore, à l’agonie ou en voie d’extinction. « En dix ans, la production d’acier en Europe est passée de 7 % de la production mondiale à 4 % », a rappelé, en mars, Stéphane Séjourné, le vice-président exécutif de la Commission européenne et commissaire chargé de la prospérité et de la stratégie industrielle.
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Christine Debouzy, dans le cockpit d’un A380 de la compagnie Air France, en 2018. COLLECTION PERSONNELLE
Seulement 5 % des pilotes professionnels dans le monde sont des femmes. Pilote de ligne retraitée et présidente de l’Association française des femmes pilotes, Christine Debouzy multiplie les démarches pour lutter contre les stéréotypes et féminiser les effectifs.
Vous avez été une des premières femmes à intégrer une école de pilotage. Avez-vous dû vous battre pour vous faire accepter dans un milieu très majoritairement masculin ?
Les femmes ont eu le droit de passer le concours de l’Ecole nationale de l’aviation civile [ENAC] seulement en 1973. J’ai intégré l’ENAC cinq ans plus tard, en 1978, j’étais la troisième femme à accéder à cette prestigieuse école. Dès mes premiers emplois, dans l’aviation d’affaires au Bourget (Seine-Saint-Denis), j’ai dû faire face aux commentaires de collègues qui me traitaient de travesti. D’autres se plaignaient auprès du patron en leur disant que leurs femmes ne les laisseraient pas partir une semaine avec moi. J’étais l’ennemie à abattre. Je me suis accrochée. Mon père m’a beaucoup soutenue, lui-même aurait souhaité devenir pilote, mais son propre père voulait qu’il reprenne la ferme familiale. Finalement, il a travaillé dans la tour de contrôle d’un aéroport, a créé un aéroclub en région parisienne. Quand j’avais 15 ans, il m’a inscrite en stage de planeur, ça a été le coup de foudre, j’ai su ce que je voulais faire de ma vie.
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Ce dimanche 24 septembre 2023, le docteur R. travaillait, comme à son habitude. C’est dans son bureau de chef des urgences du centre hospitalier intercommunal de Poissy-Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), dans sa blouse blanche de médecin urgentiste, qu’il a décidé de mettre fin à ses jours, en avalant des sédatifs. « Son suicide est un ultime message, et ce message, aujourd’hui, je ne peux plus le taire : cette maltraitance des médecins et du corps médical doit s’arrêter, confieson épouse, elle-même cadre de santé. Il ne peut pas être mort pour rien. »
Avant le docteur R., monsieur M., infirmier à l’établissement public de santé d’Alsace Nord (Epsan), un service spécialisé en psychiatrie à Brumath (Bas-Rhin), s’est pendu dans son bureau le 26 janvier 2023. Après le docteur R., madame L., infirmière au centre hospitalier de Béziers (Hérault) s’est donnée la mort à son domicile le 3 juin 2024.
Pour tenter de mettre fin à cette « épidémie de suicides à l’hôpital public », plusieurs veuves et veufs de médecins ou de soignants ont décidé de « briser l’omerta » en saisissant la justice.Selon les informations du Monde et de France Inter, une plainte a été déposée, jeudi 10 avril, devant la Cour de justice de la République (CJR) pour « harcèlement moral, homicides involontaires et violences volontaires ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner et mise en danger de la personne ».
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Un hypermarché Cora, à Bruxelles, le 8 avril 2025. HATIM KAGHAT / AFP
En pleine restructuration, le secteur belge de la distribution enregistre un nouveau coup dur avec l’annonce par Cora, mardi 8 avril, de la fermeture de ses six hypermarchés. Mille huit cents emplois seront perdus d’ici à janvier 2026 une fois que deux magasins bruxellois et quatre situés en Wallonie auront définitivement fermé leurs portes. D’autres emplois devraient disparaître dans les commerces (restauration rapide, téléphonie, habillement, jouets, etc.) implantés dans les galeries commerciales que le groupe espère toutefois revendre afin d’y maintenir l’activité.
Les syndicats, privés d’informations claires sur la situation de l’entreprise depuis de nombreux mois, attendaient avec impatience le conseil d’entreprise extraordinaire convoqué mardi par la direction de Louis Delhaize, propriétaire de l’enseigne et qui recherchait, en vain, un repreneur.
En 2023, il avait revendu à Carrefour ses hypermarchés Cora et ses supermarchés Match en France, tandis qu’il cédait à E.Leclerc ses magasins au Luxembourg. En 2024 et en janvier 2025, d’autres marques du Groupe Louis Delhaize ont été cédées à Colruyt Group, puis à Ahold Delhaize.
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Mobilisés depuis un mois en raison de la baisse de 50 % du budget de l’université décidée par le recteur, les enseignants-chercheurs de l’école de science politique ont convié des parlementaires à leur assemblée générale, mardi.
Elles sont aides-soignantes, infirmières, agentes de nettoyage, pilotes d’avion ou hôtesses de l’air et elles travaillent en horaires « atypiques », c’est-à-dire qu’elles sont en emploi le soir, la nuit, tôt le matin ou le samedi et le dimanche. Pour ces femmes qui vivent loin de la « norme temporelle fordiste » du travail à temps plein, en journée et en continu, la maternité est un éprouvant casse-tête. « L’arrivée des enfants soulève d’importants ajustements dans les couples concernés », souligne la sociologue Anne Lambert dans un travail fondé sur un corpus de 80 entretiens réalisé pour la Fondation pour les sciences sociales.
Concernant les salariées en horaires atypiques, la grossesse est souvent un moment difficile : la chercheuse recense de très nombreux arrêts de travail précoces et de congés dits « pathologiques ». Fausses couches répétées, recours difficile aux techniques de procréation médicalement assistée (PMA), détresses fœtales, naissances prématurées : « Le caractère massif et quasi systématique des récits faisant état de complications avant et au cours de la grossesse ressort ainsi de l’analyse, constate Anne Lambert. Pour les femmes en horaires décalés, la période de la grossesse apparaît comme une réelle mise à l’épreuve des corps. »
Contorsions des emplois du temps
Quand ces femmes sont diplômées, issues des classes moyennes et supérieures, le maître mot de ce moment de leur vie est l’anticipation. Parce que ces rythmes sont considérés comme incompatibles avec la maternité, elles envisagent, avant même de démarrer une grossesse, des changements d’horaires, de poste ou de service à leur retour de congé et prévoient, très en amont, des scénarios de mode de garde. « Elles vérifient la disponibilité des grands-parents, des proches et des nourrices et se spécialisent très tôt dans la gestion de l’agenda familial », constate Anne Lambert.
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Une petite foule se presse à l’aérodrome de Paris-Saclay-Versailles, en région parisienne. Les visiteurs n’ont pas de valise, mais partagent l’excitation des passagers s’apprêtant à embarquer pour un long voyage. En guise d’horizon : devenir pilote de ligne. « C’est un rêve de gosse », résume Adam Jaafer. Le lycéen de 17 ans visite, en compagnie de sa mère, le site de l’école de pilotage Astonfly. Il musarde entre les vingt-cinq avions destinés à la formation, observe les simulateurs, admire les deux pistes bitumées.
Le métier de pilote continue de fasciner les jeunes générations, et le secteur est en expansion, d’après les chiffres de la direction générale de l’aviation civile (DGAC). Avec une prévision de 7,2 milliards de passagers dans le monde à l’horizon 2035 contre 5 milliards en 2024, la demande en pilotes qualifiés est croissante.
Laura Trubert, 30 ans, a décidé de se reconvertir comme pilote de ligne après une carrière d’hôtesse de l’air : « Je ne pensais pas que c’était à ma portée, car je n’excelle pas en maths et physique. Des amis pilotes m’ont expliqué que ce n’était pas un prérequis, je me suis lancée. » La trentenaire évoque avec émotion son premier vol seule à bord : « J’avais des papillons dans le ventre, et les larmes aux yeux. A l’atterrissage, mon instructeur m’a aspergé avec un seau d’eau glaciale, comme le veut la tradition. »
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A quel point le retard du vote du budget ainsi que les arbitrages de l’Etat et des collectivités locales pour 2025 affectent-ils la santé financière des associations ? Après plusieurs alertes, résumées dans une lettre ouverte au premier ministre le 28 janvier, le Mouvement associatif, « porte-voix » de la moitié des associations de France, a lancé une enquête auprès de ses membres pour mettre en évidence l’ampleur de la crise. Le Monde en révèle les résultats ce lundi 7 avril.
Car on manque de données nationales consolidées sur ces structures privées à but non lucratif qui emploient pourtant 11 % des salariés français. Leur activité représente 113 milliards d’euros, soit 3 points de produit intérieur brut, a rappelé, en mai 2024, un avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE).
Plus de 5 000 associations ont répondu à l’enquête. Celles qui ont des salariés y sont surreprésentées. A la question « au vu du contexte actuel, combien de mois d’exploitation sont couverts par votre trésorerie ? », 31 % des associations employeuses répondent « moins de trois mois », dont 6 % « aucun », signe de leur « vulnérabilité aux chocs », souligne l’enquête. 32 % d’entre elles envisagent de réduire la masse salariale par le non-remplacement de départs ou le report de recrutement, 8 % par des licenciements.
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Sébastien Georges, le rédacteur en chef des quotidiens « Vosges Matin », « Le Républicain lorrain » et « L’Est républicain », lors d’un forum à l’hôtel de ville de Nancy, le 30 septembre 2023. CEDRIC JACQUOT/PHOTOPQR/L’EST REPUBLICAIN/MAXPPP
Visé par une motion de défiance des salariés, le rédacteur en chef des quotidiens Vosges Matin, L’Est républicain et Le Républicain lorrain (ERV), Sébastien Georges, quitte ses fonctions, a annoncé jeudi 3 avril, le directeur général de ces titres, Christophe Mahieu.
« Il y a une perte de confiance mutuelle entre Sébastien Georges et ses équipes. Ce dernier quitte ses fonctions au niveau du pôle ERV », a déclaré M. Mahieu, cité dans un communiqué des syndicats CGT, CFDT et SNJ.
M. Mahieu s’exprimait devant un CSE extraordinaire tenu après l’adoption le 27 mars d’une motion de défiance à l’égard de M. Georges, accusé d’user d’un « management borné et brutal ». Sur 82 % de salariés ayant voté, 92 % – soit 258 salariés – ont répondu non à la question : « Faites-vous confiance au rédacteur en chef pour diriger les journaux et assurer l’avenir ? »,21 ont répondu oui et 42 ne se sont pas prononcés.
« Il n’y avait pas de problème sur l’éditorial, mais sur son management et le malaise qui en découlait », explique Julien Bénéteau, représentant CFDT à L’Est républicain. « Cette décision a été prise dans le but de restaurer la confiance et un environnement de travail serein tourné vers l’avenir », écrit le patron des trois journaux dans un courriel interne que Le Monde a pu consulter. « La direction générale promet maintenant d’évoluer avec moins de verticalité, il faudra voir si cela se traduit dans les actes », réagit Eric Barbier, du Syndicat national des journalistes (SNJ).
Politique sociale
Selon les informations du Monde, M. Georges doit se voir proposer des fonctions au niveau du groupe Ebra pour des « missions transverses ». Sollicité par l’Agence France-Presse, le groupe Ebra (Est-Bourgogne-Rhône-Alpes), propriété du Crédit mutuel, n’a pas souhaité réagir.
« La nomination du (ou de la) successeur(e) à la tête de la rédaction ne suffira pas. Il faut que la direction modifie les paramètres de sa politique sociale et de ses méthodes de management si elle veut, comme elle le prétend, “le bien-être des équipes” », selon le communiqué des syndicats.
M. Mahieu avait annoncé, dans une lettre aux salariés après le vote de défiance, le recrutement d’un quatrième adjoint à la rédaction en chef et fait savoir que M. Georges renonçait à sa mission de coordination des rédacteurs en chef du groupe Ebra.
Ebra regroupe neuf quotidiens régionaux où travaillent plus de 1 400 journalistes. Le groupe a déjà été secoué fin janvier par la démission de son président Philippe Carli, mis en cause pour avoir « aimé » sur le réseau social LinkedIn des publications de personnalités d’extrême droite.