Prisma Media : un plan de départs en discussion

Deux ans après la clause de cession qui avait déjà vu une centaine des 400 journalistes quitter Prisma Media (Capital, Géo, Voici, Femme actuelle, Télé-Loisirs), de nouveaux départs pourraient bien se succéder d’ici à la fin de l’année au sein du groupe de presse magazine détenu par Vivendi. Au total, une cinquantaine de personnes pourraient être concernées par la rupture conventionnelle collective (RCC) voulue par la direction, et justifiée par une baisse de la rentabilité du groupe.

En 2023, Vivendi, dont le premier actionnaire, le groupe Bolloré, était en train d’absorber le groupe Lagardère, avait été contraint de se séparer du magazine people Gala sous la pression des autorités antitrust de Bruxelles, alors que l’hebdomadaire était particulièrement rentable.

Les départs envisagés par ces nouvelles mesures de départs volontaires pourraient effectivement améliorer la rentabilité du groupe, mais à la marge, minimise la direction, affirmant que celles-ci étaient déjà dans les cartons de Prisma lorsque Vivendi a acquis le groupe en 2021, bien avant la cession de Gala.

« Mauvais signal »

Vingt embauches viendraient compenser en partie le plan de départ, ce qui aboutirait à trente suppressions de postes sur 800 CDI. Sans connaître le périmètre exact visé ni les postes concernés dans un premier temps, les syndicats de l’entreprise avaient été prévenus de la volonté d’une RCC jeudi 23 mai, lors du Comité social et économique (CSE), comme l’avait révélé le média spécialisé L’Informé, lundi 27 mai.

Comme annoncé, les fonctions supports (marketing, ressources humaines, finances) sont visées par le plan de départs. A en croire la direction − qui aimerait le voir aboutir d’ici au 19 juillet −, l’idée est de permettre aux professions qui n’étaient pas en droit de prendre la clause de cession, réservée aux journalistes, de bénéficier de conditions de départ favorables. Mais depuis la dernière réunion mercredi 29 mai, les syndicats ont eu confirmation que la RCC pourrait ne pas se limiter pas aux fonctions supports : les postes concernant la fabrication, la diffusion, et les abonnements sont aussi concernés. Les magazines Capital et Géo pourraient donc aussi faire les frais du plan de départ. Si le premier titre n’a finalement pas été transformé en hebdomadaire en 2023, le second a été relancé avec une nouvelle formule en décembre.

« On touche quasi exclusivement des fonctions liées au print, ça envoie un mauvais signal », déplore Emmanuel Vire, secrétaire général du syndicat SNJ-CGT et journaliste à Géo. « On va négocier les conditions de départ, car c’est mieux que des ruptures conventionnelles individuelles au rabais, mais on va tout autant s’intéresser à ceux qui restent après, car on craint qu’il y ait des conséquences négatives sur la production », prévient M. Vire.

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Catherine Vautrin, ministre du travail à temps partiel

Catherine Vautrin, ministre du travail, de la santé et des solidarités, dans son bureau, à Paris, le 4 avril 2024.

Depuis son entrée au gouvernement, Catherine Vautrin ne chôme pas. Une pile vertigineuse de dossiers s’élève dans le bureau de l’hôtel du Châtelet, situé rue de Grenelle, à Paris, où elle a pris ses quartiers le 11 janvier. Ces derniers temps, deux thèmes majeurs ont beaucoup retenu la ministre du travail, de la santé et des solidarités : la réforme de l’assurance-chômage et la loi relative à la fin de vie, dont l’examen en séance publique débute lundi 27 mai à l’Assemblée nationale.

Mais il y a bien d’autres questions sur lesquelles l’ex-élue Les Républicains (LR), ralliée à la Macronie, planche : « l’acte II » de la transformation du marché de l’emploi, les besoins de financement des hôpitaux, la création d’un congé de naissance… Son emploi du temps est joliment rempli. Tellement rempli que plusieurs de ses interlocuteurs regrettent qu’elle ne soit qu’à temps partiel sur le volet « travail » de son maroquin. François Hommeril, le président de la CFE-CGC, lui a même lancé cette petite pique pleine d’ironie, lors d’une conférence de presse : « J’ai cru comprendre que, depuis quelques mois, [le ministère du travail] était fermé. »

Dès le départ, l’ampleur de ses attributions a frappé les esprits. Au mois de janvier, Catherine Vautrin s’est déployée sur de multiples fronts, des investissements dans le système de soins à l’élaboration d’une loi sur le grand âge, en passant par le temps que les enfants consacrent aux écrans ou à l’évolution des règles sur les congés payés. « Ses prérogatives sont si larges qu’elles font presque penser à l’empire de Charles Quint sur lequel le soleil ne se couchait jamais, déclare Raymond Soubie, président du groupe Alixio et conseiller social de Nicolas Sarkozy quand celui-ci était à l’Elysée (2007-2012). Regrouper dans un même portefeuille le travail, la santé et les solidarités est assez exceptionnel dans l’histoire de nos institutions. »

Des cas de figure un peu équivalents se sont, toutefois, déjà présentés au cours de la VRépublique. Exemple : Xavier Bertrand s’est occupé du travail, de l’emploi et de la santé entre novembre 2010 et mai 2012, tout en bénéficiant de l’aide d’un ministère délégué à la formation professionnelle et d’un secrétariat d’Etat chargé de la santé. Peut également être mentionné le ministère de l’emploi et des solidarités, de juin 1997 à mai 2002, qui a été flanqué, selon les périodes, de deux ou trois ministères délégués (dont un à la santé) et d’un secrétariat d’Etat. Chargé des affaires sociales et de l’emploi entre mars 1986 et mai 1988, Philippe Séguin a pu s’appuyer sur un ministère délégué à la santé et à la famille et, par moments, sur deux secrétariats d’Etat (dont l’un sur la Sécurité sociale).

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Appel à témoignages : jeunes actifs, comment travaillez-vous avec vos collègues plus âgés ?

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En France, l’inquiétude monte face aux plans sociaux

Des employés de l’usine de produits chimiques Vencorex, lors d’une manifestation après la mise en faillite de l’entreprise, en septembre, au Pont-de-Claix (Isère), le 7 novembre 2024.

Faut-il travailler à une stratégie industrielle européenne, comme le prône le ministre délégué chargé de l’industrie, Marc Ferracci ? Ou demander plutôt des comptes aux entreprises qui ont reçu des aides publiques, comme le suggèrent Sophie Binet et Marylise Léon, respectivement secrétaires générales de la CGT et de la CFDT ? L’Etat doit-il bloquer l’homologation de certains plans sociaux, ainsi que le plaide François Ruffin, député de la Somme ?

L’annonce en cascade, depuis le 5 novembre, de la fermeture de deux usines Michelin à Cholet (Maine-et-Loire) et à Vannes – soit 1 254 salariés – d’un plan social chez Auchan, qui s’apprête à supprimer 2 389 emplois, puis de la mise en redressement judiciaire du chimiste Vencorex, menaçant quelque 500 emplois, a soulevé une vague d’inquiétude dans le pays. A l’issue de cette semaine noire, responsables politiques et syndicalistes s’interrogent sur les réponses à apporter pour éviter une hémorragie sur le front social.

Car, sur le constat, personne ne semble se faire d’illusions. Pendant les trois années qui ont suivi la pandémie de Covid-19, les entreprises, aidées par le prêt garanti par l’Etat, les diverses aides accordées pendant les confinements et la relative bonne santé de l’économie d’alors, ont beaucoup embauché et peu licencié.

Mais désormais, l’horizon s’assombrit et les difficultés s’accumulent. « Des annonces de fermetures de sites, il y en aura probablement dans les semaines et les mois qui viennent », a déclaré M. Ferracci, samedi 9 novembre, sur France Inter, évoquant la possible destruction de « milliers d’emplois ». « Nous sommes au début d’une violente saignée industrielle », enchaînait le lendemain Mme Binet, de la CGT, dans l’hebdomadaire La Tribune Dimanche, mettant en cause la volonté des entreprises de « toujours augmenter les marges » et de « distribuer toujours plus de profit aux actionnaires ».

La confédération a déjà dressé une liste des plans sociaux en préparation, « qui frôle les 200 », assure-t-elle. La centrale syndicale a appelé à une journée de mobilisations dans toutes les régions, le 12 décembre. Mme Binet souhaite, en outre, « qu’une entreprise ne puisse pas toucher d’aides de l’Etat si l’avis des représentants du personnel est défavorable ». Un point sur lequel Mme Léon, son homologue de la CFDT, est d’accord. « Cela me paraît lunaire que l’Etat ne sache pas à quoi servent les aides qui sont attribuées : on parle de centaines de millions d’euros », a-t-elle déclaré sur Franceinfo, vendredi 8 novembre. Ces déclarations ont reçu un accueil plutôt bienveillant de la part de M. Ferracci. « Si les aides ne sont pas efficaces de manière globale, eh bien il faut arrêter les aides », a-t-il admis sur France Inter.

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Ingénieur, un métier toujours aussi attractif : « Je ne pensais pas que j’aurais un si beau poste à mon âge »

Beaucoup en rêvent : un diplôme qui permet de trouver du travail avant même la fin de ses études, de faire la ou le difficile entre plusieurs offres, de changer de secteur d’activité quand on le souhaite, de déménager au gré de ses projets de vie ou encore de reprendre ses études si l’on en a envie.

Année après année, l’attractivité du diplôme d’ingénieur sur le marché du travail ne se dément pas. Selon la dernière enquête menée par l’association Ingénieurs et scientifiques de France (IESF) auprès d’anciens élèves d’écoles d’ingénieurs et de diplômés scientifiques (bac + 5 et plus), 85 % des diplômés des trois dernières promotions (2020-2023) ont trouvé un emploi en moins de trois mois ; 65 % ont même été recrutés avant la fin de leurs études.

C’est le cas de Louis-Mayeul Rousset-Rouvière, 24 ans, originaire des Hauts-de-Seine, qui a plusieurs fois été approché lorsqu’il étudiait au sein de la prestigieuse Ecole nationale des ponts et chaussées. « On sentait bien qu’on était prisés. Chaque année, les entreprises se pressaient au Forum Trium [qui réunit grandes écoles et entreprises], c’est-à-dire qu’elles payaient pour nous rencontrer et nous donner envie de travailler pour elles. »

Lorsque Louis-Mayeul contacte de grands groupes, comme Eiffage ou Vinci, dans le cadre de ses stages obligatoires de fin de deuxième année, il est rappelé immédiatement. Pour son stage de fin d’études, il a l’embarras du choix et hésite. « C’est une décision importante, car elle conditionne souvent la première embauche », explique le jeune homme, qui a finalement choisi la Setec, un bureau d’études renommé, où il poursuivra en CDI.

« Le diplôme d’ingénieur est une belle machine à insérer, elle est très sélective à l’entrée mais insère très bien à la sortie », confirme Jean Pralong, enseignant-chercheur en gestion des ressources humaines à l’Ecole de management de Normandie, qui modère toutefois l’idée selon laquelle les candidats feraient seuls la loi sur le marché de l’emploi. « Il ne faut pas perdre de vue que c’est un marché segmenté. Pour chaque diplômé, il y a un périmètre de postes accessibles, en fonction du classement de son école, du secteur d’activité. Ce n’est pas illimité. »

Forte évolution des attentes

Si les jeunes diplômés ne sont pas tout-puissants dans leurs négociations avec les recruteurs, ils ont en tout cas un luxe : celui de pouvoir changer d’entreprise, voire de métier, quand ils le souhaitent et selon leurs propres critères. Bertille (qui n’a pas souhaité donner son nom de famille, comme d’autres personnes interrogées), 25 ans, également diplômée des Ponts, a décliné une belle offre – poste intéressant, plutôt bien payé – qui lui avait été faite lors de son stage de fin d’études. La localisation géographique ne lui convenait pas, et puis, son diplôme en poche, elle avait envie de faire une pause.

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« Après la croissance sans emploi qui menace les pays riches, faut-il craindre un développement sans emploi dans les économies à bas revenu ? »

Cet été, une agence bancaire de la State Bank of India, une vénérable institution publique indienne, a vu le jour à Chhapora, un petit village isolé du Chhattisgarh, l’un des Etats les plus pauvres du pays. Enseigne rutilante, ordinateurs tout neufs rangés derrière des guichets, formulaires imprimés avec le logo de la banque : qui aurait pu s’imaginer que cette nouvelle agence était en réalité fausse ? D’autant que les escrocs, prétextant un retard dans la livraison des serveurs, avaient refusé de prendre les liasses de billets apportées par les habitants, soulagés de pouvoir enfin placer leurs économies ailleurs que sous un matelas ou une pile de saris.

Les escrocs se sont enrichis autrement, en réclamant de l’argent contre la promesse d’un emploi à la State Bank of India. Ils ont ainsi récolté des dizaines de milliers d’euros et se sont ensuite évanouis dans la nature. Seul l’un d’entre eux a été arrêté. Il faut leur reconnaître un certain sens de l’inventivité. A force d’être alerté sur les arnaques en ligne, on en oublie que les fraudes bancaires ne sont pas que virtuelles. Les escrocs ont compris que le chômage de masse est un fléau qui gangrène l’Inde. Les emplois y sont devenus si rares que les chômeurs sont prêts à tout pour en décrocher, surtout si c’est un emploi de fonctionnaire.

Fin 2022, des demandeurs d’emploi avaient d’ailleurs été victimes d’une arnaque similaire, qui promettait cette fois des emplois dans les chemins de fer indiens. Après les avoir prétendument recrutés contre une commission, les escrocs les avaient envoyés dans des gares compter les trains, avant de disparaître. Le secteur privé offre des conditions de travail très précaires et les cas de surmenage se multiplient, comme l’a montré le suicide récent d’une jeune employée du géant de l’audit EY.

Lire le reportage | Article réservé à nos abonnés En Inde, le désenchantement de la jeunesse diplômée

De nombreux autres pays en développement sont menacés par le chômage. « Le spectre du chômage plane de manière inquiétante, avec, à la clé, 800 millions de jeunes qui pourraient se retrouver sans réel emploi, au risque de déstabiliser les sociétés et de freiner la croissance économique », s’est inquiété Ajay Banga, le président de la Banque mondiale, en octobre, lors des assemblées générales communes avec le Fonds monétaire international. Ce fléau est mal comptabilisé, donc invisible, et se confond souvent avec le secteur informel, des petits emplois qui consistent à appuyer sur le bouton d’un ascenseur ou à ouvrir les portes d’un magasin.

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Après l’attaque de Nicolas Sarkozy contre le temps de travail des enseignants, un tollé et un soutien ministériel jugé tardif

Les enseignants guettaient une réaction de leur ministre de tutelle depuis quatre jours. Depuis que l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy a porté une violente charge contre le temps de travail des enseignants, vendredi 8 novembre, à l’occasion d’une conférence organisée à Saint-Raphaël (Var). « Le statut de professeur des écoles, (…) c’est vingt-quatre heures par semaine » et « six mois de l’année », a lancé l’ancien chef de l’Etat, estimant que « nous n’avons pas les moyens d’avoir un million d’enseignants ». Avant d’ajouter ironiquement, sous les rires de l’assistance : « Alors, je sais bien, il faut préparer les cours… Maternelle, grande section… »

Ces déclarations ont immédiatement provoqué un tollé parmi la communauté enseignante, et de vives condamnations à gauche et au centre quant au « mépris » de l’ancien président et sa « méconnaissance abyssale » du travail en maternelle. La ministre de l’éducation nationale, elle, s’est finalement positionnée mardi 12 novembre.

Interrogée sur le sujet par l’Agence France-Presse, Anne Genetet a refusé de « juger » ces propos, mais elle a affirmé son « soutien » aux enseignants, qui « travaillent beaucoup » et « dans des conditions difficiles ». « Je ne suis pas d’accord. Je ne comprends pas ses propos », a-t-elle ensuite déclaré en marge d’un déplacement à L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne). « J’ai vu qu’ils [les enseignants] ne ménagent pas leurs horaires, loin de là, leur volume horaire est très important, il faut cesser de se restreindre au temps devant élève », a insisté la ministre, souhaitant « remettre les pendules à l’heure ».

Douloureux retour en arrière

Un soutien attendu mais jugé tardif par les représentants des 850 000 enseignants, aussi révoltés par les propos dénigrants du 8 novembre que par le silence des membres du gouvernement ou de leurs soutiens parlementaires. « Quand les policiers sont visés, le ministre de l’intérieur se positionne tout de suite pour les défendre ; là, les enseignants subissent une attaque en règle par un ancien chef d’Etat et notre ministre ne dit rien avant d’être interrogée », déplore Guislaine David, du SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire.

A l’heure où les gouvernements successifs ne cessent de proclamer la nécessaire « revalorisation du métier de professeur », le discours de Nicolas Sarkozy a fait l’effet d’un douloureux retour en arrière. L’assertion selon laquelle leur temps de travail se résumerait à leur temps de présence obligatoire devant les élèves est une vieille rengaine de l’ancien président, qui usait déjà des mêmes termes en 2007, en 2012, ou encore en 2016.

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Les salariés allemands, champions des arrêts maladie

LETTRE DE BERLIN

Un patient à l’hôpital St.Johannes de Dortmund (Allemagne), le 10 mai 2023.

L’Allemagne est l’homme malade de l’Europe, littéralement. Selon les statistiques officielles, les Allemands sont de plus en plus souvent malades, et s’arrêtent de plus en plus longtemps lorsqu’ils le sont : quatre jours de congé maladie de plus en moyenne en 2023 qu’en 2021, soit 15,1 jours contre 11,1 deux ans plus tôt, selon l’Office fédéral des statistiques (qui ne compte que les arrêts de plus de trois jours). Et la tendance s’accélère, puisqu’un record est attendu cette année, la fédération de caisses d’assurance-maladie, l’Allgemeine Ortskrankenkasse (AOK), ayant averti qu’un nouveau pic avait été atteint dès le mois d’août, avant même l’arrivée de l’hiver.

Dans un pays en récession, le sujet n’a rien d’anecdotique. La publication de ces chiffres a eu un fort retentissement en Allemagne, générant une inhabituelle vague d’introspection. « Sommes-nous tous devenus des tire-au-flanc ? », titrait ainsi le Tagesspiegel il y a quelques jours. « Sommes-nous paresseux ou simplement finis ? », s’interrogeait même le tabloïd Bild, tandis que le Handelsblatt parle de « la République malade ».

Les commentaires avancent volontiers que le pays est devenu le champion européen des arrêts maladie. Pourtant, les comparaisons internationales, complexes voire impossibles du fait des écarts de réglementation, conduisent à des conclusions souvent divergentes.

Les sondages menés par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) auprès des employés ne sont pas si affirmatifs, même si ses experts admettent observer une augmentation récente. A titre indicatif (les données n’étant pas directement comparables), un rapport de l’inspection des finances, paru en juillet, affirme que les salariés du secteur privé en France se sont absentés en moyenne 11,7 jours pour des raisons de santé en 2022, et les agents publics en moyenne 14,5 jours.

Un pilier de l’Etat social

Outre-Rhin, les réactions à ces statistiques en diraient ainsi presque plus long que les chiffres eux-mêmes : l’Allemagne, pays de l’éthique protestante du travail, serait-elle en train de vivre un changement de culture ?

Les économistes y voient un frein à la reprise de la croissance, certains avancent même que le manque à gagner lié à ces absences suffirait à combler le demi-point de produit intérieur brut (PIB) qui permettrait de sortir de la récession. « Le taux d’absentéisme élevé constitue un risque supplémentaire pour les chances de réussite des entreprises à surmonter la faiblesse de la croissance », assure le responsable d’une des principales caisses d’assurance maladie (DAK), Andreas Storm, dans le Bild du 28 octobre. La droite et les libéraux y lisent, quant à eux, le symptôme de la trop grande générosité de l’Etat social dont le coût entraverait le redémarrage de l’Allemagne.

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Paris 2024 : un ancien salarié du Comité d’organisation obtient en appel la nullité de son licenciement

Deux mois après la fin de l’été olympique et paralympique, la justice a donné raison à un ancien salarié du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 (Cojop), qui contestait son licenciement. Par un arrêt du 31 octobre, la cour d’appel de Paris condamne l’organisateur des JO pour licenciement nul « en raison de la violation de la liberté d’expression » de Sébastien Chesbeuf, détaille Thomas Hollande, l’avocat du plaignant, dans un communiqué publié mercredi 6 novembre.

Ancien responsable des relations institutionnelles du Cojop, M. Chesbeuf avait été licencié pour faute le 5 février 2020, après avoir alerté un cadre du Comité international olympique (CIO) de dysfonctionnements présumés (problèmes de gouvernance, risques budgétaires, manque de transparence de la direction avec les pouvoirs publics) au sein de Paris 2024, alors que sa fonction imposait, selon le Comité d’organisation, un devoir de loyauté.

L’ancien cadre du Cojop avait alors saisi le conseil des prud’hommes de Paris pour faire reconnaître la nullité de son licenciement. La justice prud’homale avait condamné le Cojop en juillet 2021 pour licenciement « abusif » et « sans cause réelle et sérieuse », mais avait débouté Sébastien Chesbeuf de sa demande de licenciement nul.

Dommages réputationnels

Ce dernier avait alors décidé de faire appel pour faire reconnaître son statut de lanceur d’alerte. Dans son arrêt, la cour d’appel infirme le jugement prud’homal, reconnaît la liberté d’expression du salarié et reproche à Paris 2024 « d’avoir tenté de réduire au silence Sébastien Chesbeuf en le licenciant pour avoir rendu public ses alertes et en avoir directement fait part à un membre du CIO, Pierre-Olivier Beckers », fait valoir Me Hollande.

Coauteur, avec les journalistes Jean-François Laville et Thierry Vildary, de La Face cachée des JO (JC Lattès, 216 p, 20 euros), un ouvrage publié quelques semaines avant les Jeux olympiques et dans lequel il détaille ses alertes sur la gestion du Cojop, Sébastien Chesbeuf affirme avoir, depuis son licenciement, subi des dommages aussi bien professionnels que réputationnels.

« Paris 2024 ne fera pas de commentaire », a, de son côté, répondu au Monde, mercredi, le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.

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« 60 millions de consommateurs » ne passera « pas l’année 2025 » sans aide de l’Etat, selon les salariés du magazine

Les représentants des salariés de l’Institut national de la consommation (INC), qui édite le magazine 60 millions de consommateurs, ont demandé l’aide urgente du gouvernement de Michel Barnier, sans quoi l’INC « ne passera pas l’année 2025 », affirment-ils dans une lettre consultée vendredi 8 novembre par l’Agence France-Presse (AFP).

« Le 2 mai nous apprenions par la voix de la ministre déléguée chargée des entreprises, du tourisme et de la consommation » de l’époque, Olivia Grégoire, « qu’un scénario de rebond de l’INC avait enfin été choisi », écrivent des représentants de salariés dans ce document adressé à la nouvelle équipe gouvernementale, consultée vendredi.

Or, cela semble « remis en cause », poursuivent-ils. Ils demandent au premier ministre, Michel Barnier, au ministre de l’économie, Antoine Armand, et à la secrétaire d’Etat chargée de la consommation, Laurence Garnier, s’il leur est possible de « compter sur l’abondement financier de l’Etat à hauteur de 3,2 millions d’euros comme promis ? »

« Si non, considérant l’état de notre trésorerie, il est certain que l’INC ne passera pas l’année 2025 », s’alarment les représentants de la cinquantaine de personnes travaillant au sein de l’établissement public basé à Malakoff, dans les Hauts-de-Seine.

« Baisse progressive du montant de subvention »

Selon Bertrand Loiseaux, un membre du CSE, le budget de l’INC pour 2025 doit être présenté en CSE mardi 19 novembre, avant un conseil d’administration prévu à la fin du mois. Faute de visibilité sur l’aide accordée par l’Etat notamment au titre de la mission de service public effectuée par l’INC, la situation de l’Institut peut devenir rapidement « extrêmement périlleuse » en raison d’une trésorerie « qui se réduit comme peau de chagrin », selon M. Loiseaux.

En mars, les représentants des salariés avaient appelé à « sauver » 60 millions de consommateurs, journal né en 1970 et « en péril » en raison d’investissements insuffisants selon eux. Un rapport parlementaire en 2022 mentionnait une « baisse progressive du montant de subvention » à l’INC entre 2012 et 2020, passé de 6,3 millions d’euros à 2,7 millions d’euros.

Créé en 1966, l’établissement est chargé de la bonne information des consommateurs et de « promouvoir une consommation responsable ». Il regroupe un centre d’essais comparatifs de produits et de services ainsi qu’un département d’études juridiques et économiques, détaille-t-il sur son site Internet. Sollicitée vendredi par l’AFP, sa direction n’a pas immédiatement réagi.

Le Monde avec AFP

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