« Le division géographique affaiblit notre capacité à lutter contre le chômage »

L’économiste Francis Kramarz plaide, pour une union accélérée des municipalités, pour mieux concentrer les ressources publiques sur la lutte contre le chômage.
Le chômage est bien plus élevé en France qu’aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Suède ou au Danemark… Et malgré cela, certains de ces pays s’appuient sur des principes libéraux, d’autres plus sur des valeurs sociales-démocrates ; dans certains, les syndicats sont forts, dans d’autres, ils ont presque disparu ; dans certains, la flexisécurité règne en maître, dans d’autres, le marché fait la loi.
Autre différence, la France compte aujourd’hui près de 35 000 communes, soit environ 40 % des communes en Europe, pour moins de 8 % de sa population. Une commune française compte près de 1 800 habitants en moyenne contre 5 500 dans l’Union et 55 000 au Danemark. L’Allemagne a trois fois moins de communes ; l’Italie et l’Espagne en comptent 8 000.
Ce grand nombre s’explique par le retard du processus de fusion. Après l’échec des essais des années 1970, il a fallu attendre la création du statut de commune nouvelle, en 2010, pour inciter aux fusions. Avec un résultat limité : le nombre de communes a baissé de 5 % (de 36 570 à 34 851) entre 2010 et 2019. Au Danemark, la réforme de 2007, en imposant un seuil de 20 000 habitants, a divisé leur nombre par trois. En Suède, leur nombre a été réduit de 2 532 à 290.
Ces deux spécificités françaises sont-elles liées ? Oui, car le morcellement géographique saupoudre les ressources et amoindrit notre capacité à lutter contre le chômage.
Dispersion des fonds
Imaginons un entrepreneur possédant une usine en France, dans une zone, souvent rurale, où le foncier est peu cher. Pour affronter la concurrence, il doit monter en gamme, acheter de nouvelles machines, automatiser… Il lui faut donc des travailleurs très qualifiés, des techniciens, des ingénieurs : pour créer des emplois, même peu qualifiés, il faut forcément des salariés qualifiés. Afin de les faire venir, il faut des villes attirantes, connectées à des centres de vie dynamiques. Un travailleur très qualifié n’acceptera d’aller en famille que dans un lieu où les collèges, les lycées délivrent un enseignement de qualité, proche d’un campus universitaire offrant des cursus en humanités, sciences, droit et médecine. Où son conjoint pourra facilement trouver un emploi. Où les infrastructures médicales et sociales, les cinémas, les théâtres, les expositions seront abordables.
Est-ce que nos 35000 communes peuvent chacune devenir un tel lieu d’attraction. Non ! L’Etat a-t-il œuvré en ce sens ? Non ! Bien au contraire.
Rupture conventionnelle collective
Questionnée par l’AFP, la direction de la communication de GE Power à Belfort a affirmé l’ouverture de ces négociations, se refusant à tout autre commentaire. « GE procède actuellement à une revue de ses activités pour s’assurer qu’elles sont les mieux à même de répondre aux réalités du marché et permettre leur succès à long terme », a-t-elle déclaré. « Dans cet esprit, GE a entamé des discussions avec les représentants du personnel d’APS [Alstom Power Systems] sur la faisabilité d’un plan de départs volontaires dans le cadre d’une rupture conventionnelle collective », a-t-elle poursuivi, précisant ne pas être « en mesure de partager plus d’informations à ce stade ».
Dans un tract commun, la CFDT et la CFE-CGC d’Alstom Power System s’inquiètent des « conséquences des diminutions d’effectifs sur la continuité des activités, sur le maintien des compétences et des expertises » et demandent des embauches pour compenser ces éventuelles pertes de compétences. Pour cette entité de GE, le plan de rupture conventionnelle collective est complété par un « projet seniors » qui concerne l’ensemble des établissements et les 1 844 emplois en CDI. Les 229 postes visés le sont à travers les deux dispositifs de départs. La CGT demande quant à elle « un plan ambitieux d’embauches avec la mise en place de tutorats, de façon à remettre la pyramide des âges à l’endroit ».
De source syndicale, le dispositif de rupture conventionnelle collective n’écarte en rien l’éventualité d’un plan social ultérieur. Les négociations ont été ouvertes dès décembre pour l’entité Power System. Une première réunion s’est déroulée la semaine dernière à Boulogne-Billancourt pour Alstom Power System, qui doit être suivie par d’autres rendez-vous chaque semaine, avec, selon les syndicats, une détermination de la direction d’enregistrer les premiers départs dès avril.