Le secteur automobile allemand redoute la perte de 100 000 emplois

Le patron du groupe Volkswagen, Herbert Diess, à Berlin, en mai.

Le vent est-il en train de tourner pour l’industrie automobile allemande ? Trois ans après le « dieselgate », la première branche économique du pays redoute une perte d’influence sans prédécent. Depuis quelques semaines, les répliques de cette crise originelle se succèdent. Aux conséquences de la crise du diesel est venu s’ajouter le « mur du CO2 », dans un ­contexte de conflit commercial et de concurrence accrue des nouveaux acteurs du secteur.

Pour prendre la mesure de la panique qui s’est emparée des milieux automobiles allemands, il suffit de lire les propos d’Herbert Diess, patron du groupe Volkswagen (VW). « La transformation rapide [qui nous est imposée] est à peine tenable », déclarait-il à la Süddeutsche Zeitung, le 10 octobre. « Une industrie comme la nôtre peut s’effondrer plus rapidement que beaucoup semblent le croire. » Cent mille emplois sont en péril, alertait-il, deux jours avant la décision des ministres de l’environnement des pays européens d’imposer aux constructeurs une baisse de 35 % des émissions de CO2 des véhicules d’ici à 2030.

Mardi 16 octobre, M. Diess a enfoncé le clou. « La campagne actuelle contre la mobilité individuelle, et donc contre l’automobile, prend des proportions menaçantes », a-t-il lancé lors d’une rencontre avec les sous-traitants de VW à Wolfsburg (Basse-Saxe). Et de brocarder la discussion, « à la limite de l’hystérie », sur les émissions d’oxyde d’azote des véhicules diesel « pour quelques zones à problèmes dans les villes », ou bien les contradictions allemandes sur l’énergie, qui font qu’« au lieu de rouler au diesel ou à l’essence, nous roulons au charbon, même quand nous roulons électrique ! »

Peu importe que la charge puisse choquer, venant du patron d’un groupe qui a fraudé pendant des années sur la pollution de ses moteurs. « J’estime à 50-50 les chances que l’industrie automobile allemande soit encore…

« Inutile, mon travail ? Pas vraiment »

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Chronique « Ma vie en boîte ». Les boulots « à la con » ont-ils effectivement envahi le marché du travail, comme le soutient l’anthropologue américain David Graeber, dont le livre Bullshit Jobs (Les Liens qui libèrent, 416 pages, 25 euros) vient d’être publié en français et connaît un fort retentissement médiatique ? La plupart des emplois, même les mieux rémunérés, seraient-ils totalement inutiles mais néanmoins maintenus parce que « la classe dirigeante a compris qu’une population heureuse, productive et jouissant de temps libre est un danger mortel », comme l’affirme l’auteur ?

On était en droit d’en douter. Pour des raisons économiques, d’abord. Car s’il existe encore quelques personnes placardisées dans de grands groupes particulièrement rentables, le phénomène devient rarissime, voire inexistant, dans les petites et moyennes entreprises, qui assurent environ 70 % de l’emploi du secteur privé français. Ces sociétés se doivent en effet d’être vigilantes pour rester à flot et dégager les marges financières nécessaires à leur survie. Pour des raisons scientifiques, ensuite. L’ouvrage, presque totalement dépourvu de données statistiques, repose essentiellement sur des intuitions et des histoires de voisinage. L’auteur en convient lui-même : « Il est difficile de trouver une mesure objective au phénomène. »

Il est donc très salutaire que la Fondation Jean-Jaurès se soit attelée à la tâche, en s’associant à l’Ifop pour mener l’enquête auprès d’un échantillon de 1 000 Français dits « actifs », c’est-à-dire ayant un emploi rémunéré. Les résultats, signés de Jérôme Fourquet, analyste politique et directeur de l’Ifop, Alain Mergier, sociologue, et Chloé Morin, directrice de projets internationaux chez Ipsos, ont été publiés le 3 octobre.

Il en est ainsi tant pour les travailleurs manuels que pour les professions à dominante intellectuelle

Ils infirment totalement ceux cités dans l’ouvrage de David Graeber….

L’Union européenne veut limiter l’exposition des salariés aux gaz d’échappement

« Dès 2012, L’OMS a officiellement reconnu le lien entre l’exposition au diesel et le risque accru de cancer du poumon. »

Un nouveau pas pour la protection de la santé des salariés ? Après plusieurs mois de tergiversations, le Parlement et le Conseil européen sont parvenus à un accord, le 11 octobre, pour élargir au diesel (entre autres) la liste des substances reconnues comme cancérigènes et utilisées sur le lieu de travail.

Selon la Commission européenne, les cancers ne représentent pas moins de 53 % des accidents liés au travail. Cette constatation a incité l’Union européenne à renforcer une première fois la directive de 2004 sur les risques liés à l’exposition à des agents cancérigènes ou mutagènes, en adoptant une autre directive en décembre 2017. Celle-ci fixait des valeurs limites d’exposition professionnelle pour onze nouvelles substances.

L’accord du 11 octobre ajoute à la liste huit produits chimiques, au premier rang desquels les gaz d’échappement des moteurs diesel. Cette décision était très attendue : dès 2012, l’OMS a officiellement reconnu le lien entre l’exposition au diesel et le risque accru de cancer du poumon. Le diesel est dans le collimateur de l’Union européenne, qui veut également réguler plus sévèrement les émissions de CO2 des véhicules particuliers d’ici à 2030.

Près de 800 000 personnes concernées

La France, pays du « diesel roi », est particulièrement concernée par cette décision. Les gaz d’échappement diesel font partie des agents cancérogènes les plus couramment utilisés sur les lieux de travail, constatait la dernière édition de l’enquête Sumer, pilotée par le ministère du travail. Près de 800 000 salariés français sont quotidiennement exposés au diesel : chauffeurs de bus, de poids lourds, conducteurs d’engins sur les chantiers… Et le risque pour leur santé est réel : « pour 46 % d’entre eux, l’exposition au gaz d’échappement diesel est considérée comme importante », note l’enquête Sumer.

« Les cancers et les bronchites qui seraient liés aux gaz d’échappement des moteurs diesel ne sont pas mentionnés dans…

Business intelligence, Définition et mécanismes

Les mécanismes de business intelligence désignent l’ensemble des outils et technologies permettant d’améliorer la prise de décisions des responsables d’entreprise et des utilisateurs finaux afin d’améliorer la performance de l’entreprise,et accordent aux décideurs grâce à leurs données de mieux apercevoir l’entreprise, mieux la gérer et donc mieux piloter sa compétitivité.

Face à une grande abondance de données stockées par les entreprises, celles-ci sont parfois obligées d’utiliser des outils de plus en plus développés pour pouvoir les administrer et pour en tirer profit. Les outils de business intelligence sont là pour répondre à ce besoin.

 

Signification du business intelligence

Le terme business intelligence (ou informatique décisionnelle en français) existe depuis plus de vingt temps, mais commence se valoriser avec l’abondance des données (issues des relations commerciales, des données financières, etc. stockées par les entreprises), la puissance des terminaux informatiques, et des technologies du web, etc.

La business intelligence est l’une des secteurs de la Big Data, la fameuse science qui s’intéresse aux données. Il comprend l’ensemble des mécanismes, des technologies, des infrastructures, des méthodologies, nécessaire pour gérer des masses importantes de données et de transmettre les informations importantes aux responsables d’entreprise et aux utilisateurs finaux de façon la plus facile pour améliorer leur assimilation et leur prise de décision.

 

Usage des mécanismes du business intelligence

Les outils de business intelligence ou outils d’analyse décisionnelle sont des logiciels applicatifs qui sont utilisés pour dialoguer avec les données, cela se passe généralement par trois étapes :

  • la collecte, le traitement et le chargement  ;
  • le stockage ;
  • la restitution des données.

 

La collecte le traitement et le chargement ETL : durant cette étape les données en question seront récupérer depuis plusieurs sources de stockage (externes ou internes) à travers un processus appelé ETL(Extract transform and load). C’est un ensemble d’outils capables d’aller chercher les informations à leur état brut (son format d’initiale), de les nettoyer, de les corriger, de les  consolider, puis de les charger dans un système décisionnel.

Le stockage : dans cette étape les données nettoyées et consolidées seront stockées dans un magasin de données appelé Datawarehouse, Datamart, ou Cubes en fonction du volume de celles-ci, mais ne seront pas encore prêt à une utilisation.

 

La restitution des données : l’ultime étape étant l’utilisation finale, les données seront restituées sous forme d’informations claires et utilisables par les utilisateurs finaux, l’objectif étant d’aider l’analyse et la prise de décision. Ces derniers peuvent être ensuite :

  • exportées sous forme de reporting ;
  • Pour créer des tableaux de bord permettant des visualisations interactives et intelligentes des données ;
  • Pour créer des d’indicateurs de performances et de métriques KPI, etc.

 

Xavier Bertrand accuse l’Etat de préparer « l’assassinat d’Ascoval »

A helmet reading in French 'I am the steel factory' during a press conference on the closure of steel works factory Ascoval on October 15, 2018 in Saint Saulve, northern France, near Valenciennes, ahead of the ruling of the Strasbourg's tribunal. / AFP / FRANCOIS LO PRESTI

« Y en a marre de se faire balader ! On n’a pas envie d’être pris pour des cons. Il faut arrêter ce sale jeu qui consiste à préparer l’assassinat d’une entreprise qui tourne ! Et il faut que l’Etat arrête de flinguer la solution du repreneur ! » Ce coup de gueule poussé jeudi 18 octobre contre l’Etat et le groupe Vallourec n’est pas celui d’un syndicaliste d’Ascoval, l’aciérie nordiste placée en redressement judiciaire en janvier. C’est celui du président Xavier Bertrand, qui a de nouveau joué le porte-voix des 281 salariés de l’aciérie de Saint-Saulve, près de Valenciennes, lors d’un point presse organisé à l’hôtel de région des Hauts-de-France.

Mercredi 24 octobre, le tribunal de Strasbourg décidera de l’avenir du site construit en 1975 par Vallourec. Indirectement, plus de 1 000 emplois sont concernés par l’activité de cette aciérie monumentale menacée de fermeture. Le 18 septembre, Xavier Bertrand avait déjà interpellé Emmanuel Macron. Dans un courrier, il exhortait le président de la République à « ne pas laisser sacrifier » ce fleuron de la sidérurgie française. Message qu’il est bien décidé à rappeler ce vendredi, lors de sa rencontre, à Paris, avec M. Macron. L’ancien ministre du travail craint, en effet, que le tribunal ne prenne pas de décision mercredi, mais plutôt en novembre, « après la visite du président de la République prévue dans la région, car ils ne veulent pas de grabuge ».

Les salariés, lassés par les paroles, attendent désormais des actes clairs

Malgré le sursis de quatre semaines accordé par le tribunal de grande instance (TGI) de Strasbourg aux administrateurs judiciaires, le 26 septembre, pour consolider le projet de reprise d’Ascoval, l’avenir est toujours incertain. « On a l’impression de faire les cent pas dans le couloir de la mort, explique Bruno Kopczynski, porte-parole de l’intersyndicale et délégué CFDT. Depuis 2014, tout est suspendu dans nos vies. On n’obtient pas de…

Brexit : à peine quelques milliers d’emplois délocalisés de la City

Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, le 11 juillet 2018, lors de la réunion annuelle de Paris Europlace, le lobby de la place parisienne.

Rarement aussi peu d’emplois auront été regardés d’aussi près par autant de monde. Après plus de deux ans de lobbying féroce des différents centres financiers d’Europe continentale, et malgré le chaos politique britannique, les départs de banquiers de la City se comptent en quelques milliers de personnes, au maximum.

Paris fait probablement la course en tête, légèrement devant Francfort, selon le dernier pointage de Paris Europlace, le lobby de la place parisienne. Mais le magot est bien maigre : environ 4 500 emplois pour Paris contre 3 500 à Francfort. Et encore ne s’agit-il que d’emplois annoncés : les départs réels ne dépassent pas quelques centaines de personnes. Pour le centre londonien, qui s’est battu contre le Brexit de toutes ses forces, c’est à peine une écorchure.

Jeudi 18 octobre, Paris La Défense, qui représente le quartier d’affaires parisien, menait une nouvelle offensive de charme à Londres, en marge d’un grand salon immobilier. Dans un pub de l’ouest de la capitale britannique, les participants – principalement des Français, y compris parmi le public – étaient forcés de le reconnaître : le grand soir n’est pas arrivé.

« C’est trop tôt »

« Au début, certains ont pu avoir l’impression que la plate-forme de Londres allait se déplacer en masse, mais ça ne se passera pas comme ça, explique Marie-Célie Guillaume, directrice de Paris La Défense. Londres restera Londres, mais le Brexit a ouvert de la place pour les autres. De plus, 4 500 emplois hautement qualifiés et à hauts salaires génèrent de la richesse. »

Les chiffres avancés par Paris Europlace sont pourtant à prendre avec des pincettes. En comptant les annonces faites jusqu’à présent, il est difficile d’atteindre le total de 4 500 emplois : 1 000 pour HSBC, 1 000 pour les banques françaises (Société générale, BNP Paribas, Crédit agricole), 400 pour Bank of America Merrill Lynch, 150 pour JPMorgan, 60 pour Citi… Même en ajoutant…

Coup d’envoi pour identifier les métiers d’avenir

« Fin 2017 déjà, une étude de Pôle emploi constatait que 4,7 % des annonces déposées par les entreprises, soit 150 000 offres étaient restées non pourvues faute de candidats adéquats » (Photo: formation à l’informatique).

Le ministère du travail a présenté, le 11 octobre, les dix premiers projets « Soutien aux démarches prospectives compétences » retenus sur proposition des organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA) [les organismes financeurs de la formation professionnelle] pour identifier, par secteur ou par filière, l’évolution de l’emploi et des compétences liée à la transformation numérique.

L’appel à projets, lancé en avril, vise à soutenir les démarches prospectives au sein des branches d’activité. Le temps de la formation n’étant pas celui de l’entreprise, il est urgent d’anticiper afin que la transformation numérique, la robotisation et l’intelligence artificielle offrent des opportunités d’emploi plutôt que des salariés laissés-pour-compte et des postes sans candidats.

Les OPCA Défi, Opcaim, Opcalim, OPCA 3 +, FAF.TT, Fafiec, Afdas, Opcalia, AFT, Transports et services, et l’Union des employeurs de l’économie sociale et la branche des particuliers employeurs concernés par cet appel à projets auront à charge de mener à bien les dix projets pour faciliter la gestion prévisionnelle de l’emploi, les passerelles entre les métiers au sein et en dehors des branches professionnelles, et réduire dans les entreprises la part des métiers qui ne trouvent pas preneurs.

150 000 offres non pourvues

Fin 2017 déjà, une étude de Pôle emploi constatait que 4,7 % des annonces déposées par les entreprises, soit 150 000 offres étaient restées non pourvues « faute de candidats adéquats ». 51 % des recruteurs précisaient que le fait de ne pas trouver de candidat était « le plus souvent lié à une pénurie de formation aux compétences nécessaires au poste ». Les abandons de recrutement faute de candidats étaient issus à 72 % des services, 13 % du commerce, 6 % de la construction, 6 % de l’industrie et 2 % de l’agriculture. Les secteurs couverts par les dix projets sélectionnés par l’Etat sont le transport, le commerce de détail, le numérique,…

Formation : l’Afpa projette de supprimer plus de 930 postes et de fermer 38 centres

Les syndicats étaient « sous le choc » à la suite de l’annonce par la direction de l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) jeudi 18 octobre d’un « plan de transformation ». Dans le cadre de ce plan, 938 postes d’ici à la fin de 2020 seront supprimés et 38 centres du plus gros organisme de formation français seront fermés.

« L’Afpa est devenue structurellement déficitaire, en raison de l’intensité concurrentielle du secteur de la formation, de la digitalisation de l’offre et du passage à un système d’appels d’offres qui ont révélé sa faible compétitivité », souligne la direction dans son communiqué. Déjà plusieurs fois renflouée par l’Etat, l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes, qui employait 6 773 personnes en CDI au 31 décembre 2017, s’attend à une nouvelle perte d’exploitation « de plus de 70 millions d’euros pour 2018 ».

Triple objectif

Avec ce plan, l’agence se fixe un triple objectif : « assurer sa mission de service public pour la formation des publics les plus éloignés de l’emploi » ; « adapter son offre aux appels d’offres des régions et des entreprises en s’adaptant aux besoins de nouvelles compétences et des métiers en tension », et développer « des services innovants aux demandeurs d’emploi, aux entreprises et aux branches professionnelles ».

Le plan, attendu depuis plusieurs mois et présenté jeudi en comité central d’entreprise, prévoit de supprimer 1 541 postes en CDI d’ici à la fin de 2020 et d’en créer 603 sur d’autres compétences. Les départs naturels à la retraite concerneront 600 personnes. Pour ceux qui ne rentreront pas dans les dispositifs de reclassement interne, « une phase de départs volontaires sera proposée, avec un accompagnement renforcé : création d’entreprises, formation longue pour reconversion externe », selon la direction.

« Le statu quo n’était plus tenable »

Par ailleurs, l’établissement public prévoit de fermer des implantations « qui ne répondent plus aux besoins des territoires » et « ne trouvent plus leur demande » afin « de rationaliser son parc immobilier ». L’Afpa fermerait ainsi 38 centres sur 206 et « privilégiera la mobilité, en se déplaçant là où est le besoin de formation ».

Les syndicats ont dénoncé, à l’image de la CFDT, « une restructuration d’ampleur sans projet stratégique abouti ». Pour Yann Cherec (CGT), « c’est deux fois pire que ce que l’on craignait ». Cette annonce a aussi entraîné de vives réactions dans les régions concernées. Le conseil régional du Centre-Val de Loire, qui commande à l’Afpa « deux mille places par an pour quatorze millions d’euros », a immédiatement protesté contre la fermeture de cinq centres à Issoudun, Châteauroux, Blois, Montargis et Veigné, qui « participent au maillage de notre territoire ».

« C’est un projet de très grosse transformation, mais on est sous pression depuis une dizaine d’années et le statu quo n’était plus tenable », a justifié la directrice générale, Pascale d’Artois, rappelant que l’Afpa a cumulé 725 millions de pertes de 2012 à 2016. La ministre du travail, Muriel Pénicaud, avait demandé en juin une « feuille de route pluriannuelle » avec « des engagements et des missions claires ».

Ceconomy, premier actionnaire de Fnac Darty, dans la tourmente

Magasin d’électronique Saturn, à Magdeburg, en Allemagne, en mars 2016.

Rien ne va plus chez l’allemand Ceconomy, holding propriétaire de MediaMarktSaturn, premier distributeur européen de produits électroniques grand public, et de 24 % de Fnac Darty. Après deux avertissements sur les résultats, qui avaient fait s’effondrer le cours en Bourse, le directeur général, Pieter Haas, a été remercié, avec effet immédiat, le 12 octobre dans la nuit. Le directeur financier du groupe est également sur le départ. Cette crise, qui survient quelques semaines seulement avant la période de Noël, en dit long sur les difficultés des grandes enseignes d’équipement électronique, bouleversées par la concurrence de l’e-commerce.

Les investisseurs avaient pourtant bien accueilli, il y a un an, la grande restructuration du groupe Metro. Le distributeur historique a cédé ses activités dans l’électronique pour se concentrer sur l’alimentaire de gros. Ceconomy est aujourd’hui la holding qui règne sur les deux enseignes, Saturn et Media Markt, qui ont longtemps dominé le secteur de l’équipement électronique, jusqu’à l’émergence du commerce en ligne. La scission du groupe devait être une libération pour chacune des spécialités, prévoyait la stratégie du patron de Metro, Olaf Koch, qui a promis aux actionnaires de meilleurs résultats et une hausse du cours.

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Mais rien ne s’est passé comme prévu. Plusieurs fois, les objectifs de vente et de rentabilité de Saturn et Media Markt n’ont pas été tenus. Et, fin septembre, à la clôture de l’exercice 2017-2018, la débâcle s’est révélée pire qu’attendu : le résultat opérationnel s’est effondré, passant de 714 millions à 630 millions d’euros. Depuis janvier, l’action Ceconomy a déjà perdu la moitié de sa valeur. L’alerte sur les résultats, publiée le 8 octobre, a fini de mettre à bout la patience des investisseurs : l’action a dévissé de 20 %. Pieter Haas a invoqué les températures trop chaudes et l’atonie du marché allemand pour justifier la faiblesse des ventes. Trop court, ont jugé les actionnaires, qui ont finalement exigé sa tête. La concurrence toujours plus forte du géant Amazon et les rapprochements de plusieurs « pure-players » (spécialistes de la vente d’un seul produit) sur Internet ont probablement joué un rôle déterminant.

« Simplification des structures complexes »

Le chiffre d’affaires de Saturn et de Media Markt réalisé en ligne est certes en forte progression, mais reste insuffisant pour compenser l’effondrement des ventes dans les magasins. La concurrence a introduit une bataille des prix qui rogne les bénéfices. Pour attirer les clients dans les magasins, les enseignes n’ont d’autre choix que de multiplier les promotions. A deux reprises, au mois de septembre, Saturn et Media Markt ont offert à leurs clients la TVA sur chaque achat effectué en magasin. « Il ne faut pas s’attendre à ce que les enseignes dégagent de nouveau, à l’avenir, les marges auxquelles elles étaient habituées », estime l’analyste d’Equinet Christian Bruns.

Comment redresser la barre ? C’est un Espagnol, Ferran Reverter Planet, actuellement directeur des opérations, qui a été chargé par le conseil de surveillance de diriger le groupe provisoirement. Sa nomination a été bien accueillie par les actionnaires. Mais la tâche est considérable. L’analyste de la banque HSBC Andrew Porteous considère, dans une note parue le 22 octobre, que la tâche prioritaire est la « simplification des structures complexes » du groupe, marqué par une organisation décentralisée des achats et de la logistique. Le nouveau management, poursuit-il, pourrait également « remettre en cause la logique de participation du groupe », comme dans les groupes français Fnac et Darty ou au sein du russe M. Video.

Déboires « passagers »

Est-ce une option qui doit inquiéter les Français ? Chez Fnac Darty, on ne fait aucun commentaire sur les déboires conjoncturels qualifiés de « passagers » d’un actionnaire. Tout au plus rappelle-t-on que Pieter Haas n’était pas au conseil d’administration du groupe Fnac Darty ni d’ailleurs aucun des dirigeants du groupe allemand. Lors de la cession par la famille Pinault des 24,3 % de Fnac Darty à Ceconomy, en juillet 2017, ce dernier avait placé deux administrateurs indépendants pour suivre à sa place la bonne marche de l’entreprise.

Mais Ceconomy est bien plus qu’un simple actionnaire, il est notamment le partenaire de Fnac Darty dans ses achats de marchandises. MediaMarktSaturn et Fnac Darty ont en effet mis en place, en août, une alliance européenne, baptisée « European Retail Alliance » qui porte sur quatre domaines : accords de partenariats avec les grands fournisseurs au niveau international, achats et accords de licences pour les marques distributeurs, collaboration en matière d’innovation et, enfin, codéveloppement d’outils visant à améliorer la connaissance clients. Le groupe français assure que les discussions opérationnelles dans le cadre de cette alliance n’ont nullement été affectées par les difficultés traversées par Ceconomy.