Vous êtes inscrit à Pôle emploi. Savez-vous que les règles d’indemnisation du chômage vont évoluer à partir du 1er novembre ? Vous êtes-vous renseigné sur le contenu de cette réforme ? Si oui, que vous inspire-t-elle ? Le gouvernement indique que le nouveau dispositif cherche à encourager le maintien dans un emploi durable : qu’en pensez-vous ? Est-ce de nature à modifier votre comportement dans la recherche d’une activité ? Détaillez-nous votre situation.
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Caroline Aubry, enseignante en gestion du risque, décrit dans une tribune au « Monde » les facteurs qui ont placé cette discipline au cœur de la stratégie des entreprises.
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Tribune. L’actualité récente témoigne de l’élargissement de la nature et de l’ampleur des risques, qui fait aujourd’hui de sa gestion une variable stratégique de la réflexion des entreprises. Les cyber-attaques subies par Airbus ces derniers mois appartiennent à la catégorie des risques nouveaux ; le cyber-risque est d’ailleurs le premier cité par les entreprises dans le baromètre des risques de l’assureur Allianz.
L’incendie de l’usine Lubrizol, le jeudi 26 septembre, n’est pas qu’un risque « traditionnel » d’incendie ; il s’agit d’un risque éthique dans sa dimension de développement durable. La plainte déposée le 26 septembre par la Fédération Internationale pour les droits humains contre BNP Paribas et ses anciens dirigeants, pour complicité de torture, crimes contre l’humanité, génocide, blanchiment et recel au Soudan, est un risque éthique dans sa dimension de gouvernance : respect par l’entreprise des engagements pris, transparence et ouverture aux besoins de l’environnement dans laquelle elle opère, prise en compte des parties prenantes, les actionnaires et tous les groupes ou individus qui peuvent affecter ou être affectés par la réalisation de ses objectifs.
Les entreprises doivent faire face à des risques potentiels plus difficiles à cerner car ils sortent du champ de compétences des experts. Depuis trente ans, ces facteurs les ont conduites à mettre en place une démarche globale de gestion des risques, nommée « Enterprise-Risk-Management » (ERM) par les Anglo-Saxons ; ils ont contribué à la création d’une fonction dédiée à la gestion des risques.
L’élargissement du domaine de la gestion des risques s’est amorcé dans les années 1990 avec l’apparition de nouveaux risques issus des changements technologiques. Il s’est poursuivi avec la multiplication de qualificatifs venus en préciser la nature : éthique, environnemental, social, de gouvernance, de réputation, etc.
Est ensuite apparue l’idée d’une perception du risque différente selon les individus ou les niveaux dans l’entreprise. Cette perception est en effet fortement liée aux caractéristiques individuelles de l’acteur, sa personnalité, son histoire, ses préjugés, son exposition au risque…
L’élargissement du domaine de la gestion des risques s’est amorcé dans les années 1990 avec l’apparition de nouveaux risques issus des changements technologiques
Cette subjectivité intervient aussi dans la relation de l’entreprise avec les acteurs de la société civile. Par exemple, l’explosion de l’usine AZF à Toulouse en septembre 2001 a généré en France un état d’anxiété collective, accentué par la vigilance nouvelle des acteurs de la société civile qui ont pris conscience de ces vulnérabilités ; les populations habitant à proximité d’installations classées Seveso ont une perception accrue du risque.
La justice interdit l’emploi d’animatrices le dimanche après-midi dans un supermarché d’Angers.
Le juge des référés du tribunal de grande instance d’Angers a tranché. L’emploi d’animatrices dans l’hypermarché Géant Casino La Roseraie le dimanche après-midi, à partir de 12 h 30, est illégal. Dans sa décision, rendue publique jeudi 17 octobre, le magistrat condamne ainsi la société marseillaise Evénement, sous son enseigne commerciale Etic, à cesser son activité angevine le dimanche après-midi sous peine de payer 5 000 euros par salarié illégalement employé.
« Je suis époustouflé qu’en France on ne puisse plus travailler », s’étonne Geoffroy de Peretti, patron d’Evénement, qui emploie les quatre animatrices concernées. L’inspection du travail avait constaté lors de plusieurs visites d’observation que celles-ci avaient pour « activité réelle et essentielle la gestion du passage des clients aux caisses automatiques du magasin et la gestion des produits et paniers dans la zone de caisse » depuis l’ouverture polémique du magasin le 25 août.
Lors de l’audience du 3 octobre, qui ne visait d’ailleurs pas directement le groupe Casino, l’avocate de la CFDT, Me Hélène Signoret, avait ajouté : « Le principe du repos dominical est très clair et la volonté de Casino est tout aussi claire : contourner les règles et l’ordre public social. »
L’avocat d’Etic avait affirmé que le rôle des animatrices se bornait à une « campagne promotionnelle pour une application mobile » limitée dans le temps. Me Pierre Arnoux avait ajouté : « Dire qu’elles remplacent les caissières, c’est faux et archifaux. Les caisses automatiques permettent de faire fonctionner le magasin. On peut le regretter, s’en offusquer, avoir un jugement moral mais, aujourd’hui, on fait du droit. Dire que la société Evénement n’a pas le droit de faire travailler ses hôtesses le dimanche après-midi, c’est une hérésie. Si on avait fait cette animation sur le parking du magasin, l’inspection du travail serait-elle venue nous voir ? Je ne le pense pas. »
Une argumentation que le juge des référés n’avait pas retenue, de même que toutes les exceptions au travail dominical soulevées par l’avocat. Cette décision ne marque pourtant pas un coup d’arrêt à ces ouvertures dominicales. Le groupe Casino, qui a validé l’ouverture des magasins de Gap (Hautes-Alpes) et de Chaumont (Haute-Marne) ce dimanche 13 octobre, répète que « le jugement dans sa globalité ne concerne ni Géant Casino ni l’hypermarché d’Angers. Il ne concerne que la société Etic », comme l’indique une porte-parole du groupe au Courrier de l’Ouest. « Ce dispositif avait été imaginé pour accompagner les premiers dimanches les clients qui ne sont pas habitués aux caisses automatiques ».
Dimanche 20 octobre, l’hypermarché d’Angers – qui enregistre désormais un millier de clients l’après-midi – devrait donc être de nouveau ouvert, mais sans animatrices. Seuls des vigiles veilleront à la sécurité du magasin. Les clients qui rencontreront des problèmes lors du passage en caisse seront invités à appeler un numéro d’assistance.
Malgré cela, les sept organisations syndicales qui s’étaient portées parties civiles dans ce dossier emblématique (elles toucheront chacune 500 euros au titre de leur préjudice moral) sont plutôt satisfaites. Elles demandent à Etic « de ne pas jouer la surenchère et de se conformer à la loi ». Elles enjoignent également à Casino « d’assumer sa responsabilité sociale » en proposant aux quatre animatrices d’Etic « de rejoindre les effectifs du magasin ».
Jeudi soir, M. Peretti, qui emploie également les animatrices dans les magasins de Gap et de Chaumont, ne savait pas encore s’il allait faire appel de cette décision.
La phase de concertation se poursuit, notamment avec les syndicats de la RATP. Plusieurs organisations appellent à une journée de grève le 5 décembre, qui devrait être très suivie et pourrait durer.
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Place au plat de résistance dans la réforme phare du gouvernement Macron-Philippe. Avant le grand oral sur les retraites du premier ministre, Edouard Philippe, face à un panel de Français, à Lons-le-Saunier (Jura), prévu dans la soirée du jeudi 17 octobre, le secrétaire d’Etat aux transports, Jean-Baptiste Djebbari, devait entamer ce même jour un cycle de négociations avec les organisations syndicales de la RATP.
« Nous avions jusqu’ici expliqué les principes, dit-on au ministère des transports. Il s’agit maintenant de s’attaquer au fond de l’affaire. » Le fond, c’est-à-dire les conditions précises de la disparition de l’avantageux régime spécial de retraite des agents de la régie publique parisienne des transports, au profit d’un nouveau système de retraite universel à points à l’horizon 2025. Les représentants des salariés de la SNCF, qui sont dans le même cas de figure que leurs collègues de la RATP, seront eux aussi conviés au ministère des transports, deux semaines plus tard.
M. Djebbari et son cabinet ont donc invité jeudi 17 octobre, pour un premier round, l’UNSA-RATP, puis la CGT et, dans l’après-midi la CFE-CGC, soit les trois syndicats représentatifs de la régie. Si l’UNSA et la CGC devaient répondre présent, la CGT a annoncé ne pas vouloir se déplacer. « Nous avons déjà dit clairement notre opposition à la retraite par points, a expliqué Bertrand Hammache, secrétaire général de la CGT-RATP. Par conséquent, nous n’avons rien à discuter. »
Quant aux syndicalistes présents, ils ne devraient pas mâcher leurs mots. « Nous ne porterons aucun compromis, assène Thierry Babec, secrétaire général de l’UNSA-RATP. C’est la réforme du gouvernement. Il la portera seul et en tout cas pas avec nous. »
Chacun a dorénavant l’œil rivé sur la journée du jeudi 5 décembre, et ce mouvement de grève illimité lancé par les salariés de la RATP et auquel sont venus s’agréger d’abord des syndicats de la SNCF et des transports routiers avant d’être rejoints, mercredi, par quatre grandes confédérations, la CGT, FO, la FSU et Solidaires, qui ont appelé à « une première journée » de grève interprofessionnelle.
Aussi bien du côté de la direction de la RATP que du gouvernement, on s’attend à un mouvement exceptionnellement suivi et qui pourrait durer. Il va donc falloir déminer, tenter de calmer la colère ou, au moins, affaiblir la mobilisation qui s’annonce. S’il paraît certain que les discussions du 17 octobre n’arrêteront pas la grève programmée, Jean-Baptiste Djebbari va tenter d’ici là un échange direct avec les agents RATP. Selon une source proche du ministère des transports, le jeune secrétaire d’Etat animera à la mi-novembre, au siège parisien de la régie, un grand débat sur la réforme.
Depuis trois mois, Roland Marchal, spécialiste de l’Afrique de l’Est, est détenu en Iran, tout comme sa collègue et amie Fariba Adelkhah, anthropologue franco-iranienne.
Dans son ouvrage « L’Esprit malin du capitalisme », Pierre-Yves Gomez, professeur à l’EM Lyon, décrit les caractéristiques et les mécanismes assurant la croissance et l’innovation du capitalisme spéculatif, qui s’est illustré avec la financiarisation puis la digitalisation.
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Livre. Des bâtisseurs sans architecte sont appelés à construire un édifice. Mur après mur, ils dressent un labyrinthe dans lequel ils se perdent. Ils se fient à l’intuition qu’ils vont finir par découvrir un architecte invisible qui donnera sens à leurs efforts. Mais l’esprit insaisissable n’a pas plus qu’eux le plan des issues, il n’existe que les dédales sans fin du labyrinthe. « Telle est la manière dont on peut se figurer le système économique et social contemporain et le trouble qu’il produit. Criblés de dettes irrécouvrables, mais continuant de spéculer frénétiquement en prétendant qu’il n’y a pas d’autre alternative que de poursuivre un avenir évanescent qui pourrait seul les éteindre, nous pressentons que les dettes ne s’effaceront pas… sans que ne s’effacent aussi les endettés », analyse Pierre-Yves Gomez dans L’Esprit malin du capitalisme.
L’homme serait-il un être fondamentalement nuisible, qui a dévasté la planète et mérite ou bien de disparaître ou bien d’être régénéré par la technologie ? La question est sur toutes les lèvres, alors que les oiseaux disparaissent, et que le réchauffement climatique est inéluctable. Mais le professeur à l’école de management EM Lyon, où il dirige l’Institut français du gouvernement des entreprises, s’insurge contre cette « anthropologie de fin de repas ». « Trouver dans l’être humain des péchés constitutifs, c’est s’épargner la peine (ou le devoir) de critiquer la consommation, la production et les interactions dans le monde social concret dans lequel il vit ici et maintenant. »
C’est faire l’impasse sur le fonctionnement économique actuel de la société. Les êtres humains ne sont pas depuis toujours des « prédateurs imbéciles ». Ils le sont depuis peu de temps, et « parce qu’un système économique et social particulier les y encourage. Mais l’encouragement est doux, malin, apparemment sans exigences claires sinon celle de continuer à bâtir ce monde déraisonnable ». C’est ce système que le spécialiste du lien entre l’entreprise et la société appelle « capitalisme spéculatif ». Comment fonctionne-t-il ? Comment y contribuons-nous et y succombons-nous ?
L’ouvrage décrit les caractéristiques et les mécanismes assurant la croissance et l’innovation du capitalisme spéculatif, qui s’est illustré avec la financiarisation puis la digitalisation. Il en raconte les promesses, les réussites et les envoûtements. Et conduit à un dénouement démystifiant : financiers qui développent des fonds de placement éthiques ou socialement responsables ; tradeurs qui doutent de leur utilité et qui changent de vie ; salariés qui s’épaulent et maintiennent des solidarités de travail ; médecins qui trouvent des contournements pour continuer de soigner correctement, malgré la pression des chiffres ; consommateurs qui regardent leurs ordinateurs et leurs téléphones comme des outils quelconques, sans phobie ni fascination.
Au nom de l’« agilité », de nouveaux modes d’organisation du travail se diffusent dans les entreprises depuis les années 2000, recomposant les chaînes de décision, explique la journaliste du « Monde » Anne Rodier dans sa chronique.
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Chronique « Carnet de bureau ». Les manageurs français, débordés, stressés, démotivés, sont assez pessimistes sur l’avenir de leur fonction : « 38 % pensent qu’elle aura disparu d’ici cinq à dix ans », indique une étude du Boston Consulting Group, publiée fin septembre. Ils n’ont peut être pas complètement tort.
Au nom de l’« agilité », qui est au management ce que le numérique est à la technologie, de nouveaux modes d’organisation du travail se diffusent dans les entreprises depuis les années 2000, recomposant les chaînes de décision. « Big bang », « essaimage » ou « redéploiement par pôle », font voler en éclat l’organigramme d’hier, relate le Livre blanc des DRH édité au printemps par le cabinet de conseils Julhiet Sterwen, spécialisé en transformation des entreprises.
Le mode classique de gestion les entreprises « a atteint ses limites », affirmait dès 2014 l’auteur du best-seller Reinventing Organizations. Frédéric Laloux annonçait ni plus ni moins un changement d’ère dans la gouvernance et l’émergence d’une nouvelle façon de voir la collaboration : « Une organisation où des millions d’acteurs se coordonnent fonctionne mieux qu’une pyramide, disait-il. Mais ça nécessite qu’on réinvente l’ensemble des pratiques et des processus de décision. Il faut des structures, mais pas forcément des boss. »
Des strates de manageurs sont supprimées, jusque dans les entreprises les plus classiques du monde industriel. Saint-Gobain a ainsi repensé son organisation à l’occasion du déménagement du siège, programmé pour le 1er trimestre 2020 dans une nouvelle tour de la Défense. « Pour améliorer le management, pour que la circulation de l’information soit plus fluide, nous avons supprimé trois niveaux hiérarchiques en 2019. Nous incitons les salariés à travailler en groupe », explique Régis Bluegeon, le DRH France du groupe industriel.
Les salariés ne s’y retrouvent pas toujours : « 67 % des manageurs estiment que depuis deux ans le management a évolué vers des méthodes plus collaboratives, mais seuls 44 % des salariés partagent cet avis », indique l’Observatoire du management dans son baromètre annuel paru le 11 octobre.
Dans un monde professionnel où les repères se diluent, les cadres se forment aux neurosciences.
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Un homme a retroussé son pantalon, dévoilant de sobres chaussettes grises. Sa voisine a défait les lacets de sa chaussure, les laissant effleurer le sol. En face, un homme a enfilé sa veste, mais en partie seulement : une manche retombe inerte le long de sa chemise. Ils se dévisagent, curieux : en quelques secondes, chacun a dû changer six éléments dans son apparence, et ensuite repérer les modifications opérées par son binôme.
Le changement le plus flagrant, néanmoins, se lit sur leurs visages. Lorsqu’ils ont franchi le seuil de l’Institute of NeuroCognitivism (INC), logé dans un immeuble haussmannien du 9e arrondissement parisien, les huit inscrits à la séance découverte « Mon cerveau et moi. Comprendre et changer le comportement humain grâce aux neurosciences » affichaient une mine sérieuse, voire affectée. Les voilà souriants et décontractés.
« Vous êtes passés de la gouvernance émotionnelle à la gouvernance adaptative. Vous arrêtez d’anticiper, vous êtes dans le moment présent, vous n’êtes pas inhibés. Vous n’avez plus le stress du résultat, vous allez plus vite », détaille l’animatrice, Sabrina Lefébure. Trois heures durant, elle initie les dirigeants, spécialistes en RH et coachs, aux différents territoires cérébraux qui gouvernent les comportements. Après avoir investi le terrain de l’éducation, les sciences cognitives s’invitent désormais dans l’entreprise.
Dirigeant d’une société de transport de colis exprès qu’il a fondée en 1993, François-Xavier a poussé la porte de l’INC à la suite des plaintes de son fils de 25 ans, qui vient de rejoindre la structure familiale : « Il m’a dit que j’étais nul en intelligence émotionnelle. J’ai voulu me former, et j’ai été séduit par l’approche neuroscientifique, ça a l’air concret, c’est plutôt sécurisant pour quelqu’un de ma génération. »
Christophe Ferragne s’est, lui, intéressé à l’approche neurocognitive et comportementale grâce à une certification qualifiante organisée par l’Ecole nationale des ponts et chaussées. Le directeur adjoint chargé des collectivités et de la prospective au Syndicat intercommunal d’énergies du département de la Loire repart de la formation satisfait – il invitera tout son encadrement supérieur à suivre les mêmes cours – et armé d’outils concrets : « Lorsque je suis dans le couloir avant d’entrer dans la salle pour une réunion publique ou stratégique, pendant dix ou quinze secondes, je fais le blanc autour de moi. Je ferme les yeux, je me concentre sur les différents bruits qui m’entourent, et sur mes sensations. Cela me permet d’appréhender une situation complexe en toute sérénité. »
Jean-Emmanuel Ray, dans sa chronique, précise les conditions d’acceptabilité du droit de grève face aux bouleversements et à l’urgence climatique.
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Droit social. Dans de nombreux pays, de puissantes manifestations ont eu lieu le vendredi 20 septembre contre le dérèglement climatique (« Fridays For Future »). Elles risquent de se reproduire, toujours un vendredi… Mais pour des raisons très différentes, un arrêt de travail fondé sur ce seul motif sera considéré comme illicite dans la plupart des pays développés.
En France, « l’exercice normal du droit de grève » exige l’existence de revendications professionnelles. De nature politique, un mouvement exclusivement fondé sur le changement climatique n’est donc pas licite ; à moins que ses organisateurs y ajoutent des revendications sociales sur la qualité de vie au travail, le télétravail… Sinon, il s’agit d’un « mouvement illicite » susceptible d’entraîner pour ses participants les mêmes sanctions disciplinaires que pour un salarié absent sans motif dans les mêmes conditions, avec un éventuel licenciement en cas de récidive.
Seule exception : la très politique grève du 24 avril 1961 à la suite du putsch des généraux à Alger. Dans son arrêt du 16 juin 1963, la Cour de cassation n’avait pas évoqué le terme « grève », mais un « arrêt général de travail organisé par toutes les organisations syndicales en réponse à un appel du chef de l’Etat pour protester contre le mouvement insurrectionnel d’Alger ». Puisqu’il s’agissait d’un mouvement de civisme, l’employeur ne pouvait pas sanctionner un participant à cet « arrêt général » en forme de mobilisation des citoyens.
Cette « illicéité » de principe est la même dans la plupart des pays du monde, car la grève est un « conflit d’intérêts » qui oppose les syndicats au « partenaire social adéquat » : l’employeur susceptible de négocier leurs revendications. Alors une grève mondiale pour le climat…
Sans parler du fréquent « devoir de paix », lié à la signature d’un accord collectif, aux Etats-Unis, au Canada ou en Allemagne. Pendant toute sa durée, les syndicats ne peuvent valablement déclencher une grève : s’ils le font tout de même, l’employeur pourra les assigner en responsabilité contractuelle.
Mais le contentieux n’est ni le droit ni la vie. Dans nos sociétés qui font la part belle à la réputation, l’entreprise médiatisée licenciant ainsi un collaborateur aurait sans doute judiciairement raison, mais médiatiquement tort.