Audrey Hénocque : « Les lieux du pouvoir sont pensés pour des hommes valides, aidés bénévolement de leur femme »
![Audrey Hénocque, première adjointe au maire de Lyon, chargée des finances, de la culture et des grands événements, à Lyon, le 3 février 2025.](https://img.lemde.fr/2025/02/10/0/0/8256/5504/664/0/75/0/97ad892_sirius-fs-upload-1-tr0zxoiyrwz4-1739187465947-dsc-2734.jpg)
« Une femme aux finances, c’est rare – d’habitude, elles sont plutôt sur les crèches, l’éducation, le vivre-ensemble –, et une femme élue aux finances en situation de handicap, c’est encore plus rare », lance Violette Spillebout, députée du Nord (Renaissance), en évoquant Audrey Hénocque, première adjointe aux finances du maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet (EELV), et également chargée de la culture et des grands événements. En ce jour de janvier, dans une salle de réunion de la mairie du 7e arrondissement, Audrey Hénocque se souvient du jour de l’accident, quand elle avait 15 ans : « Quand la voiture s’est encastrée dans un arbre, j’ai eu le coup du lapin, et j’ai perdu l’usage de mes bras et jambes. » En fauteuil roulant depuis, la quadragénaire mène sa carrière tambour battant. Elle pilote le plan pluriannuel d’investissement (PPI) de la ville de Lyon, d’un montant de 1,3 milliard d’euros : « Ce PPI, dont 800 millions seront réalisés d’ici à 2026, cible en particulier la rénovation énergétique de bâtiments. Mes missions sont passionnantes mais complexes à tenir, à l’heure où l’Etat diminue les dotations aux collectivités pour combler la dette nationale. »
Fille d’une professeure des écoles et d’un ingénieur, Audrey Hénocque fait partie de la petite centaine d’élus en situation de handicap en France. « Quatre-vingt-dix pour-cent d’entre eux exercent au niveau municipal, les autres au rang départemental, régional, législatif et sénatorial. Au total, ils représentent moins de 1 % des quelque 500 000 élus du territoire français », avance le sociologue Cyril Desjeux, auteur de l’ouvrage Le Handicap au pouvoir (PUG, 2024). Sachant que 80 % des handicaps sont invisibles, ce chiffre s’appuie sur les handicaps identifiés dans la presse et visibles, comme les déficiences motrices, visuelles ou auditives.
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