Au Royaume-Uni, les professeurs de yoga se syndicalisent

Au Royaume-Uni, les professeurs de yoga se syndicalisent

Lors d’un cours de yoga, à Londres, le 25 juillet.

Les professeurs de yoga britanniques ont décidé de lutter contre l’extrême flexibilité. Jeudi 4 février, ils ont créé une branche au syndicat Independent Workers’Union of Great Britain (IGWG). Il s’agit d’une première au Royaume-Uni, et de seulement la seconde section syndicale de ce type au monde, après Unionize Yoga, à New York.

Pour la plupart au chômage technique à cause du Covid-19, mais ne bénéficiant pas du chômage partiel, faute de contrat de travail, les professeurs de yoga souffrent actuellement d’une forte précarité. Leur métier est symbolique du statut de ces nouveaux autoentrepreneurs, qui n’ont presque aucun filet social. Seuls 4 % d’entre eux sont officiellement des employés, selon une étude réalisée par cette nouvelle branche syndicale, et 19 % bénéficient d’un contrat écrit sous une forme ou une autre. En moyenne, 60 % d’entre eux gagnent moins de 11 euros de l’heure.

Laura Hancock, 38 ans, professeure de yoga à Oxford, dans le centre de l’Angleterre, qui préside cette nouvelle branche syndicale, a tenté, en 2018, de se rebeller contre le centre qui faisait appel à ses services. « Je n’avais pas de contrat, tout était fait à l’oral. A un moment donné, ils ne m’ont pas payé pendant sept semaines. Quand j’ai protesté, ils m’ont déclaré que ce n’était pas la peine de revenir. C’est là que je me suis dit qu’il fallait qu’on s’organise. »

Payés en bons d’achat

Simran Uppal a tenté de vivre du yoga, sa passion. « Je faisais des journées qui pouvaient durer jusqu’à seize heures, en comptant les déplacements. Mais cela me permettait à peine de payer mon loyer. » Après des mois à ce rythme, il a fini par craquer physiquement, ce qui lui a valu des mois d’interruption. « Quand on travaille pour une salle de sport, il faut préparer la pièce où on enseigne, essayer de recruter des élèves, ranger les équipements… Une heure de cours prend généralement deux heures, mais on est payé seulement une heure. » Dans le pire des cas, Mme Hancock évoque des professeurs de yoga payés en bons d’achat pour des vêtements de sport.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coronavirus : les microentrepreneurs touchés, mais pas totalement coulés

Depuis la pandémie de Covid-19, elle bénéficie de l’aide versée aux autoentrepreneurs, qui s’élève à 70 % des revenus moyens des trois années précédentes. Mais M. Uppal, 25 ans, n’y a pas droit, parce qu’il n’est pas à son compte depuis les trois ans requis. « On n’est pas des bonzes protégés par un ashram [un monastère indien] », s’insurge-t-il.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.